Tribune libre : Le sénateur Pierre Médevielle s’exprime sur les émeutes urbaines

L'analyse politique du sénateur Pierre Médevielle des émeutes violentes qui ont éclaté en France ces derniers jours.
L'analyse politique du sénateur Pierre Médevielle des émeutes violentes qui ont éclaté en France ces derniers jours.

Le sénateur de la Haute-Garonne, Pierre Médevielle livre, dans une tribune libre, son analyse de la situation au bout d’une semaine de manifestations violentes dans les villes de France, en réaction à la mort de Nahel tué par un policier lors d’un contrôle routier.

Pierre Medevielle : « Les émeutes inacceptables qui ont mis à sac des quartiers dans de très nombreuses villes de France pendant plusieurs nuits, ont pris le prétexte de ce drame désolant, la mort du jeune Nahel lors d’un contrôle routier. Toutes les exactions qui ont suivi n’ont rien à voir avec l’émotion légitime ressentie lors de ce fait tragique. Pillages organisés et relayés par les réseaux sociaux, destructions, voitures et bus brûlés, commerces dévastés, dégradations et incendies dans les bâtiments publics, mairies, écoles, mobiliers urbains, violences physiques sur les maires eux-mêmes, tout cela est inadmissible. Le bilan est très lourd, le montant des dégâts dépasse largement le milliard d’euros et qui va payer la note, majoritairement la collectivité. Ces épisodes déjà connus ont franchi un cap, où s’arrêtera l’escalade ?

On est en droit de se demander si l’intervention de l’armée, dont ce n’est pas bien sûr la mission première, ne serait pas dans ces cas-là un moyen efficace de soutien aux forces de l’ordre face au chaos.

Les politiques se doivent dans cette situation d’être responsables, dans un consensus de cohésion pour retrouver les chemins de la raison et rétablir l’ordre républicain. Or certains propos tenus à l’Assemblée Nationale me semble une réelle caution envers les émeutiers et les troubles qu’ils provoquent. Et ça ne s’améliore pas. Lundi matin 3 juillet, lors d’une rencontre organisée par la Première ministre Elisabeth Borne avec les présidents de groupes du Sénat et de l’Assemblée, Mathilde Panot* a quitté la salle après une intervention surréaliste qui nous a estomaqués.

Les raisons de ces débordements sont multiples, d’abord une politique de la ville qui depuis des décennies n’a pas trouvé la bonne solution. Malgré les sommes astronomiques injectées dans les banlieues, on n’a pas évité la ghettoïsation des quartiers. L’éducation nationale a failli à sa mission, il faut revoir notre copie à ce sujet et transformer profondément notre système éducatif. Pour revenir au respect. Il faut cadrer ces jeunes. Pourquoi pas, comme en Israël, avec un service militaire qui fasse sens, pour redonner le sentiment d’appartenance à une nation. Par ailleurs, responsabiliser davantage les parents est indispensable et je suis favorable dans ce cas à des sanctions pour les familles défaillantes, comme la suppression des allocations familiales.

Quant aux violences envers les maires, l’attaque de l’Hay-les-Roses est pour moi une tentative de meurtre. Là encore une réponse répressive beaucoup musclée s’impose, assortie d’un couvre-feu immédiat et du brouillage des réseaux sociaux. A mon sens, malgré la triste expérience de précédentes manifestations qui ont dégénéré, et malgré les moyens mis en œuvre, la riposte gouvernementale n’a pas été adéquate.

Il faut s’atteler aux grands chantiers de demain. Notre mouvement et les groupes apparentés, nous avons des lignes essentielles dans les programmes, la refonte du système éducatif, baisse de la dette publique, réforme du système hospitalier, réindustrialisation… En matière d’immigration, agir en fermant davantage les frontières de l’Europe. Rappelez-vous en 1980 Georges Marchais parlait d’immigration choisie, comme Nicolas Sarkozy trente ans plus tard et rien n’a été fait. On ne peut pas laisser les thèmes de l’immigration et de la sécurité au Rassemblement National. Traiter ces sujets n’induit pas une appartenance à ce mouvement.

Au sein de la police c’est le dégoût et l’écœurement, alimentés par le fait qu’une grande partie de la presse ne parle que de violences policières. Il va bien falloir un jour donner aux policiers les moyens de se défendre et d’étendre leurs droits pour se protéger eux et la population.

En septembre, le président fera vraisemblablement un point, il faudra qu’il annonce des mesures concrètes, on l’attend, parce qu’on n’est pas contents. On ne peut laisser la situation se dégrader davantage. »

 

 

*Présidente du groupe LFI à l’Assemblée Nationale.

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