Carole Delga, présidente de la Région Occitanie, a présenté jeudi 13 novembre à l’occasion d’une conférence de presse, les contours de l’ambition « Occitanie Résiliente » et ses deux premières déclinaisons, la préservation de la biodiversité et la réindustrialisation des territoires, votées vendredi 14 novembre à l’occasion de l’Assemblée plénière régionale.
« Avec Occitanie Résiliente, je porte une conviction simple : la résilience, ce n’est pas seulement tenir face aux nombreux bouleversements auxquels nous devons aujourd’hui faire face, c’est transformer chaque épreuve en élan.
Je crois à un modèle qui concilie écologie, souveraineté et justice sociale. Je crois à une méthode fondée sur la coopération, l’humilité et la confiance. Et je le dis avec force : on ne construit pas la résilience avec moins de moyens et plus de normes. Je demande ainsi à l’État un nouvel acte de décentralisation, des ressources adaptées, moins de normes et plus de liberté d’expérimenter. J’attends de l’Europe une vraie solidarité territoriale : soutenir l’eau, l’énergie, l’agriculture durable, l’emploi, et de ne pas ajouter aux lourdeurs administratives françaises celles de l’Union européenne.
L’Occitanie ne subit pas. Elle agit, elle innove, elle protège. Et elle continuera de construire l’avenir, debout et solidaire. »
- En se dotant de ce plan d’actions sans précédent, la Région entend faire reconnaître les spécificités de son territoire, en 1er lieu face aux sécheresses et aux incendies, et en appelle à une indispensable solidarité nationale et européenne. Au regard du caractère historique des défis à relever, et des moyens à mettre en œuvre pour y parvenir, elle demande à l’État et à l’Union européenne un renforcement de ses capacités d’action.
L’Occitanie doit en effet aujourd’hui faire face à des défis majeurs. Car, à l’image de l’Europe et de la France, elle connait des bouleversements profonds et la simultanéité accentue les effets.
- Le dérèglement climatique, qui touche au premier plan l’Occitanie avec l’aridification du climat régional.
- La situation géopolitique et l’incertitude politique, qui conduisent à une insécurisation.
- La remise en cause des principes démocratiques et des valeurs républicaines, avec la montée des populismes en France, en Europe et dans le monde.
- La situation budgétaire de la France et les décisions de l’État qui impactent les marges de manœuvre de la Région et des autres collectivités depuis plus de trois ans.
- L’Occitanie connaît une triple spécificité :
- région française la plus exposée aux risques climatiques : 277 M€ /an de dommages assurés liés au réchauffement climatique
en Occitanie (source :rapport CRC) - région la plus dynamique au niveau démographique : l’Occitanie doit accueillir chaque année 45 000 nouveaux habitants
- région la plus enclavée : 60% de la population française à plus de 4 heures de Paris en train réside en Occitanie.
Des atouts à préserver :
- Une attractivité croissante : avec 45 000 nouveaux habitants accueillis chaque année, l’Occitanie est la région la plus dynamique
de l’hexagone depuis près de 50 ans. (source DRETTS) - Un leadership agricole national : 1ère région en nombre d’exploitations agricoles (15 % du total national), avec un taux d’installation le plus élevé de France, l’Occitanie est la 1ère Région de France à avoir créé une foncière agricole. Elle
est également la 1ère région bio de France (plus de 20 % des surfaces). - Une économie qui progresse : malgré un contexte et une situation internationale qui impacte directement les entreprises locales,
l’Occitanie résiste à la désindustrialisation avec une augmentation de 8 % de l’emploi industriel entre 2015 et 2023. En 2024, elle se classe au 3ème rang des régions françaises dans l’ouverture nette d’usines (12). Elle est également la 1ère région en euros investis par habitant dans l’industrie, l’agriculture, le tourisme et la R&D - Un rôle pilote dans la transition écologique et énergétique : la Région développe un mix énergétique décarboné qui s’appuie sur des innovations à l’échelle nationale, telle que le Plan Hydrogène vert doté de 150 M€, le développement de la filière de l’éolien flottant, avec plus de 360 M€ investis sur le port de Port la Nouvelle et la mise en service prochaine de deux fermes éoliennes flottantes. Ce mix repose aussi sur un soutien à l’écosystème de l’énergie nucléaire présent en région, à Golfech (82) et Marcoule (30).
- Climatiques et environnementales : avec un réchauffement attendu supérieur à la moyenne mondiale à +2,8 degrés d’ici 2050
pour les territoires méditerranéens et des catastrophes naturelles qui se multiplient à l’image du méga feu qui a touché l’Aude cet
été. Mais aussi une raréfaction de la ressource en eau qui s’accroit avec un déficit annuel de 200 millions de m³ en Occitanie, pouvant atteindre 1,2 milliard de m³ d’ici 2050 - Économiques et agricoles : parmi les secteurs les plus touchés, l’agriculture et le tourisme, tous deux très exposés aux aléas climatiques. Représentant 10 % du PIB régional et 125 000 emplois, le secteur touristique compte ¾ de ses hébergements sur des territoires exposés à des canicules fréquentes et à la pression de l’eau. L’agriculture, 1ère filière en terme d’emplois, doit quant à elle également faire face à un stress hydrique croissant entraînant la nécessité de créer et restaurer des ouvrages hydrauliques sur l’ensemble du territoire régional
- Sociales et territoriales : l’Occitanie présente, depuis 50 ans, un taux de pauvreté de 17,5 % (2,6 points au-dessus de la moyenne nationale) et un taux de chômage de 8,8 %. La région présente également de fortes inégalités dans l’accès aux services publics ou aux transports : plus de 30 % des habitants vivent ainsi dans une commune classée comme à faible accessibilité aux services
selon l’Observatoire des territoires. À cela s’ajoute des inégalités territoriales avec près de 20 % de personnes pauvres vivant déjà dans des territoires à risque climatique - Démographiques : la région doit produire 29 000 logements par an d’ici 2050 pour répondre à la demande. Fin 2024, 210 000 ménages attendaient un logement social, contre seulement 9 443 logements sociaux neufs financés la même année. Elle doit dans le même temps créer 25 000 nouveaux emplois chaque année pour que le taux de chômage n’augmente pas.



