Aurignac : Les représentions du corps en Préhistoire, un captivant colloque scientifique

Le colloque scientifique autour de la Vénus de Lespugue et des représentations du corps en Préhistoire a donné la parole à de nombreux intervenants. (Nathalie Rouquerol)
Le colloque scientifique autour de la Vénus de Lespugue et des représentations du corps en Préhistoire a donné la parole à de nombreux intervenants. (Nathalie Rouquerol)

Pendant deux jours, mercredi 31 mai et jeudi 1er juin, un aréopage de scientifiques pluridisciplinaires s’est réuni à Aurignac, sous l’égide du Musée de l’Aurignacien. En lien avec le centenaire de la découverte de la Vénus de Lespugue, un colloque captivant a été organisé autour des représentations du corps en Préhistoire. Les deux après-midis furent réservées à des excursions strictement professionnelles aux grottes de Gargas et au préhistosite de Brassempouy.

Véritable espace de réflexion, d’échanges, de transmission des connaissances, le colloque a développé trois axes thématiques le premier matin, à partir du cas de la Vénus de Lespugue. Ont été mis en perspectives les conditions de découverte des statuettes des divers sites connus, les contextes archéologiques et historiques anciens. Les interprétations et constructions intellectuelles suscitées à l’époque ont été revues à la lumière des avancées et des études contemporaines, bien que d’intarissables questionnement demeurent. Que nous disent elles, ces vénus, de la société préhistorique, de la place de l’homme, de la femme, de l’enfant, des pathologies, des activités, du contexte socio-culturel, cultuel, etc… En point d’orgue, les films La Vénus de Lespugue, joconde de la Préhistoire, et un extrait des Gestes de la Préhistoire.

En entrée en matière le second jour, l’art s’est invité au cœur de la réflexion, avec la projection de courts-métrages sur la reproduction à l’identique de statuettes anthropomorphes, telle que la maîtrise Serge Maury, préhistorien spécialisé dans les techniques, les matières et les savoir-faire des statuaires. La reconstitution faciale a fait l’objet d’une conférence passionnante de Patricia Coste, doctorante à la Sorbonne, suivie de l’intervention de G. Tosello, chercheur et illustrateur. Délicat équilibre entre la réalité préhistorique et la vision artistique fantasmée. Souvent les interprétations, anciennes ou pas, s’avèrent chargées de préjugés, de paternalisme et parfois de racisme, émanations d’un paradigme esthétique qui peut s’avérer piégeux. Parmi les intervenants, on comptait Nathalie Fourment, conservatrice générale du patrimoine, directrice du Musée national de Préhistoire des Eyzies de Tayac et Catherine Crétin, conservatrice en chef du patrimoine attachée au même musée.

Nathalie Rouqueyrol, spécialiste de la Préhistoire, historienne et auteur d’ouvrage sur la Vénus de Lespugue, a évoqué en fin de session, la nécessité d’une collaboration étroite entre les préhistoriens, les historiens de l’art, les restaurateurs et les artistes. « A la froide analyse positiviste, ajoutons le regard sensible, le regard des sens. » Et de conclure, citant Rémi Labrusse historien d’art et professeur universitaire : « Car la Dame de Lespugue, comme toute grande œuvre, est occupée à rien d’autre qu’à exhausser le socle incandescent qui nous constitue en tant que vivants. »

Deux jours si riches et si denses que les résumer est une gageure.

NB : Le colloque était dirigé par un comité scientifique composé de Sébastien Marzin directeur du musée de l’Aurignacien et Cendrine Beraud, Amélie Vialet et Roland Nespoulet du Musée National d’Histoire Naturelle de Paris, Camille Bourdier Université Jean-Jaurès de Toulouse-laboratoire TRACES, Nejma Goutas UMR TEMPS (Unité Mixte de recherche, technologie, ethnologie des mondes préhistoriques), Laurent Klaric idem, Olivier Touzé, idem, Gwendoline Tortera, idem.

https://www.musee-aurignacien.com/

Mots-clés :

Articles en relation :