Tribune libre : L’urgence sanitaire et sociale dans les territoires, par Julien Chainet, médecin généraliste

Julien Chainet, médecin généraliste en milieu rural, élu, alerte sur la situation du système de santé dans les territoires du Comminges.
Julien Chainet, médecin généraliste en milieu rural, élu, alerte sur la situation du système de santé dans les territoires du Comminges.

Julien Chainet, médecin généraliste en milieu rural, maître de stage, maire de Montgaillard-sur-Save, impliqué dans des structures médico-sociales et associatives, livre son point de vue sur la situation alarmante du système de santé dans le Comminges.

« L’urgence sanitaire et sociale est au cœur de nos préoccupations territoriales devant la défection, l’épuisement des soignants, la suppression de lits hospitaliers, le désinvestissement des médecins libéraux, l’absence de relève, la précarité grandissante des plus fragiles et isolés. Sans compter un plan SÉGUR* sans aucune vision, même à court terme. La pandémie n’a pas mis à genoux notre système de santé, elle en a révélé ses faillites organisées depuis des décennies.

La distanciation sociale a fini de détruire le tissu humain solidaire qui lie bénéficiaires et soignants, portée par les négligences coupables des services de l’État et le saupoudrage des collectivités. Les habitants du Comminges, et au-delà, souffrent d’une insécurité due à l’immense difficulté d’une prise en charge rapide, efficace et de qualité. Bien plus que dans le nord de la Haute-Garonne. Ce ressenti se renforce inéluctablement, l’angoisse ne cesse de croître dans un constat quotidien de ce sentiment intime de dégradation palpable. Aborder la fin de vie reste méconnu ou ignoré…

Quant aux plus isolés et fragiles, leurs aidants disent leur exclusion faute à une gestion territoriale qui ne les entend plus, qui exclut par des paroles grossières certains d’entre nous.

La santé mentale, déjà très malmenée, souffre, en ces temps de pandémie, d’une absence totale de moyens pourtant plus que jamais indispensables. La santé aux deux extrêmes de la vie, celle de la femme, des LGBT*, est tout autant dégradée.

Les conditions de travail dans les établissements de soins, qu’elles concernent les bénéficiaires comme les agents, qu’elles soient humaines ou financières, s’enfoncent dans le gouffre d’une gestion purement technocratique et comptable.

Le constat est implacable : la fuite des jeunes, engagés dans le soin, écœurés, est effarante pour des projets de vie épanouissants, totalement éloignés de l’aide à la personne.

L’accès aux soins promet de s’effondrer rapidement en parallèle à la disparition, au désinvestissement des médecins libéraux, loin de la notion de service public qui nous incombe, et à l’épuisement de tous les professionnels de santé. L’accès aux médecins spécialistes et à certains paramédicaux relève du parcours du combattant.

Quant aux jeunes étudiants en santé, seuls quelques projets morcelés peinent à voir le jour pour les attirer, les accueillir et les retenir sur notre territoire.

Je remercie pour leur participation le Syndicat Inter Communal d’Action Sociale en Milieu Rural (SICASMIR) et l’ASTCBVA (Association Santé Territoire Comminges Barousse Val d’Aran) qui redonnent visibilité et espoir. »

* Ségur de la Santé, accords signés en 2020 entre le gouvernement et les acteurs du système de santé (son nom vient de la rue où siège le Ministère de la Santé à Paris).

*LGBT : Lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres.

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