« CARNAVAL » conférence par Serge Brunet, invité par Les Amis de l’Eglise de Cazaux

Eglise de Cazeaux de Larbouste : Serge Brunet et Alain Dhaëne
Eglise de Cazeaux de Larboust : Serge Brunet conférencier et Alain Dhaëne Ass "Les Amis de l'Eglise de Cazeaux de Larboust"

Serge Brunet,

- Agrégé d'histoire, membre honoraire de l'Institut Universitaire de France, professeur à l'Université Paul-Valéry Montpellier III.
  • Conférence sur le thème du CARNAVAL 1880/1950 dans les vallées de Luchon. Organisée par « Les Amis de l’Eglise de Cazeaux. » Cet après-midi de dimanche 24 Avril 2022. La très belle Eglise de Cazeaux de Larboust, put accueillir les nombreux soutiens à cette association, et les passionnés de cette culture gasconne et montagnarde.

Serge Brunet, nous rappelle : « qu’il s’agit d’une fête collective, où s’affirme un monde paysan qui « joue » le renouveau de la nature, riche en enseignements sur la vision populaire du monde. On y voit apparaître l’expression d’une géographie populaire et, en même temps, une représentation de la société villageoise, surtout de la jeunesse qui est l’élément moteur dans cette fête. »

« Le temps de carnaval est le moment d’une « renaissance » éminemment perceptible pour les montagnards. C’est tout d’abord le renouveau de la nature. Appelant la prochaine libération des neiges hivernales, les jeunes entreprennent « la Ronde », un mois avant mardi-gras. Elle permet de « retisser » une sociabilité au sein de ces montagnes qui viennent de vivre un hiver d’isolement « Masques » est le terme générique employé, pour désigner ces bandes nocturnes de jeunes qui hantent alors les villages, apportant danses et joies dans les maisons. Chacun rivalise d’ingéniosité pour conserver l’anonymat, se fond dans la folle bande, et légitime ainsi son action. »

« Le visage est caché, parfois par une cagoule de peau de lapin. »

Dans une chanson locale (Cazarilh-Laspènes), un garçon « tourne » autour des filles du village… Ce jeune rôdeur est appelé « gat arrodao » c’est-à-dire « chat qui rôde ». L’accueil qui est fait aux Masques dans les maisons est toujours très chaleureux, leur visite est ressentie comme un honneur rendu aux habitants. « Je suis content que vous veniez nous voir « . Cependant lorsqu’ils rôdent à travers les rues, les Masques effraient, ils miment l’hostilité. Ils errent comme des fantômes et avant qu’ils ne pénètrent dans la maison, se déroule une sorte de combat. Cette « persécution » peut continuer pendant les quelques instants qui précèdent leur passage du seuil, puis elle cesse autour de la table. La hantise des Masques. Ce combat rituel est explicitement joué par les Masques, à l’extérieur, ainsi que par les habitants de la maison. D’abord, ces derniers s’inquiètent, surtout les filles qui fuient, se réfugient chez elles si elles sont dehors et ferment rituellement la porte elles refusent l’entrée aux Masques. Puis, dans un second temps, on lève l’interdit: les sauvages passent le seuil et sont accueillis avec satisfaction, car en fait tout était préparé pour leur visite pescajouscrêpes – vin, soupes et autres mets.

« La Jeunesse chasse les travailleursParodie religieuse ? Non. Mais de même que l‘Eglise interdisait de travailler afin de respecter ses fêtes et d’y participer, la Jeunesse interdit tout travail durant le jour sacré du mardi-gras. L’arrivée du printemps engage certains à entreprendre de menus travaux, mais la Jeunesse veille à ce que
lon respecte « sa » fête. Les personnes qui risquaient de se faire prendre agissaient souvent pour défier la Jeunesse, pour animer le jeu, c’était : « quelqu’un qui…s’amusait à travailler ». Les premiers parmi eux étaient ces « vieux célibataires« , toujours prêts à s’amuser avec les jeunes du village. »

La « bentadèra« . 

Simin Palay définit le terme « benta » dans une acception commune en Luchonnais : « Venter, faire du vent, ventiler, vanner  le grain soit à la main, soit au ventilateur, au figuré : secouer comme dans l’expression populaire secouer les puces, ne pas laisser tranquille ». A Jurvielle, la « bentadèro » consiste seulement à balancer les filles
dans une « bourraça » (toile grossière » servant à couvrila paire de bœufs ou de vaches). Ce rite se présente sans équivoque comme une fécondation symbolique. Le balancement en lui-même a déjà un rôle fertilisateur. L’adjectif « bentadè, -re », signifie « venteux, –euse, exposé au ventlieu où il vente : propre à être  vanné, en parlant du grain ». Le mot est proche d’un autre vocable gascon « bente » : le ventre, l’abdomen, celui qui est gonflé par les vents et les nourritures carnavalesques.

Les lieux de l‘exécution.

« Si le jugement est généralement rendu sur la place publique, ou en tout autre lieu habituel de réunion du village,
le condamné Carnaval est brûlé ailleurs. Ces lieux sont très importants dans la topographie du village. 
Le fait que le bûcher de carnaval, comme ceux de la Saint-Jean ou de la Saint-Pierre, soit écarté du village, recouvre une réalité matérielle : le danger du feu. On a souvent minimisé cette explication rationnelle dans la localisation des feux rituels, or les villages étaient naguère recouverts de paille et très inflammables. Il faut remarquer que les feux de carnaval ne se font pas au même endroit que ceux de la Saint-Jean. Ils restent plus proches du village que ces derniers. »

Pour soutenir l’Association vous pouvez rejoindre « Les Amis de l’Eglise de Cazeaux de Larboust » 

Contact : Alain DHAENE – 06 49 98 26 27 –

FB Les Amis de l’Eglise de Cazeaux

 

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