La bataille du Covid ne se remportera pas par la force

Nous donnons à votre lecture la lettre de Nadine, adressée à la Préfète de l’Ariège. Paru sur le site Web du Journal CHARLIE HEBDO.fr charliehebdo.fr/

Logique sanitaire, logique policière :
L’article de Guillaume Erner sur l’interdiction des promenades en forêt a fait écho à une petite mésaventure qui m’est arrivé. Ci-dessous le courrier que j’ai adressé à la Préfète de l’Ariège (je ne peux plus aller en montagne, alors j’ai le temps d’écrire…).

Madame la Préfète,
Après une semaine de travail dans le service des Urgences, et avant une nouvelle semaine au même endroit, j’ai eu besoin de prendre un peu l’air avec mes enfants. Ayant côtoyé des patients atteints du Covid, il m’a paru plus prudent de mettre un peu de distance entre nous et les autres habitants de Saint-Girons où nous résidons. Je me suis donc rendu en voiture dans un pré à proximité de Saint-Girons où l’on croise rarement des gens. Logique sanitaire.

Mal m’en a pris, car un gendarme de la brigade de Castillon-en-Couserans m’a verbalisé, puisque je me trouvais à plus d’1 km de mon domicile. Mes tentatives d’explications se sont heurtées à une fin de non-recevoir (lors des rares instants où il acceptait d’écouter les raisons de mon choix). Logique policière.
Mes enfants et moi-même avons donc obéi à ses injonctions, et nous sommes allés nous promener dans un rayon d’1 km autour de chez nous. Nous avons croisé exactement 19 piétons et 3 cyclistes (en ne comptant que les gens rencontrés du côté de la rue où nous étions)… Logique… ?
J’ai comme tout le monde à cœur d’éviter la propagation du Covid. La distanciation sociale est une mesure essentielle.

Le confinement n’a de sens que parce qu’il permet cette distanciation sociale.

Mais lorsque l’injonction de la force publique, et en l’occurrence une verbalisation d’un montant non négligeable, a pour conséquence de réduire ces efforts de distanciation sociale, cela devient incohérent.
La loi ne peut pas être à géométrie variable mais son application peut se faire avec discernement.
Mon interrogation, Madame la Préfète, est donc la suivante : lors de notre prochaine promenade familiale, essentielle à maintenir notre équilibre physique et psychique, dois-je privilégier une logique policière qui va réduire mécaniquement la distanciation sociale, ou dois-je suivre une logique sanitaire qui risque de m’exposer à une nouvelle verbalisation (qui si je l’ai bien compris, aura un montant majoré) ?
Je me trompe peut-être, mais il me semble que la bataille contre le Covid ne se remportera pas par la force ou par la coercition, mais par l’intelligence et l’adhésion » (…).
Un député de la majorité présidentielle a récemment déclaré : « en Allemagne, ils distribuent des masques. En France, nous distribuons des amendes ». Le taux de mortalité lié au Covid-19 est de 0,3% en Allemagne, contre 3,6% en France (Le Monde du 23 mars)…
Étienne F. (un quand même privilégié d’habiter à la campagne).

Privée de prime
L’hôpital où je travaille comporte un EHPAD de 288 places. J’ai appris hier que la prime mise en place par le gouvernement, appelée « prime grand âge », d’un montant de 100€ mensuels nets ne concerne que les aides-soignants et non les agents de service hospitaliers (ASH) alors que ces derniers remplissent quasiment les mêmes missions que leurs collègues.
Cette discrimination est source de démotivation et de conflits au sein des équipes. Ce qui est particulièrement préjudiciable en cette période de pandémie où le quotidien des résidents est très perturbé par les mesures de confinement.

Nadine M., psychologue du travail

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