Fermeture des Gorges de la Save : L’argumentaire du Conseil Départemental battu en brèche

Une réunion publique du Collectif de sauvegarde des Gorges de la Save, très suivie malgré la canicule.
Une réunion publique du Collectif de sauvegarde des Gorges de la Save, très suivie malgré la canicule.

Malgré la touffeur caniculaire du lundi soir 30 juin à Boulogne, la salle polyvalente était comble à l’appel du Collectif de Sauvegarde des Gorges de la Save. Présidé par la préhistorienne Nathalie Rouquerol, soutenu par un grand élan populaire et rejoint par de nombreux élus locaux, le Collectif œuvre à la réouverture du site, préalablement fermé le 26 juillet 24 par le Conseil Départemental, en raison de potentielles chutes de pierres. Rappelons qu’à partir de 2018 les gorges ont été fermées d’abord aux véhicules puis aux piétons, avant d’être obturé par la pose de blocs de béton (côté Lespugue) et d’une grille (côté Montmaurin) aux extrémités de la portion de route qui longe la Save sur 3,4 km.

A la table des intervenants, aux côtés de Nathalie Rouquerol, siégeaient le maire de Boulogne, Alain Boubée hôte de la réunion, les conseillers départementaux d’opposition Céline Laurenties et Jean-Yves Duclos, le conseiller municipal Lespuguais Roland Sabathé, le géologue cordiste David Rimailho, et l’expert en gestion des risques naturels Valentin Le Bidan. Jean-François Foix, absent pour raison de santé, a rappelé par la voix de son conseiller Thierry Dot, l’engagement de sa commune en faveur de la réouverture du site. Mme Magali Gasto-Oustric présidente de la Communauté de Communes Cœur et Coteaux du Comminges (5C) était retenue par ses obligations officielles.

L’expert Valentin Le Bidan, géologue spécialiste des aléas naturels en montagne, missionné par le Collectif, a exposé son analyse des études menées par le Conseil Départemental.

  • Trois rapports d’études géotechniques ont été rendus en 2006 (par le CETE cabinet public), en 2014 (IMS RN privé), et en 2023 (GINGER privé), exposant le niveau de risque de certains zonages du site. Le 1er indique une vulnérabilité forte de la route en risque élevé sur un peu plus d’un km, les 2ème et 3ème l’évaluent modérée sur 812 mètres. L’expert observe que les deux derniers rapports sont identiques, ce qui est une aberration en matière d’expertise géologique. Il s’agirait donc d’un « copié-collé », l’expert signalant au passage que le cabinet Ginger a racheté l’IMS RN peu de temps auparavant.
  • Par ailleurs, en appliquant le filtre des recommandations gouvernementales en la matière, Mr Le Bidan a déterminé que la vulnérabilité de la route retombait à 13% du linéaire sur 4 zones à risques, au lieu de 50% et 35% sur plus de 10 zones selon les trois autres cabinets. 
  • Quant au coût, le cabinet CETE estimait les travaux à 190 000 € (base 2025), l’IMS RN à 340 000 € (base 2025), et Ginger à 1 650 000 € (base 2025). A l’issue du même travail d’analyse, l’expert constate qu’il n’y a aucune aggravation des risques, « on est même sur un allègement relatif selon le barème des recommandations officielles. » Le coût global des travaux déterminé par l’expert se monte à seulement 260 000 € (0,5 % du budget annuel routes du CD 31). Pour être clair, le prix du mètre linéaire est de 870 € pour 300 m, au lieu de 890€ pour 1 851 m comme indiqué par Ginger. 

Pour comprendre la situation de blocage qui alimente le sentiment d’injustice et d’incompréhension de la population, il faut adopter l’optique du Conseil Départemental 31.

  • Gestionnaire des routes, il a une obligation d’entretien normal. En cas de litige avec un usager, c’est à lui d’en faire la preuve pour s’exonérer de sa responsabilité pour faute et ne pas être condamné.
  • Si le Département intervient sur des falaises dont il n’a pas la propriété pour sécuriser la route, il y a « transfert de garde » et donc de responsabilité.

Ces deux cas de figure expliquent, selon l’expert, le statu quo maintenu par le CD 31.

Lors du Copil du 29 novembre 24, le CD 31 affirme qu’il ne peut pas intervenir sur les falaises ne lui appartenant pas, or « c’est faux » contredit l’expert. Il est possible d’établir une servitude de droit privé, en signant une convention, les pouvoirs publics se substituant aux propriétaires pour agir dans l’intérêt général.

Enfin, les panneaux Risque imminent de chutes de pierres, aux extrémités du site n’ont pas lieu d’être, aucun rapport d’étude ne mentionnant un risque imminent. « Mais ils permettent, précise l’expert, de maintenir la route fermée. »

Le président du Département Sébastien Vincini, la vice-présidente 5C Maryse Vezat-Baronia, la Présidente de Région Carole Delga, interrogés à Luchon par le Collectif, ont assuré faire « le maximum ». A l’issue de cette réunion instructive, le Collectif Sauvegarde des Gorges de la Save espère une solution raisonnable à cette affaire, « afin de rendre au public l’usage de ce site exceptionnel, havre familial, fleuron environnemental, patrimonial et touristique du Comminges ».

 

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