Quand l’humour s’invite à la Communauté de Commune Cagire Garonne Salat – 19 juin
Le noyau dur des opposants à la construction de l’usine Cimaj du Cap d’Arbon étaient présent à l’entrée de l’établissement dans le mode d’une parodie déguisée de cérémonie funèbre : l’enterrement du PNR (Parce Naturel Régional). Un pseudo cercueil et les figures des occupants naturels de la forêt illustraient les prétendus occupant du cercueil en question. Un couple de musiciens interprétait pour la circonstance au violon une musique de circonstance en exécutant un extrait avec talent d’une sonate de Frantz Schubert. Chaque personne de l’assistance présentait ses condoléances sous forme de tract transmis aux maires entrant à la réunion communautaire programmée ce jour là.
Le bâtiment de l’usine Cimaj est presque terminé. Qu’en disent les acteurs de cette cérémonie factice ?
Petite République : l’affaire est close, la construction de l’usine est presque achevée. Quel est le sens de votre action ?
Marion : « Mais pas du tout ! Ce n’est pas fini ! L’action juridique est en cours. Le mouvement pour la protection des forêts des Pyrénées prend de l’ampleur et cette usine est incompatible avec le PNR. Nous attendons l’avis du Ministère de l’Environnement sur le PNR. Quelle qu’en soit la décision, nous ne lâcherons pas ! ».
PR : Quel est le sens de votre mise en scène, alors que la majorité des élus semblent acquis à la cause de l’usine ?
Françoise : « Nous dénonçons l’aberration de cette usine au milieu du futur PNR. L’Enquête publique invalide le projet de PNR. Ça nous interpelle sur le bien-fondé de notre indignation. Le permis de construire pour cette usine a été donné en 2024, alors que le PNR était en cours d’élaboration. On ne comprend pas ».
PR : Le projet Cimaj dit se distinguer de l’exploitation forestière sans éthique avec la sylviculture douce, nous sommes pourtant dans le cadre de la Transition énergétique ?
Emmanuelle : « Le PNR a été invalidé au terme de l’Enquête publique à cause, entre autres, de l’usine Cimaj. On ne sait pas où nous allons en terme d’exploitation forestière. Il y a plus d’une vingtaine de projets qui menacent la forêt pyrénéenne. Il n’y a pas que l’usine Cimaj, c’est aussi une contestation globale de ces projets de prédation de la forêt. C’est aussi une menace sur tout le trajet de cette prédation industrielle, avec la conséquence des aménagements routiers, la menace sur les platanes, etc. Qui va financer l’aménagement routier ? Cette usine s’est construite sur le dos des citoyens. Les élus ne nous écoutent pas ».
PR : Vous êtes aux premières loges et le voisinage de l’usine, la municipalité a dû vous prévenir ?
Lucie : « Cette usine est en contradiction avec la vocation du PNR. Elle ne doit pas entrer en activité sur notre commune. La seule réunion d’information à Estadens a été demandée par le collectif une semaine avant le démarrage des travaux. Nous avons vraiment été pris au dépourvu par ce projet d’usine. L’information nous est parvenue par l’application « panneau Pocket » de la mairie. Les actions juridiques sont en cours. On a tout lieu d’espérer que ça mettra fin au chantier, que l’entreprise ne démarrera pas comme prévu. Nous avons espoir. On ne lâche pas ! ».
PR : La Présidente de Région vous a bien dit que l’enquête publique n’avait pas de valeur juridique. Les élus ont bien voté pour ce projet ?
Ute : « Cette charte n’est que consultative, ce n’est qu’un avis. Politiquement parlant, c’est un signal très fort qui a été lancé aux politiques de nos territoires. Cette commission d’enquête a pu mettre en valeur les contradictions de ce site industriel au cœur même du PNR. On aimerait que nos élus s’expriment clairement. Le collectif a envoyé plusieurs lettres, plusieurs messages, avec très peu de retours. Notre petite mise en scène aujourd’hui visait précisément à encourager les maires à prendre la parole, de sortir de leur isolement et se rapprocher des citoyens. Nous savons que parmi les élus il y a des discussions. Les convictions ne sont pas aussi tranchées qu’il y parait. C’est important pour la Démocratie locale que les élus prennent en compte les opinions et qu’ils aient la parole un peu libérée ».
PR : La forêt est une ressource. Il y a tout de même un principe de réalité économique ?
Jyëm : « On assiste en ce moment à plusieurs attaques de l’environnement, comme par exemple en Ariège avec la réhabilitation d’une ancienne mine près du village de Salau où un collectif d’opposition s’est constitué. D’autres projets existent ailleurs et l’on assiste à une industrialisation des Pyrénées. La forêt est considérée comme une ressource. On perçoit que nos élus locaux comme à Estadens n’ont pas vraiment réfléchi aux implications de cette industrialisation, mais sont simplement dans le consentement, dans la tendance idéologique du moment. »