Rieux Volvestre : Le papogay ne voulait pas mourir

Vive le Roi
Vive le Roi

Il était difficile d’accéder à Rieux au vu des files de voitures garées de part et d’autre des chaussées ; Une foule immense bien canalisée par la gendarmerie dans un esprit bon enfant. Ceux qui avaient décidé de venir voir les festivités moyenâgeuses du Papogay n’allaient pas être déçus.

C’est dans la fébrilité, la volonté d’être à la hauteur de la tâche que le défilé du papogay s’élance. Tout au long du parcours une foule immense s’émerveille au vu des costumes chatoyants, des musiques ancestrales et des tambours qui résonnent dans tout le corps. On entend au passage du char des « Vive le Roi » adressé à celui qui a été désigné en 2023. Un magnifique défilé.

Tout un village plongé dans le respect de la tradition et qui perpétue en communion un cérémonial vieux de plusieurs siècles. En parlant de communion que l’on soit croyant ou non croyant, dans un pur esprit de laïcité, la messe en occitan qui avait lieu le matin était une pure merveille. Au delà du côté religieux réservé aux croyants, il y avait un rituel et des symboles tout en partage qui ne peuvent qu’émouvoir et nous faire oublier l’absurde monde dans lequel on vit.

Un dur combat pour nos archers

Après avoir rendu hommage aux archers décédés au cours de l’année, tête nue et béret serré contre le coeur, les valeureux guerriers voulaient en découdre et regardaient ce papogay qui les défiait à 45 mètres de hauteur bien fixé sur son mat. La tension était palpable et le silence régnait sur les colonnes. Après la traditionnelle première flèche tirée par madame le Maire et le roi qui allait céder sa couronne dans quelques heures, c’est une volée de flèches qui s’envolèrent vers un ciel encore bleu. Des bruits d’impact indiquaient que certaines atteignaient leurs cibles pour faire tomber ce papogay décidément bien orgueilleux.

Mais l’oiseau de fer et de bois ne voulait rien entendre et résistait coûte que coûte. Les minutes, les heures passaient et il était toujours là. A cause du vent et des flèches qui retombaient, 8 archers ont été blessés dont 2 durent être transportés aux urgences pour des points de suture. La fatigue se faisait sentir mais poussés par cet immense honneur d’être roi, les archers continuaient le combat.

A bout de force le papogay accepta de mourir et choisit son roi

Aux impacts de flèches, le papogay bougeait, vascillait. Il allait bientôt rendre vie et choisir son roi. A chaque impact la foule criait pour porter les archers dans leurs derniers efforts. Les bras, les mains brulaient de douleurs mais il fallait que le destin s’accomplisse. Les nuques de spectateurs étaient en souffrance, les yeux fixés à 45 mètres de haut. Un suspens intense et une tension extrême. Peu avant 20 heures, l’oiseau tomba. Mickaël Abba était porté en triomphe par tous les archers et on entendait des « vive le roi » chargé d’émotion. Mickael a du avoir une pensée pour son papa Jérôme et son grand-père Roland, tous deux disparus et porteurs de la tradition. Les nuages noirs montèrent dans le ciel et l’orage gronda, le papogay ne voulait pas mourir et la pluie en guise de larmes salua ce beau combat.

 

 

 

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