Agriculteurs en colère : Ce mouvement peut déboucher sur une insurrection, affirme le sénateur Pierre Medevielle

Le sénateur de la Haute-Garonne Pierre Medevielle soutient le mouvement des agriculteurs.
Le sénateur de la Haute-Garonne Pierre Medevielle soutient le mouvement des agriculteurs.

Le sénateur de la Haute-Garonne, Pierre Medevielle, intervient au micro de la Petite République.com pour livrer son analyse du soulèvement protestataire des agriculteurs qui manifestent depuis plusieurs semaines le mal-être de leur profession.

« Ce mouvement est né dans notre département. La situation des agriculteurs, déjà très compliquée, c’est aggravée avec la maladie hémorragique épizootique (MHE). Ils ont dépassé là le stade de la souffrance, ils sont en train de plonger et il faut trouver très rapidement des solutions pour assainir leur trésorerie.

Les marins-pêcheurs eux aussi sont victimes d’une décision surréaliste du Conseil d’État -qui se mêle de quoi, je vous le demande-. Ils doivent interrompre leur saison de pêche pendant un mois dans le Golfe de Gascogne, pendant la période de reproduction des dauphins, et ce sans aucune garantie d’indemnisation. C’est un dictat de la fédération des associations environnementales France Nature Environnement, qui a des accointances avec le Conseil d’État.

Ce mécontentement s’agrège à la colère des agriculteurs et on n’a pas encore mesuré l’ampleur du mouvement ainsi enclenché, qui pourrait selon moi déboucher sur une véritable insurrection si rien n’est fait.

Si chaque secteur a des revendications propres, la grogne est commune à toute la profession. Mais le ministre de l’Agriculture n’a pas apporté les solutions concrètes pour faire lever les barrages. Déjà une première action sur le prix du Gazole non routier serait une avancée majeure. Les Verts à Bruxelles sont à la baguette en ce qui concerne l’inflation normative, ils prennent leurs désirs pour la réalité. Ils ne se rendent pas compte apparemment des conséquences de leurs décisions. Les zones cultivables vont se réduire à cause du réchauffement climatique et de la pénurie d’eau, il faudra produire là où c’est possible. Et la productivité n’est pas un gros mot, elle est compatible avec des objectifs environnementaux. En bombardant nos agriculteurs de normes toujours plus contraignantes, les Verts s’acharnent sur nos agriculteurs, comme s’ils voulaient qu’ils ne produisent pas ce que l’on peut importer de pays étrangers, qui ne sont pas soumis aux mêmes règles. On va détruire un des fleurons de notre nation. Mais ce qui me rassure c’est que ce mouvement est européen, on doit arriver à parler d’une seule voix et harmoniser les choses, pour trouve notre place sur le marché mondial, et exiger des autres pays de se mettre aux normes.

Mercredi la séance de questions au Gouvernement sera particulièrement intéressante. On ne laissera pas notre agriculture démontée boulon par boulon pour arriver à quoi, importer tout et n’importe quoi ? il n’en est pas question.

Il faudra repenser l’organisation au sein du monde agricole, négocier avec les géants de la distribution mais aussi les coopératives. Regardons les filières qui s’en sortent bien, le Haricot Tarbais, le Porc Noir, etc., les produits sont valorisés et plus rentables, les circuits courts maîtrisés, une production restreinte mais de haute qualité. Les premiers dans ce modèle furent les producteurs de Comté. Ils n’ont pas cédé aux sirènes de la grande distribution, et n’ont pas renoncé à leur cahier des charges d’excellence.

Restaurons l’image des agriculteurs, qu’on a fait passer depuis des années pour des tocards et des empoisonneurs, alors qu’ils font la meilleure agriculture du monde, propre et performante. Ce gouvernement est totalement déconnecté de la réalité des territoires, il est hors sol, il faut que ça change. Que les agriculteurs le sachent, au Sénat, on ne les lâchera pas. »

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