Plein gaz pour Méthaboul ! l’unité de méthanisation s’installe à Blajan

Le collectif d'agriculteurs du canton boulonnais, à l'initiative de la création de l'unité de méthanisation sur Blajan.
Le collectif d'agriculteurs du canton boulonnais, à l'initiative de la création de l'unité de méthanisation sur Blajan.

Le projet a été âprement défendu, mené jusqu’au bout avec acharnement et conviction par un collectif de 15 agriculteurs-éleveurs (sur 12 exploitations) du canton boulonnais. A l’issue de presque dix années de travail, Méthaboul, méthaniseur avec valorisation par injection, va enfin voir le jour à Blajan.

Concrètement le méthaniseur permettra de valoriser les fumiers (80%) et déchets agricoles (20%), en produisant du biogaz réinjecté dans le réseau local. Les digestats obtenus seront utilisés comme engrais épandus dans les champs. A la clé, des revenus complémentaires conséquents, une plus-value pour les exploitations, une profession confortée, un territoire dynamisé.

Dans la salle de la mairie mardi 21 mars, une conférence de presse menée par le porte-parole Bertrand Loup, a permis aux protagonistes du projet de présenter en détail leur « bébé ».

« L’association Méthaboul, créée en 2018, est devenue la S.A.S. Méthaboul le 5 août 2022, quand le projet s’est réellement concrétisé, que le capital de 300 000 € issu de nos fonds personnels a été rassemblé et que nous étions sûrs d’aller au bout. Études, plans, achat du terrain, etc., ont suivi. »

Soutenir l’élevage local

Le projet Méthaboul a été pensé pour pérenniser l’élevage dans le territoire, dont les difficultés sont celle de la profession partout en France, peu de reprise d’exploitation, peu de relève, peu de rentabilité. Il est autonome, mené par et pour les agriculteurs, qui n’ont pas voulu de co-investisseurs industriels. Par déontologie et devoir moral envers les exploitants et les riverains, le projet restera dans l’avenir une réalisation locale, non susceptible d’être spoliée par des intervenants extérieurs.

La moyenne d’âge du collectif est de 40 ans, les 12 exploitations sont en production caprins lait, bovins lait, bovins viande, dont certaines en bio et en Label Rouge. Le projet bénéficie du soutien financier de la Communauté de communes 5C, de la Région Occitanie, de l’ADEME, et de l’aide technique de la Chambre d’Agriculture 31. « Il faut saluer la municipalité de Blajan, souligne Bertrand, qui nous soutient depuis le début et a proposé le terrain pour le site, et l’ensemble des politiques qui nous ont suivis. » L’unité s’installera à l’extérieur du village, dans la zone de l’ancienne carrière de la tuilerie. Les contrôles écologiques sur la faune et la flore potentiellement impactées ont tous été validés sur ce site industriel en friche qui convient donc parfaitement. Par ailleurs, un système d’hygiénisation des digestats a été installé en aval, pour réduire drastiquement les risques de pollution par les pathogènes.

Autres points positifs, les transports de matières collectées sont lissés sur toute l’année, le site a deux voies d’accès, un emploi de chauffeur sera créé.

Le biogaz dans le canton

Le premier réseau de gaz ERDF est à Aurignac, et pour pouvoir s’y raccorder il faut justifier d’une production suffisamment importante. « Le réseau d’Aurignac ne pouvant pas consommer tout ce que nous allons produire, il fallait trouver un moyen de renvoyer le surplus de production sur le réseau national. » Un contrat sur 15 ans a donc été signé avec ENGIE en novembre 2020, pour amener le gaz dans le territoire, jusqu’à Boulogne. « Après le sinistre industriel qui nous a frappés lors de la fermeture de la tuilerie, cela n’avait jamais été accompli. Nous, nous l’avons fait et la population s’en félicite. Aux politiques de prendre le relais pour la suite. »

« Tous les voyants sont au vert, ajoute Bertrand Loup. Une réunion publique a permis aux Blajanais le mois dernier, de prendre connaissance du projet dans sa globalité. Les questions et les inquiétudes légitimes étaient nombreuses et nous y avons apporté les réponses adéquates. Le maximum de précautions ont été prises, car nous aimons notre territoire et nous ne sommes pas là pour aller à contre-sens de l’intérêt commun. La réunion s’est terminée sous les applaudissements, c’est tout dire ! » L’information et la communication sont en effet primordiales pour bien faire comprendre le fonctionnement et l’utilité de cette unité à taille humaine, intelligemment pensée, solidement préparée. Un comité de surveillance tripartite est prévu, agriculteurs-municipalité-habitants, pour suivre et recadrer les éventuelles nuisances.

Une aventure humaine

« On a partagé et on continue de partager des moments très forts. Porter ce projet de bout en bout a créé des liens et soudé le groupe. On a pris des risques ensemble pour ensemble en recueillir les fruits, on a espéré, douté, travaillé, et maintenant le projet se concrétise, c’est une grande satisfaction, une vraie fierté. On a déjoué les pronostics les plus pessimistes. »

Après les ultimes finalisations administratives et bancaires, les premiers coups de pelle commenceront en automne, et le méthaniseur, selon les prévisions, sera opérationnel en septembre 2024.

Le mot du maire Jean-Bernard Castex

« Deux raisons majeures pour la municipalité de soutenir ce projet : d’abord la promotion de l’élevage local, élément patrimonial de notre ruralité, levier économique essentiel et acteur de la qualité paysagère ; ensuite l’adduction de gaz sur notre territoire, jusqu’à Boulogne. Il serait d’ailleurs légitime que la commune de Blajan, qui s’est efforcé de faciliter le projet et mis le terrain à disposition, puisse en bénéficier aussi. Ce projet est fondateur et structurant, les problématiques de l’énergie -et de l’eau- étant d’une cruelle actualité. J’ajoute, et le collectif le sait, que nous serons vigilants quant aux impacts éventuels sur l’environnement. Je sais qu’ils travaillent en ce sens. Faciliter leur métier, améliorer les revenus, gagner une autonomie financière, valoriser leurs exploitations pour mieux les transmettre, apporter des opportunités au territoire, sont les atouts de ce projet agricole 100% local, tourné vers l’avenir. »

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