Tribunal de Saint Gaudens : la litanie toujours renouvelée des graves incivilités qui sont autant de délits

Palais de Justice de Saint Gaudens

Douze dossiers au programme de l’audience correctionnelle du tribunal judiciaire de Saint Gaudens ce jeudi 20 octobre. Trois d’entre eux ont donné lieu à un renvoi à une audience ultérieure, le 22 février 2023. L’un de ces renvois concernait un dossier de menace de mort réitérée contre un élu ; il a donné lieu à la désignation d’un expert psychiatre.

Des délits routiers et des faits de violences inter-personnelles

Une flopée de délits routiers

Parmi les neuf autres dossiers qui ont été examinés ce jeudi 20 octobre, six concernaient des délits routiers accompagnés de surcroît de divers autres motifs, selon les cas : conduite sans permis (2), absence d’assurance (2), absence de certificat d’immatriculation (1), vitesse excessive(2), conduite sous l’emprise de l’alcool (2) ou sous stupéfiants (2), outrages envers les forces de l’ordre (1), rébellion (1), délit de fuite (1). Une litanie d’incivilités récurrentes déroulée au fil des audiences correctionnelles successives, avec même des délits en récidive pour certains justiciables appelés à la barre.

Des violences intra-familiales, des violences sous l’emprise de l’alcool

Les trois autres dossiers de ce jeudi 20 octobre concernaient des violences intra-familiales, des violences sous l’emprise de l’alcool, au cours d’une soirée entre amis d’une part, et d’autre part à l’encontre de militaires de la gendarmerie dans l’exercice de leurs fonctions. Des manifestations de violences qui s’incrustent comme des marqueurs sociaux de plus en plus prégnants.

Une abracadabrantesque histoire de «faits graves»

Les faits de violences, à l’encontre de deux gendarmes, par une dame alcoolisée un soir de déprime au printemps dernier, ont donné lieu à un récit  que l’on pourrait considérer «abracadabrantesque», s’il n’était désolant pour les gardiens de la paix et triste pour l’auteure des délits.

Les gendarmes appelés pour un cambriolage qui n’a jamais eu lieu

La personne auteur des violences avait appelé la gendarmerie vers 22h00 pour un cambriolage qui n’a jamais eu lieu. Elle était allongée dans l’herbe lors de l’arrivée des gendarmes, qu’elle a accueillis en se  riant d’eux, et à qui elle a déclaré qu’ils «n’avaient rien à foutre là», ajoutant une suite de propos «incohérents» accompagnés d’expressions fleuries.

Pleurs, hurlements, menaces, coups et trous de mémoire

Entre pleurs et hurlements, elle a ensuite menacé de se tailler les veines, avant de saisir un tournevis, et même un couteau (une fois à l’intérieur de la maison), puis un balai brosse pour repousser les gendarmes qui tentaient d’initier un dialogue. Ils ont fini par la menotter après qu’elle a décroché un cadre pour frapper l’un des deux militaires à la tête, lui occasionnant une plaie qui nécessitera la pose d’un point de suture. «Manifestement alcoolisée», elle a refusé de partir avec l’ambulance dépêchée par le «15» qui avait été alertée.

Auditionnée une semaine plus tard, alors sous traitement médical, elle a déclaré et répété avoir honte de son comportement, ne pas savoir pourquoi elle a appelé les gendarmes tout en reconnaissant qu’elle l’avait fait en invoquant un cambriolage inventé. Lors de cette audition, elle a fait état de trous de mémoire concernant les événements de la semaine précédente : «j’ai fait tomber le cadre parce que je ne tenais pas debout» ; mais elle a dit ne pas se souvenir d’avoir porté un coup avec. Elle a dit ne pas plus se rappeler des coups de balai. Mais elle ne met pas en cause les affirmations des gendarmes : «s’ils le disent…» concède-t-elle à l’audience.

Alcoolo-dépendance, carence affective, absence de contact social

Le rapport de l’expert psychiatre fait état «d’absence de maladie mentale (…), d’un manque de contact au niveau social (…), de carence affective remontant à l’enfance (…), d’alcoolo-dépendance (…) » et «d’altération du discernement au moment des faits». Cette dame fait désormais l’objet d’un suivi médical et psychiatrique soutenu.

«Bien sûr que j’ai honte»

«Bien sûr que j’ai honte» a répété à nouveau la prévenue à la présidente du tribunal, «je me suis excusée à plusieurs reprises». Elle a regretté de ne pouvoir le faire auprès des gendarmes concernés, absents à l’audience. Elle a demandé à ce que la condamnation ne soit pas inscrite à son casier judiciaire pour préserver son emploi. Sans avocat devant le tribunal, elle était néanmoins accompagnée par sa supérieure hiérarchique, dans l’entreprise où elle travaille. Une supérieure dont la prévenue a spécifié «qu’elle était contente de son travail».

Quatre mois de prison avec sursis et obligation de soins

La présidente du tribunal s’est rangée dans son verdict aux réquisitions du procureur pour des faits qu’il a qualifiés de «graves»: quatre mois de prison couverts par un sursis probatoire de deux ans, obligation de soins pour son addiction à l’alcool et un total de 600 euros de dommages-intérêts à verser aux deux militaires de la gendarmerie. La présidente a aussi donné suite à la demande de la prévenue de non inscription de la peine au casier judiciaire, une demande qui avait reçu l’aval du procureur.

Un verdict en forme de reconnaissance pour les gendarmes, de main tendue par la Justice à la prévenue (néanmoins condamnée parce que reconnue coupable), et d’espoir de résilience pour cette dernière.

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