La signature de la Charte des Droits Culturels et de la personne – C’était le 8 octobre à Labarthe de Riviere

La signature pour la Charte des Droits Culturels de la personne – Samedi 8 octobre Labarthe-Riviere

Présentation et signature de « La Charte de projet culturel de territoire respectant les droits culturels en Pays de Comminges Pyrénées »

Plus de deux cent personnes ont assisté ce samedi  8 octobre à la présentation de la Charte et participé aux ateliers d’échanges et de mise en contact des acteurs culturels l’après-midi.

La journée ensoleillée semblait être de connivence avec la présentation excellente de la Chartes par Patrice MEYER-BISCH. Elle se situait plus sur le plan de la plaidoirie, du fait de l’urgence culturelle identitaire tel un reflet de l’urgence écologique actuelle. Le conférencier pénétré d’une conviction communicative a développé les arguments de la nécessité de cette Charte avec une élévation d’esprit d’une  portée humaniste rare, autant que d’une pédagogie efficace dans la formulation de l’esprit de la Charte. La puissance et la consistance  du propos ont emporté l’adhésion unanime du public. Après les applaudissements fournis, l’enchainement des commentaires des élus n’était pas évident en suivant cet exercice de haute tenue philosophique sur le lien de la culture et des droits humains fondamentaux. Toutefois il ressortait clairement des interventions de ceux-ci, comme celle du Sous-préfet la réalité d’une adhésion de l’ensemble des personnalités présentes sur le podium. Malgré l’attention de quelques élus à ne pas être trop long et d’éviter le piège de l’enlisement dans les congratulations interminables, quelques interventions furent toutefois nécessaires pour exposer le travail en amont pour la mise en place de la Charte avec les acteurs du territoire.

Quelques points clef du contenu de la Charte des Droits culturels de la personne, extraits :

« L’objet d’un droit culturel est un acte d’accès et de partage de ressources culturelles (une langue, un art, un mode de vie…) », « Le sujet est toujours la personne individuelle, mais l’objet est commun », « Les Droits culturels, une catégorie sous développée des Droits de l’homme » est le titre de l’ouvrage de Patrice Meyer-BISCH aux éditions universitaires de Fribourg paru en 1993. « La liberté n’est pas seulement une donnée, elle demande à être construite, à être cultivée », « Nous ne devons rien ôter à l’individualité des Droits de l’homme, au principe d’autonomie de chacun, mais ce n’est pas une raison pour occulter les liens intimes et sociaux de transmission (culturelle du territoire) ». « Les droits culturels peuvent être interprétés comme des conducteur de sens ; ils renforcent l’indivisibilité des Droits de l’homme en les reliant à leur fondement commun : la dignité », par opposition (insistait le conférencier) à la segmentarisation des qualificatifs : artistiques, linguistiques, religieux, faisant du culturel un reliquat cantonné à une culture élitiste de classe et non de territoire. Les droits culturels sont définis dans la Charte comme des conducteurs de sens.

Les droits culturels ont un effet de levier : « L’action culturelle permet de poser la question de l’exclusion humaine d’une manière plus radicale que ne le fait l’accès au droit au logement, au travail, aux ressources, à la santé. On pourrait penser que l’accès à ces autres droits devient inéluctable, lorsque le droit à la culture est reconnu ».

L’élément nouveau dans la politique territoriale que porte la Charte dans laquelle s’engagent les élus se situe dans la prise en compte de la transmission culturelle des langues locales et d’en signifier au travers de la lisibilité publique des langues régionales les identités de territoire, le Pays de Comminges.

Les représentants présents de l’association « Ostau Comengès » ont rappelé au cours des ateliers de l’après midi que depuis vingt ans l’association avec ses bénévoles et ses employés a entrepris un travail monumental de collectage sur les usages et les pratiques paysannes du Comminges, soutenue par le Département et la Région, justement sur le patrimoine immatériel (par opposition à celui des monuments visibles et des sites historiques). Patrice MEYER-BISCH préfère la notion de culture vivante pratiquée pour y donner plus de sens à celle d’immatériel.

La difficulté de l’exercice pour exposer en si peu de temps le contenu du projet de la Charte

Il n’était pas évident en une paire d’heure de développer sur un sujet aussi dense, mais deux tentatives de questions pertinentes furent entreprises, dont la deuxième fut pourtant expédiée dans un style surprenant le public au regard de l’esprit de la journée et du contenu de la Charte, par la Présidente de la Communauté de Commune Cœur-&-Coteaux-du-Comminges. La question portant sur la déforestation mécanisée d’envergure de la forêt des sources du Touch, en échos au concept de patrimoine énoncé par Patrice MEYER- BISCH pouvait laisser espérer selon les commentaires en aparté un autre traitement. On a pu apprécier l’intervention du Sous-préfet qui avec tact a repositionné le style du débat dans la tonalité requise de l’événement.

Dans le partage des impressions reçues après ce qui aurait pu se transformer en incident par l’intervenant: « Au lieu d’être dans la posture du gendarme (Il n’y a rien a voir circulez !), elle aurait pu, en demeurant dans l’esprit solennel du moment de la signature de la Charte par les élus, dérouler sur la réalité objective du décalage entre les questions de l’urgence écologique et  le retard institutionnel autorisant en même temps des prédations industrielles de la forêt en toute légalité  ».

Durant le débat de fin de journée, la question a été posée sur la labellisation des projets culturels dans le sens global exprimé dans la Charte : « Nombreux sont les lieux privés ou associatifs informels qui renoncent à être labélisés en tant que lieux d’accueils d’actions artistiques, du fait de la lourdeur des contraintes réglementaires, la complexité des dossiers. La conséquence en est une pratique artistique confidentielle mais néanmoins bien vivante sur le terrain, souvent de qualité avec des intervenants de talent, mais aussi la conséquence minimaliste de par la considération au chapeau. Quelle visibilité pour cette réalité culturelle de terrain dans le cadre de la Charte ? ».

La signature de la Charte est le début d’une aventure collective qui invite les acteurs culturels de territoire, comme de leurs habitants à poursuivre cette réflexion dans le cadre des rencontres à venir. Pour cela, les Communautés de Communes et les municipalités seront les référents dorénavant pour s‘informer sur les prochaines réunions de concertation.

En amont de cette journée il faut comprendre que ce sont quatre années de préparation effectuées par des personnes de divers horizons qui a la demande du PETR  Pays Comminges Pyrénées ont contribué à ce Labo de préparation qui est une exception dans la Région Occitanie. Ce sont quatre années de réunion, de temps de travail, de recherche et d’analyse, d’écriture, de concertation avec les élus pour édifier les bases de cette Charte définissant un engagement politique nouveau pour la culture dans la vision globale telle qu’elle fut exposée par Patrice Meyer-Bisch. La Charte est visible sur le site des PRONOMADES en Haute Garonne.

Le conférencier Patrice Meyer-BISCH est coordonnateur de l’Institut Interdisciplinaire d’Ethique et des Droits de l’homme et de la Chaire UNESCO pour les Droits de l’homme et de la Démocratie de l’Université de Fribourg (CH). Il est également fondateur de l’Observatoire de la diversité et des Droits culturels.

Le projet est soutenu par l’Etat représenté par Jean-Philippe DARGENT Sous-préfet  de Saint-Gaudens, la Région Occitanie, le Département et les Présidents des Communautés de Communes Cagire-Garonne-Salat, Pyrénées Haut-Garonnaises, Cœur et Coteaux de Comminges.

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