Ciadoux : Entretien avec Magyd Cherfi, invité du salon littéraire

Magyd Cherfi au Salon du livre de Ciadoux, dimanche 25 septembre 22, artiste polymorphe et écrivain de talent.
Magyd Cherfi au Salon du livre de Ciadoux, dimanche 25 septembre 22, artiste polymorphe et écrivain de talent.

Il est chanteur, parolier, poète, écrivain, acteur, il est partout, il a mille vies Magyd Cherfi, comme autant de facettes à son talent polymorphe et foisonnant. Né en 1962, Magyd est venu d’Algérie avec ses parents, d’origine Kabyle. Il a grandi à Toulouse où sa passion des mots, du langage et de la littérature l’amène à la poésie et à l’écriture. On connaît son succès musical dans les années 80 avec le groupe Zebda, puis sa brillante carrière solo, la sortie de plusieurs albums, et le groupe Toulouse Contour, formé avec Yvan Cujious et Art Mengo.

Dimanche 25 septembre, Magyd Cherfi est venu participer au salon littéraire de Ciadoux. D’une plume hardie, exigeante et fantasque à la fois, il a écrit deux romans autobiographiques Ma part de Gaulois en 2016, sélectionné pour le Goncourt, suivi de La part de Sarrasin -paru il y a deux ans aux éditions Actes Sud.

« J’ai connu le salon de Ciadoux un peu par hasard, au gré de rencontres et d’échanges. Vous savez que j’aime parler aux gens. Rendez-vous fut pris et c’est chose faite. »

Vos livres parlent de vous, parlez-nous d’eux :

« J’ai écrit ces deux romans, Ma part de Gaulois, suivi de La part de Sarrasin, pour parler de personnages qui se baladent entre deux cultures, en conflit avec leur identité. Moi qui suis fils d’Algériens, est-ce j’appartiens à quelqu’un, à un peuple, à une langue ? »

Dans votre livre La Part de Sarrasin, quel est le message ?

« Que chaque être est multiple, quelle que soit son origine ou sa couleur, dans une sorte de fraternité universelle. Avec un questionnement final : peut-on approcher, accéder à ces trois belles idées, liberté, égalité, fraternité, et à quel prix ? »

Comment avez-vous vécu cette double culture ?

« Vous savez, quand vous êtes d’une famille Algérienne, vous sentez très vite que vous n’êtes pas le bienvenu. Et vous grandissez avec ça : quand est-ce que vous vous cassez nom de dieu ! Et puis, en vivant, au fil des années, on finit par comprendre et se dire mais je suis d’ici. Alors on essaie de convaincre qu’on est bien d’ici.

La double culture est aussi une richesse, mais c’est une richesse uniquement si vous l’appréhendez, si vous y accédez. Il faut les clés pour la comprendre, ce sont les mots et c’est l’éducation qui nous les donne. Beaucoup n’ont pas ces clés et de là viennent les problèmes. Ça ne « matche » pas en quelque sorte. »

Mais pour vous ça a bien matché :

« Oui c’est vrai (rires), parce que j’ai pris des deux côtés ce qui était le plus agréable, le plus riche. La relation à l’autre m’intéresse, dans ce qu’elle révèle d’humanité. Vous savez il y a de purs salauds qui sont des anges et qui en sont persuadés, et inversement des gens délicieux qui vous diront qu’ils ne sont rien. C’est extraordinaire, cette diversité et complexité de l’âme humaine. Elle amène à cette question, à cette quête, qu’est-ce que l’humanité ? on a des amorces de réponses, les uns et les autres. Certains n’y croiront pas, d’autres diront pourquoi pas, c’est une petite fenêtre qui s’ouvre… »

Quels sont vos projets ?

« Mon troisième livre est quasiment terminé, il s’intitule Carte Vitale, l’histoire se déroule dans les milieux prolétaires. En même temps j’ai préparé un album de chansons, qui s’appelle Vœux pieux et promesses athées. J’aime quand les gens se demandent ce que j’ai voulu dire (rires). Quant à la scène, j’en fait toujours un peu, des lectures musicales, des concerts avec un ou deux musiciens, et quand il y a un album des concerts avec un vrai groupe. La musique est toujours présente dans ma vie. »

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