Sarremezan : Femmes et tradition d’égalité, une singularité Pyrénéenne, par Isaure Gratacos

Une passionnante conférence d'Isaure Gratacos à Sarremezan le 8 août, a dévoilé la place des femmes dans les Pyrénées d'autrefois. D'après son ouvrage "Femmes des Pyrénées, un statut social exceptionnel en Europe".
Une passionnante conférence d'Isaure Gratacos à Sarremezan le 8 août, a dévoilé la place des femmes dans les Pyrénées d'autrefois. D'après son ouvrage "Femmes des Pyrénées, un statut social exceptionnel en Europe".

Le festival « Ode au Féminin », organisé par l’association Terracor Terre de choix et ses partenaires, célébrait du 5 au 9 août, le centenaire de la découverte de la Vénus de Lespugue. Un des moments forts de cet événement culturel multiforme fut la conférence donnée le 8 août par Isaure Gratacos. Professeur d’Histoire, docteur es-lettres études Occitanes, Madame Gratacos a d’un magistral trait de plume fait ressurgir pour l’audience captivée, la vie ancestrale hors norme des femmes Pyrénéennes. Hors norme dans la mesure où l’égalité hommes-femmes se pratiquait naturellement dans ces vallées isolées.

Cette culture très ancienne dérive d’organisations sociales préhistoriques et protohistoriques. « La société traditionnelle dans nos montagnes s’articulait autour du groupe et non pas de l’individu. »

Les vallées Pyrénéennes, cloisonnées, étaient des microcosmes autogérés à l’inverse des sociétés indo-européennes pyramidales avec un sommet, le chef, et une base, le peuple. Ici, point. La base était la maison. Chaque maison désignait l’aîné, fille ou garçon, pour la représenter. Sous l’arbre communal, ils élisaient leur émissaire, homme ou femme, au conseil valléen, pour gérer collectivement un territoire qui appartenait à tous. Remarquable modernité de ces temps reculés !

Deux raisons essentielles au rôle social de la femme pyrénéenne :

  • la christianisation de ces populations fut tardive, du IXème au XIIème siècle environ. Elle n’a pu donc mettre en place le paradigme patriarcal qui sévissait ailleurs.
  • le système féodal était très faible, car bien que rattachées au domaine royal, nombre de vallées n’avaient pas de seigneur.

Cet état de fait a perduré jusqu’à la Troisième République et a laissé des traces dans les coutumes, les légendes orales, certaines structurations sociétales, les mythologies montagnardes, où le groupe prévaut sur l’individu, et la femme prend sa place sans discrimination.

Né d’un intense travail de collecte et de recherches ethnographiques sur plusieurs décennies, l’ouvrage d’Isaure Gratacos « Femmes des Pyrénées, un statut social exceptionnel en Europe » est une mine de connaissances qui permet de mieux comprendre ce territoire âpre et rude, profondément humain, empreint de droiture et de justice, legs précieux d’une Histoire unique.

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