A Labroquère, Jean Lassalle a revisité la France

Jean Lassalle, l’emblématique député des Pyrénées-Atlantiques, président du parti « Résistons » qu’il a créé en 2016, ambitionne de pouvoir se représenter aux élections présidentielles de 2022, (après celles de 2017 où il a fini 7ème sur 11 candidats). Il s’est lancé dans une course aux parrainages qui l’a amené en Comminges, à Labroquère le mercredi 17 octobre.

Sa soirée labroquéroise a été particulièrement dense, de 18h30 à 23h30, d’abord réservée aux élus invités («parrainer fait partie du pouvoir discrétionnaire des maires, ce n’est pas forcément soutenir, c’est d’abord un acte républicain»), puis consacrée à tous les citoyens en réunion publique. «La meilleure forme de respect, a-t-il dit aux élus, c’est d’expliquer avant de demander (un parrainage)». Il s’y est attaché, sérieusement, chaleureusement, transporté par moment dans une certaine forme de lyrisme mâtiné de son inaltérable faconde.

Il aurait déjà obtenu quelques 350 parrainages, mais ce n’est pas acquis «parce que les maires ne seraient pas si nombreux à accepter de parrainer, de 30 à 40%, comme le pourcentage de français qui votent».

Remettre les maires en première ligne

Dans son souci d’expliquer avant de demander, il a d’abord évoqué le rôle du maire, «représentant de l’État» qui «veille à la capacité des habitants de vivre dignement sur la commune», avec aussi «le pouvoir de veiller sur les biens communs». Il regrette que «les dernières lois aient enlevé beaucoup de pouvoirs aux maires (…) Avec les grandes communautés de communes, le maire ne sert pratiquement plus à rien (…) Si je suis élu, je ferai abroger ces lois qui font qu’il ne peut plus entreprendre tout seul». Il souhaite un retour au principe de subsidiarité qui caractérisait les communautés de communes à taille humaine installées par François Mitterrand et «Gastounet» comme il appelle Gaston Defferre: «quand la commune ne pouvait pas faire, la communauté de commune, le Département, l’État intervenaient  (…) La commune  réglait beaucoup de problèmes et ça ne coûtait pas trop cher». Il s’élève contre la course au «gigantisme, à la métropolisation, ce n’est jamais assez grand, on entasse les hommes comme on n’entasse pas les cochons (…) S’il faut relever ce pays, on ne le fera pas avec un territoire vide comme aujourd’hui (…) La ruralité n’est pas un inconvénient mais une chance extraordinaire, elle recèle un gisement de travail à entreprendre, un gisement de production »,  facteur de souveraineté alimentaire.

Jean Lassalle veut remettre «les maires en première ligne avec les moyens qu’ils avaient il y a encore 15 ans (…) C’est dans un village que vit la démocratie, c’est un lieu de citoyenneté (…) Il faut que Paris décide et que l’on réalise à la base».

Retaper le pays, voir renaitre la France

Candidat à la présidence de la République, «je ne supporte pas ce que devient ce pays, je veux le retaper (…) Il faut quelqu’un qui le tienne et le connaisse. Après Chirac et Mitterrand, je suis celui qui le connait le mieux (…) Depuis 40 ans, il a changé (…) C’est le pays qui aime le plus la politique au monde et pourtant il n’y a plus que 30% des habitants qui votent. Ce dont la France a besoin, c’est de retrouver des raisons de croire et pour certains d’entre nous d’espérer».

«La France que je voudrais voir renaitre, c’est celle qui avait une dimension universaliste, celle qui a déclaré la souveraineté du peuple, celle de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, celle de la laïcité avec laquelle nous avons inspiré le monde entier, celle qui résonnait au-delà des mers et des montagnes».

«Je veux reconstruire l’État, un État à la fois symbole et outil qui réalise le projet du peuple qui a choisi (…), qui permette à celui qui a été élu de tenir ses promesses, pas de jurer au mois de mai et de se parjurer au mois de juin (…) On ne s’occupe plus des préoccupations qui fondent notre quotidien (…) Je veux susciter de l’engagement en revenant plus souvent devant les urnes (…) On a besoin d’amour de France (…) Que l’on soit français depuis Vercingétorix ou depuis hier, on s’en fout. Ce que je veux, c’est que l’on parle français, une langue exigeante porteuse d’indépendance d’esprit, que l’on apprenne à lire et à écrire. C’est la manière de transmettre le savoir qu’il faut relancer: après la défaite de Sedan en 1870, on a ainsi construit tout un peuple. Nous sommes les seuls à l’avoir fait. Nous avons atteint un niveau exceptionnel qui a inspiré nos voisins. Et au début de ce 3ème millénaire les instituteurs et les écoles ne sont même plus respectés…». Jean Lassalle se déclare favorable aux référendums : «si on l’interroge plus souvent sur des questions essentielles, le peuple répondra».

Une Europe des Nations

Si le maire a perdu trop de pouvoirs, il en est de même pour le chef de l’État «qui ne décide de rien» au sein d’une Europe corsetée «par une des plus grandes bureaucraties du monde» et paralysée par l’incontournable règle de l’unanimité qui s’impose aux États membres de L’Union Européenne sur les domaines jugés sensibles: «on n’est même pas capable de se mettre d’accord pour un rafiot qui transporte des émigrés et que l’on se renvoie d’Espagne, en Italie, puis en Grèce».

Il souhaite une évaluation de l’Europe, de son organisation, de son fonctionnement, et tester une autre manière d’être ensemble : «Je préfère une Europe des Nations, on voit ce que l’on peut faire, on veille à bien s’entendre, et on fonctionne».

Recherche fondamentale et projets d’avenir

Jean Lassalle se projette dans l’avenir. Après le trou d’ozone dont on ne parle plus, il est question maintenant du réchauffement de la planète : «au lieu de terroriser tout le monde, il vaudrait mieux rechercher la source d’énergie de demain ; qu’on en finisse avec ce pétrole source de guerre. Pourquoi ne s’interroge-t-on pas sur le soleil ?». Il propose de consacrer 5% du budget à la recherche fondamentale : «il y a plein de chercheurs parmi nous, personne ne leur demande rien ; nous avons été les premiers à produire la télévision en couleurs, le minitel, internet même, les premiers dans le domaine aéronautique (plus personne ne parle de l’avion A 380 !), dans la construction navale, ferroviaire (TGV), dans le domaine spatial (base de Kourou). Quand on cherche, on peut trouver au lieu d’en parler et de désespérer». Il faut ainsi, selon Jean Lassalle, de grands projets qui touchent l’ensemble du pays, et du monde.

Durant cette soirée labroquéroise, dans le cadre de son idée centrale portant sur la réorganisation du territoire autour de la commune et de l’État, Jean Lassalle a abordé bien des sujets: internet («son pouvoir d’information et de dévastation») ; la famille («un salaire à celui ou celle qui fait le choix de s’occuper de sa famille», en l’accompagnant d’une activité au service de la collectivité) ; la lutte contre la désertification médicale («un contrat d’engagement» proposé aux étudiants en médecine pour les amener à travailler dans des territoires sous dotés) ; «la reconstruction d’une industrie adaptée à notre temps» ; «la nécessité d’insuffler un état d’esprit nouveau avec des hommes et des femmes  qui voudront prendre des risques au sein des entreprises et des administrations» ; «faire de la France un facilitateur de paix dans le monde» ; «reconstruire le citoyen, le peuple et l’État qui va le servir» ; «gagner à force d’adhésion, de partage, de bien commun»…

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Jean Lassalle a deux amours, son village (Lourdios-Ichère dans les Pyrénées Atlantiques, dont il fut le maire pendant 33 ans, de 1977 à 2020) et la France, deux symboles qu’il veut voir réinvestis de compétences, de pouvoirs et de moyens perdus tout au long des 40 dernières années, avec une volonté, celle de faire de la campagne présidentielle une caisse de résonance pour ses idées, et une ambition, celle de bonifier la citoyenneté au sein d’une démocratie revitalisée.

 

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