Pandémie : La grippe de Hong-Kong, qui se souvient ?

Qui se souvient de la grippe de Hong-Kong ou grippe de 68 ? Qui se souvient aujourd’hui de cette pandémie qui a fait environ un million de morts dans le monde et un peu plus de 31.000 en France (deux fois plus que la canicule de 2003), 25.000 en décembre 1969 et 6.000 en février 1970. Cette surmortalité saisonnière est presque passée inaperçue.

Inaperçue, certainement. Tellement inaperçue qu’on n’avait pas à l’époque comptabilisé les victimes. En France, il faut attendre 2003 avec les recherches de l’épidémiologiste Antoine Flahault pour connaitre le nombre de victimes en France.

Personnellement, je ne m’en souviens pas alors que j’étais en pleine jeunesse. Insouciance ? Je ne le pense pas. Manque d‘informations ? Très certainement. Il faut dire qu’il n’y avait pas toutes ces chaînes d’info en continu. Il n’y avait pas de médecins, de professeurs qui s’affrontent aujourd’hui sans retenue, poussés par les journalistes en recherche de scoops. Alors, faut-il revenir à l’info « d’avant » ou bien avaler tout ce qu’on nous vomit à chaque heure de la journée et de la nuit ? A vous de juger et de ne prendre que la petite partie intéressante de ces informations.

Mais revenons à cette grippe de Hong-Kong. L’origine du virus est probablement liée à une souche réassortie apparue en Asie centrale ou en Chine centrale vers le mois de février 1968. L’épidémie est reconnue lorsqu’elle touche la colonie britannique de Hong-Kong à partir de la mi-juillet. En août 1968, 500.000 personnes y sont infectées.

De là, l’épidémie s’étend rapidement à toute l’Asie du Sud-Est, l’Inde et l’Australie. D’importantes différences sont notées, au Japon l’épidémie apparaît moins forte, plus éparse et plus irrégulière.

Puis, sa progression ralentit pour toucher l’hémisphère Nord durant l’hiver 1968-1969. Le virus fait alors près de 50.000 morts aux États-Unis en trois mois (où elle a été importée par des Marines revenant du Vietnam), avant de se propager en Europe de l’Ouest en 1969. En France, le virus est isolé à la fin de l’hiver 1968-1969, mais sans se montrer dangereux. Mais surtout les scientifiques réunis par l’OMS en octobre 1969 à Atlanta pour une conférence internationale sur la grippe de Hong-Kong estiment que la pandémie est finie alors qu’elle va se répandre en Europe à ce moment-là, y compris le bloc de l’Est.

Après la pause de l’été 1969, l’épidémie de l’hiver (décembre 1969-janvier 1970), est très sévère en France avec 17 000 décès directs (déclarés comme dus à la grippe), et un excédent de mortalité de plus de 40 000. L’Allemagne de l’Ouest a également le même excédent de mortalité.

À l’échelle mondiale, le bilan de la pandémie est d’environ un million de morts entre l’été 1968 et le printemps 1970, selon les estimations de l’Organisation mondiale de la santé. Il s’agit de la troisième pandémie du XXe siècle après la grippe espagnole (20 à 40 millions de morts en 1918-1920), et la grippe asiatique (2 millions de morts en 1957). (Source Wikipédia)

Et en Occitanie ?

La deuxième vague de cette grippe frappe en premier dans le Sud-Ouest. Le 1er décembre 1969, un médecin de Toulouse, interrogé sur “l’emprise” de la maladie dans la région, parle d’environ un quart de la population touchée. Deux jours plus tard, un reportage diffusé à la télévision estime que toute l’Aquitaine est grippée, parlant de fermetures de l’école normale d’institutrices de Mont-de-Marsan, ou encore d’un lycée d’Arcachon particulièrement frappé par la maladie. Le 5 décembre, on peut lire dans Le Monde : “La grippe, qui sévissait jusqu’à présent surtout dans le Sud-Ouest, s’étend maintenant sur une grande partie de la France. » 

Même son de cloche dans le journal Sud-Ouest daté du 10 décembre : “Du Sud-Ouest, où elle a- en principe – pris corps, et où elle serait en voie de régression, l’épidémie de grippe,  à la faveur de la vague de froid qui s’est abattue sur les trois quarts de la France, s’étend peu à peu à de nombreuses autres régions. Un peu partout, actuellement, des familles entières sont frappées, certaines administrations – P.T.T. et S.N.C.F. entre autre – ont, perdu, jusqu’à 30 % de leurs effectifs, et de nombreuses écoles ont dû fermer leurs portes. Le vaccin, qui n’est d’ailleurs efficace qu’au bout de trois semaines, est devenu souvent introuvable.”

Le journal détaille : “Dans le Lot-et-Garonne, la situation s’est aggravée. Les services de la Sécurité sociale sont décimés par l’épidémie. Dans le Tarn-et-Garonne, un quart de la population est au lit. À Rodez (Aveyron), une école, l’institution Saint-Joseph, a fermé ses portes. À Toulouse, le lycée agricole d’Auzeville n’est plus qu’un hôpital. La situation n’est pas meilleure au lycée de Foix, dans l’Ariège.” (Source France-Bleu).

La grippe, ses malades et ses morts n’intéressent pas

A la fin des sixties, la grippe, ses malades et ses morts n’intéressent pas. Ni les pouvoirs publics, ni le public, ni les médias. L’événement est sur la Lune avec l’équipage d’Apollo 12, au Vietnam où l’Amérique s’enlise, au Biafra qui agonise, en Chine où s’achève la Révolution culturelle, à l’Elysée où s’installe Pompidou avec mission de gérer l’après-68 et les grèves qui perlent toujours dans les entreprises, les universités et les lycées. Mais assurément pas dans les hôpitaux. Témoin la presse française qui, en cet hiver 1969, alors même que la grippe de Hong-Kong atteint son apogée dans l’hexagone, consacre des articles sporadiques à l’« épidémie » ­ on n’use pas alors du mot « pandémie ». (Source Doctissimo)

S’informer sans se faire déformer…

 

 

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