Du contrat social de Rousseau de 1762 au néo libéralisme désespérant de 2019

Le contrat social

C’est en 1762 que Jean Jacques Rousseau écrivait, tel un visionnaire averti, le contrat social. C’est dans cette œuvre majeure que l’auteur développera la théorie de la volonté générale. La souveraineté du peuple y est affirmée. Rousseau montre que c’est un pacte, le fameux contrat social, qui fonde la légitimité de l’union de plusieurs individus, sortant de l’état de nature, en une société. Il y développe une idée maitresse si actuelle de nos jours : le droit du plus fort avec ce concept que le droit est universel et intemporel. Il précise que la force peut changer de camp et que de ce fait, elle ne peut faire droit car celui-ci changerait alors sans cesse.

La déclaration des droits de l’homme et du citoyen

En 1789, à l’issue de la révolution française, la déclaration de l’homme et du citoyen est rédigée par un groupe de penseurs très disparates faut-il le dire. Du dictateur Marat au libéral Lafayette, une succession d’articles, parfois à la limite de la contradiction, qui a le grand mérite de fixer les bornes des droits des uns afin d’en permettre l’exercice à tous. Un contrat social qui fixe un nouveau cap pour la société française avec ces trois mots liberté, égalité, fraternité qui avaient alors un vrai sens fondateur républicain.

Le conseil national de la résistance

Il faudra attendre la fin de la deuxième guerre mondiale avec le conseil de la résistance pour qu’un nouveau projet de société voit le jour. Une œuvre collective ou politiques, syndicalistes, intellectuels de tous bords, faisant taire leurs égos et leur carriérismes, ont été en capacité de fixer un cap social et économique pour reconstruire la France. Une intelligence collective qui fait rêver lorsqu’on regarde dans les rétroviseurs où la dictature de l’économie spéculative était absente. Le sens de l’intérêt public pour servir le peuple.

Et depuis plus rien !

Et depuis plus rien ! Pourtant les conditions économiques, sociales ont tellement changé depuis l’après guerre. Le néo-libéralisme, la mondialisation, les pouvoirs économiques ont tout balayé sur leur passage laissant nombre d’entre nous au bord du chemin. Seul, en 2010, un vieil homme de 93 ans, Stéphane Hessel, publie un opuscule devenu un best seller: Indignez vous ! Il y écrit : « C’est tout le socle des conquêtes sociales de la Résistance qui est aujourd’hui remis en cause ». Le texte se termine à nouveau par le slogan de l’appel du soixantième anniversaire « Créer, c’est résister. Résister, c’est créer ».

 

Quoiqu’on en dise, quoiqu’on en pense, l’esprit premier du mouvement « gilets jaunes » est un signal d’alarme fort. Il rappelle à nos gouvernements successifs leur manque de vision à long terme y préférant celle à 5 ans d’un réélection personnelle pour assouvir cette soif de pouvoir si dangereuse quand elle perdure dans le temps. Au lieu de se mettre tous autour d’une table pour écrire un nouveau contrat social qui tienne compte des réalités économiques actuelles, on assiste à un pataquès écoeurant. D’un côté, des opposants de tous bords qui veulent revenir sur le devant de la scène à tout prix en disant non à tout,  oubliant au passage qu’ils n’ont rien fait ou presque depuis des décennies. De l’autre, un président tout dans l’humilité, seul et droit dans ses bottes, qui veut nous faire croire qu’il peut écrire l’histoire à lui tout seul. On ne fait plus pour le peuple mais au nom du peuple en oubliant le sens premier des mots désormais vides de sens:  liberté, égalité, fraternité. On choisit des intérêts particuliers au détriment du collectif. Il y a de la désespérance dans l’air dans cette France profonde et souvent rurale qui ne peut adhérer à un projet de société plus qu’il n’en existe aucun. A quand un nouveau contrat social?

Attention l’histoire nous montre malheureusement que tout est cyclique y compris les révolutions et les guerres.

Victor Hugo écrivait, même si cette citation peut sembler cruelle :

« La populace ne peut faire que des émeutes. Pour faire une révolution il faut le peuple. »

Mais où est le peuple de France ?

 

 

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