Maison de santé de Carbonne : Un espace architectural à disposition d’une pratique novatrice des soins.

Une partie de l'équipe pose en compagnie de l'architecte
Une partie de l'équipe pose en compagnie de l'architecte
Lorsque nous pénétrons dans cet immense bâtiment que constitue la nouvelle Maison de Santé de Carbonne, ce sont les mots quiétude et calme qui viennent en premier lieu à l’esprit. Dès le franchissement du sas automatique, on est inondé par la lumière. En face se trouve un jardin potager et floral en cours de plantation. En franchissant une porte, on  se retrouve dans un patio central qui permettra aux patients d’attendre leur tour en retournant aux sources terriennes.
Si comme partout ailleurs il existe un hall d’accueil commun où des hôtesses vous renseignent avec sourire et courtoisie, il n’existe pas à proprement parler de salle d’attente. On se positionne où l’on veut dans un immense espace dédié. Bientôt on pourra y admirer des expositions d’artistes. Une efficace isolation acoustique contribue à l’impression de calme.

Au fil de la visite, nous découvrons que ce sont sept médecins généralistes, six infirmières, trois kinésithérapeutes, deux sages femmes, un podologue, deux dermatologues, un psychologue, un orthophoniste, une diététicienne et un ostéopathe qui se sont installés dans ce nouveau lieu. Quelle agréable surprise de trouver un ostéopathe parmi les praticiens alors que, généralement, ce type de soins est nié par les médecins généralistes ! Décidément, il se passe des choses différentes dans ce lieu. Le docteur Sophie Cot nous précisera qu’un nouveau kiné et un podologue devraient compléter l’équipage et qu’il y aura certainement aussi des vacations de médecins spécialistes sur une ou deux journées par mois.

Des lieux au service d’une pratique différente.

De l’entretien réalisé avec le docteur Cot et le docteur Poinot, il ressort que la création de cette maison de santé n’est pas seulement l’agglomération de plusieurs praticiens dans un même lieu mais que les choses vont bien au delà. C’est une équipe de soignants de différentes disciplines qui coopèrent ensemble pour une meilleure pratique collective. Très symboliquement il n’y a qu’un seul compteur EDF et qu’un seul compteur d’eau qui responsabilise l’individu par rapport à l’ensemble du groupe. Un logiciel commun permet, avec l’autorisation des patients, de partager des renseignements. Pour garantir le secret médical, un système de filtres et de degrés d’informations est appliqué.

Avec cet esprit coopératif que l’on peut comparer à une SCOP (Société Coopérative Ouvrière de Production ou Société coopérative et participative) , la maison de santé de Carbonne innove dans les pratiques de prises de décision. Les réunions se font au moins une fois par mois. Il n’y a pas de leader qui dirige le groupe. Il y a celui (ou celle) qui distribue la parole, celui (ou celle) qui décompte le temps, celui (ou celle) qui recentre les débats, etc… Ainsi personne ne subit le groupe en se portant volontaire pour un rôle, tuant ainsi la difficile notion de dominant/dominé. Cela révèle des personnalités et la parole se libère.

La médecine libérale, d’habitude plus encline à des pratiques individualistes, prône dans ce cas l’intérêt collectif. « Il s’agit de donner du sens et de la cohérence » disait les docteurs Poinot et Cot. L’avenir sans conteste de l’offre des soins sur un territoire passe inexorablement par la mise en place de Maison de Santé. D’ailleurs, il suffit d’observer les difficultés des médecins de Saint-Gaudens, vieillissants et de moins en moins nombreux dans cette agglomération. Fatigués, submergés par le nombre de patients à voir, ils expriment une lassitude et réfléchissent, à l’instar de ce qui a été fait à Carbonne, à la création d’une Maison de Santé. Cela permettrait sûrement une meilleure répartition du travail et constituerait un attrait pour que de nouveaux médecins viennent s’installer en attendant un hypothétique assouplissement du « numerus clausus ».

Payée sur fonds propres, la Maison de Santé de Carbonne est, de facto, un acteur du développement du territoire du Volvestre en garantissant, dans le temps et pour le futur, l’offre des soins aux carbonnais et aux patients alentours. Tous les territoires n’auront pas cette chance dans les années à venir et l’accès aux soins ne sera pas source d’équité entre les citoyens.

Les praticiens de la Maison de Santé de Carbonne ont des projets novateurs plein la tête et cette envie d’être acteur de leur propre développement et de leur avenir . Ceux que nous avons rencontrés veulent garder cet esprit de « chercheur » qu’ils ont ancré au plus profond d’eux. Ils sont en constante discussion avec l’Agence Régionale de Santé pour innover et pouvoir faire bouger les choses. Du dynamisme à l’état pur. Il ne reste qu’à souhaiter que cela dure….

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