Accueil des réfugiés syriens : « La politique n’a rien à voir, c’est une question d’humanité ! »

Le maire de Carbonne, Bernard Bros, affirme sa position sur l'accueil des réfugiés.
Le maire de Carbonne, Bernard Bros, affirme sa position sur l'accueil des réfugiés.

Tandis que, sous le regard du monde, « la jungle » de Calais est enfin démantelée et que certaines communes s’interrogent encore sur l’accueil des réfugiés, le Maire de Carbonne, Bernard Bros, fait partie de ces élus qui n’ont pas attendu l’opération pour ouvrir leur porte aux victimes. Rencontre.

Accueillir des réfugiés est pour vous une démarche évidente ?

Bien sûr, la décision a été unanime au sein de l’équipe municipale. C’est une position humaniste vis-à-vis  de ces hommes, femmes et enfants, victimes de la guerre. C’est aussi inscrit dans la tradition de notre commune qui a accueilli, à  l’indépendance d’Algérie, des rapatriés et des familles de Harkis, hébergés dans une trentaine de logements. Il reste de cette période les cités de la gare, du camping et de Saint Laurent. Récemment, quand le Ministère de l’Intérieur a fait appel aux élus  pour accueillir des réfugiés, nous nous sommes portés volontaires, c’était une démarche évidente.

Trois familles Syriennes sont installées à Carbonne. Pouvez-vous nous parler d’elles ?

La première famille est arrivée fin 2015.  Elle s’est enfuie d’Alep suite à l’assassinat de leurs voisins et avec la peur d’être tuée à son tour. D’un niveau social confortable, elle a pu se procurer un billet d’avion et s’est échappée avec un visa touristique. Elle est hébergée chez un privé. Les deux autres familles ont transité par le Liban avant d’être envoyées en France par l’ONU en juin 2016. Nous avons aménagé deux appartements de la commune avec l’aide des associations comme la Croix Rouge, le Secours Catholique, Emmaüs qui font un travail remarquable. Elles ont fourni à ces hommes, ces femmes et ces enfants, totalement démunis, des vêtements, des meubles de première nécessité et une aide alimentaire en attendant celle de l’Etat.

 De quel statut disposent ces familles ?

Un statut demandeurs d’asile géré par l’OFPRA (Office Français de Protection des Réfugiés et des Apatrides). Une demande de statut de réfugié est en cours. La Préfecture a confié à l’ANRAS (association nationale de Recherche d’Action Solidaire) le soin d’accompagner ces gens  sur les plans  administratif et logistique,  pour l’accès aux soins médicaux et un retour à scolarité des enfants.

Ces réfugiés sont avant tout, des femmes, des hommes et des enfants. Comment se déroule leur vie quotidienne à Carbonne ?

Ces familles expriment le souhait  de rester discrètes. Dès qu’elles sont arrivées, tout a été mis en place  pour qu’elles retrouvent dignité et autonomie. Cela peut paraître anecdotique mais nous avons donné  dans l’urgence, à chacune d’elle, un vélo pour qu’elle puisse être mobile. Sur 15 personnes, 9 enfants sont scolarisés à Carbonne et à Muret, l’intégration s’est faite rapidement pour les jeunes.  Les adultes apprennent le français dans un centre spécialisé, le temps d’obtenir un statut de résident.  Si le temps d’adaptation est plus long pour eux, ils restent très volontaires et courageux. Ils souhaitent travailler, s’intégrer, retrouver une vie normale. Nous devons nous battre contre l’image  véhiculée de personnes « assistées ». C’est un réel traumatisme de devoir fuir son pays en laissant tout derrière soi et d’arriver sur une terre inconnue, de culture différente. Dans un tel contexte, accueillants et accueillis doivent faire preuve de souplesse.

Des communes refusent d’ouvrir leurs portes aux réfugiés,  d’autres s’interrogent.  Le maire de Béziers a été jusqu’à évoquer un référendum.  Qu’en pensez-vous ?

La position de l’extrême droite est populiste et  je ne comprends pas l’attitude des élus qui refusent d’accueillir ces victimes. D’ailleurs, j’ai exprimé clairement ma position  à l’Assemblée générale de l’Association des maires et des présidents de communautés de la Haute-Garonne qui a eu lieu le 8 octobre dernier. Il est de notre devoir d’accompagner ces personnes avec les moyens dont peut disposer chaque commune et réserver à ces nouveaux arrivants l’accueil qu’ils méritent. La politique n’a rien à voir !  C’est une question d’humanité !

 

Le droit d’asile découle du préambule de la Constitution qui affirme que « tout homme persécuté en raison de son action en faveur de la liberté a droit d’asile sur les territoires de la République ». Il a été consacré par le Conseil constitutionnel dans sa décision du 13 août 1993 : « Considérant que le respect du droit d’asile, principe de valeur constitutionnelle, implique d’une manière générale que l’étranger qui se réclame de ce droit soit autorisé à demeurer provisoirement sur le territoire jusqu’à ce qu’il ait été statué sur sa demande ».

http://www.immigration.interieur.gouv.fr/Asile/Le-droit-d-asile/Les-grands-principes-du-droit-d-asile

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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