Lundi 22 décembre 2025, le rond point du Bazert à Gourdan-Polignan est toujours occupé par les agriculteurs, avec le barnum qui sert de garde-manger, le braséro qui permet de repousser le froid et de réchauffer la soupe, l’épicéa à la fois sapin de Noël et symbole de permanence de l’action avec son feuillage persistant.
Ce lundi matin, une seule des trois arrivées, celle de Luchon (et de l’Espagne), fait l’objet d’un filtrage de véhicules. La voilure a été réduite. En effet, nombre d’agriculteurs sont absents, pris tout à la fois par les contraintes liées aux besoins de leurs exploitations, aux opérations de vaccination, et aux attentes des familles durant cette période festive de rassemblement familial. «Il y a un peu de monde tous les jours, nous sommes plus nombreux le soir quand le travail à la ferme est fini» précise Eric Barbé, agriculteur non syndiqué qui insiste sur la nature a-syndicale du mouvement.
La voilure a été réduite aussi pour ne pas occasionner de gêne excessive à la population durant ce qu’il est convenu d’appeler la trêve des confiseurs, ce qui a été l’une des demandes du gouvernement et de ses représentants sur le terrain, les forces de l’ordre: «le but, ce n’est pas d’embêter la population» concrétise un agriculteur.
«Nous ne bloquons plus les véhicules pendant les fêtes, explique Eric Barbé. Si nous n’avions pas levé les barrages samedi matin nous aurions été délogés par les CRS. Tant que cela se passe bien au niveau de la circulation, nous pouvons rester sur le rond point. Nous avons une pétition en cours, signé par les automobilistes de passage, qui a recueilli 6 000 signatures».
«Toute la population est avec nous, poursuit Eric Barbé. Personne nous a mal parlé. C’est même chaleureux. Les dons font chaud au cœur».
Ce lundi 22 décembre sur l’A 64 à Carbonne, Jérôme Bayle a reçu un message du préfet l’invitant à un entretien demain mardi 23 décembre, sans plus de précision sur l’objet de la rencontre. Pour une réponse positive et concrète aux demandes des agriculteurs? «Peut-être pas à toutes, mais au moins à une partie. Ou bien, il veut simplement nous dire de dégager de cette autoroute pour qu’elle soit redue à la circulation. Mais s’il peut déjà répondre à des revendications départementales, ce sera un bon point».
Cependant, la seule satisfaction de revendications départementales ne serait pas suffisante pour mettre un terme à l’occupation de l’autoroute par les agriculteurs. «L’agriculture dans nos départements, dans nos régions et en France a des problématiques à résoudre qui vont plus loin que le protocole sanitaire, plus loin que le report d’un an des cotisations MSA, plus loin que des reports bancaires pour les agriculteurs les plus en difficulté» observe Jérôme Bayle.
Noël sur l’A 64, comment cela va se passer? «Je ne sais pas. Nous vivons au jour le jour. Nous n’anticipons rien. Des bruits courent selon lesquels d’importants renforts de CRS se prépareraient à déloger les agriculteurs. Je ne pense pas que ce serait la meilleure idée, parce que nous ne cassons rien, nous respectons tout. Nous avons un gros soutien de la population, beaucoup de gens viennent discuter avec nous. Ici, c’est un lieu de fraternité. Si on nous déloge d’ici, je pense que les gens se mobiliseront dans la foulée à Toulouse pour un mouvement civil, et cela ne serait plus trop contrôlable». Demain mardi sera un autre jour.





