Sylvain et l’ours

Sylvain et l’Ours une rencontre aussi symbolique que révélatrice :

En pleine montagne, dans le secteur transfrontalier, à Es Bordes, à 1800m d’altitude, Sylvain ancien éleveur de moutons s’est retrouvé face à un ours. Incarnation d’une nature sauvage qui tente de reprendre sa place sur des territoires humanisés. Ce face-à-face, loin d’être anodin, met en lumière les tensions persistantes entre deux mondes : celui de la ruralité en lutte pour sa survie, et celui d’une politique de ré-ensauvagement souvent décidée sans les premiers concernés. Une rencontre qui pose la question : quelle place accorde-t-on aux éleveurs dans la gestion du vivant ?”

Sylvain Comet, nul besoin de le présenter en vallée Luchonnaise.

D’une famille d’agriculteurs, implantée à Antignac, commune dont il est maire depuis plusieurs mandats. Son fils Noël a prolongé la vie de l’exploitation aidé de son épouse Séverine. Maintenant Sylvain, aide autant qu’il peut son fils, dans l’élevage des bovins et ovins. C’est assez souvent qu’il passe des nuits dans le secteur de Roumingau et de l’Entecade. Une aide précieuse pour le berger Javier, venu d’Espagne, quelques 1500 têtes d’ovins à surveiller, qui passent l’été en estive, au-dessus de l’Hospice de France.

Sylvain : « Deux jours auparavant j’avais passé la nuit a l’abri-cabane de l’Entecade. Déjà le troupeau avait été visité, je pense qu’il a été dérangé par mes vas et viens avec la lampe torche. Mais ce matin du 3 juillet, j’ai vu un attroupement de vautours, je me doutais que j’étais très proche d’une scène de crime. Mais à 6h30 du matin je « le » croyais loin ! J’ai vu cette masse sombre sur le chemin à une cinquantaine de mètres. Il s’est levé, j’ai pas attendu qu’il avance pour courir, l’endroit était rocailleux et je prenais garde où je posais mes souliers. Il m’a coursé, gueule ouverte, j’en ai perdu mon béret. Sur un chemin moins accidenté, je le surveillait du coin de l’œil, j’ai vu qu’il s’arrêtait a la rencontre de mon béret, qu’il a reniflé. J’en ai profité, pour crier et siffler, j’ai repensé aux mots de Bernard Sarrieu, qui dans ses écrits, gascons, disait qu’il fallait à ces moments là, jeter un vêtement pour stopper la course de l’ours. »

En montagne, plus ailleurs, la nature y est sauvage. Ce n’est pas un sanctuaire neutre.

Sylvain, « non j’ai pas eu peur, mais mon instinct m’a conseillé de déguerpir, il était vraiment menaçant, avec sa gueule ouverte, bave dégoulinante, ses grognements. » Sylvain a su avoir la bonne réaction.

Pour certains la présence de l’ours est le symbole du retour du sauvage, comme avec le loup d’ailleurs. Pour d’autres c’est une menace directe, physique et morale, sur un métier de plus en plus isolé, de moins en moins compris. Un fossé se creuse entre les protecteurs de la biodiversité et ceux qui vivent au quotidien, avec les réalités de cette nature.  

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