Agriculteurs en colère : « Trop de monde vit sur notre dos », un témoignage en direct sur le barrage de Carbonne

François Manent, éleveur ovin et bovin, manifeste à Carbone avec ses collègues agriculteurs, il témoigne. (ici en démonstration de tonte photo archives)
François Manent, éleveur ovin et bovin, manifeste à Carbone avec ses collègues agriculteurs, il témoigne. (ici en démonstration de tonte photo archives)

Sur le barrage de l’autoroute A64, sous le tunnel au niveau de Carbonne, mardi 23 janvier, une quarantaine de tracteurs stationnent depuis plusieurs semaines. Autour d’eux, plus de 150 agriculteurs ont installé un bivouac et s’y relaient jour après jour, pour continuer de manifester leur colère. De nombreux autres spots ont fait florès en Haute-Garonne, dans les départements voisins et dans toute l’Occitanie. Le mouvement s’étend maintenant à d’autres régions de France. Car en effet la colère qui ne faiblit pas, au contraire, elle se conforte au fil des jours, une colère qui se mesure à l’aune de leur désespérance. Soudés, épaule contre épaule, les agriculteurs le disent, ils ne lâcheront rien.

Les revendications qui nourrissent le mouvement, nuancées selon les filières, sont communes à toute la profession et emblématiques du mal-être général : simplifier l’imbroglio administratif, moins de taxes, le carburant agricole (gazole non routier) moins cher, des indemnisations rapides après les catastrophes sanitaires (Maladie Hémorragique Epizootique, etc), allégement les normes environnementales, application de la loi Egalim, plus de marges sur les produits, … En un mot, les agriculteurs veulent vivre décemment de leur travail, ils ont mis le Gouvernement au pied du mur et leur détermination est sans faille. Ils ne lèveront les barrages, martèlent leurs porte-paroles, que lorsque l’exécutif leur aura fourni des réponses concrètes.

Témoignage

François Manent, un jeune éleveur d’agneaux des Pyrénées et de vaches Gasconnes à Saint-Pé Delbos, en Comminges, est président de l’ACVA du Boulonnais. Il  participe au blocage à Carbonne depuis plusieurs semaines, racine historique du mouvement en Haute-Garonne. Passionné par son métier, il témoigne des difficultés qu’il rencontre au quotidien.

« Il faut comprendre que ce mouvement de révolte, de colère, de ras-le-bol, n’est pas politique, ici c’est l’action des agriculteurs pour les agriculteurs. Bien sûr les syndicats relayent les actions et sont parties prenantes, ils montent au créneau et c’est normal. Dans nos fermes, on n’en peut plus, nos revenus ne sont pas à la hauteur de notre travail, on n’est ni écoutés ni considérés. Trop de monde vit sur notre dos. Maintenant le gouvernement doit répondre sans délais. Nous avons besoin d’être indemnisés pour les bêtes mortes de la MHE, et ici quand la saison du vêlage va arriver, comment vais-je faire s’il y a des avortements dus à la maladie ?  Par-dessus tout ça, l’asphyxie de la paperasse, les contraintes environnementales, les revenus trop faibles, se greffe la hausse de la facture du carburant, le GNR ! on ne peut plus faire face, il est trop cher, il doit être détaxé. Il faudra aussi réfléchir à une autre gestion de l’eau, un enjeu crucial pour notre avenir. Et quant on voit que le mouvement de colère profonde qui nous anime se propage à d’autres région, c’est bien la preuve que c’est partout pareil, l’agriculture ne va pas bien et le fait savoir. Et là maintenant on n’a plus le choix, on continuera jusqu’au bout, tant qu’on n’aura pas des accords écrits.

Sur les barrages, on s’organise, des leaders naturels sont sortis des groupes, ici c’est Jérôme Bayle, éleveur de vaches Limousines à Montesquieu-Volvestre, qui est notre porte-parole.

La population nous suit et nous encourage, on le voit en direct et sur les réseaux sociaux. Les élus et responsables politiques aussi, Carole Delga, présidente de Région est venu nous soutenir hier et a annoncé qu’elle constituait des groupes de travail pour travailler sur nos propositions. Des maires ont boycotté les vœux du sous-préfet hier soir en solidarité. Jean-Jacque Bolzan, maire adjoint de Toulouse, délégué à l’alimentation, et président de la fédération des marchés de gros, est passé nous soutenir ainsi que Bernard Bagnéris, vice-président du Conseil départemental. Ça nous encourage à tenir bon. La balle est dans le camp du Gouvernement. »

 

 

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