Echange sur la République avec le Grand Maître du Grand Orient à Carbonne

crédit image : Yannick Foucaud

Ce 11 avril, Carbonne a accueilli Nicolas Penin, Grand Maître du Grand Orient de France, venu échanger avec les élus et citoyens. Cette rencontre a eu pour objectif d’échanger sur les difficultés rencontrées par les élus ruraux face à une République perçue comme trop centralisée.

C’est à Carbonne, commune du Volvestre, que Nicolas Penin — président du Conseil de l’Ordre et Grand Maître du Grand Orient de France — est venu à la rencontre des élus locaux. Il était présent dans une volonté de retisser les fils du dialogue entre République et territoires. « Il connaît la réalité du monde rural, et pourra partager avec vous cet état d’esprit », glisse un élu en préambule, soulignant la nécessité de faire entendre les spécificités du monde rural. Ce moment d’échange informel, porteur de sens, s’est déroulé dans un esprit de fraternité républicaine : « Nous partageons certainement les mêmes valeurs de la République, du moins je le souhaite », ajoute-t-il.

Nicolas Penin prend la parole pour partager son parcours personnel et sa vision de l’engagement citoyen : « Je suis un vieux militant politique, mais je n’ai jamais été élu. Les déménagements fréquents rendent l’engagement local difficile. » À travers cette confidence, il montre les obstacles que rencontrent de nombreux citoyens lorsqu’il s’agit de s’impliquer dans la vie publique. Il en profite pour encourager les membres du Grand Orient de France à s’engager concrètement dans la société : « J’encourage les frères et sœurs du Grand Orient à être dans la cité. » Un appel à sortir du cadre symbolique ou rituel pour agir sur le terrain, au plus près des réalités locales. Ce message rejoint les principes fondateurs de l’obédience, qui place la liberté, l’égalité, la fraternité et la laïcité au cœur de son action et de sa réflexion.

Le Grand Maître rappelle qu’il veut agir dans la société, et pas seulement à l’intérieur de ses loges. « Être franc-maçon, c’est aussi s’engager concrètement : dans une association, un syndicat, ou au sein d’un conseil municipal. C’est être un citoyen actif. » Avec 55 000 membres et 1 400 loges dans le monde, l’obédience veut faire passer un message clair : défendre la République là où elle semble s’éloigner, en restant proche des gens et des réalités du terrain.

La République des territoires, cri du cœur des maires

Denis Turrel, maire de Carbonne, a pris la parole pour partager son point de vue. Devant le Grand Maître, il fait un constat aussi clair qu’inquiétant. « On nous appelait les hussards de la République, aujourd’hui, je crains que nous soyons devenus ses maquisards. »  Une expression marquante qui reflète un sentiment partagé : celui de l’abandon du pouvoir local. Le maire pointe la contradiction flagrante entre la reconnaissance symbolique des maires et le manque de leurs moyens. « On vit dans une hypocrisie décentralisée. L’État transfère des compétences sans en transférer les moyens. » Le constat est préoccupant : désengagement de l’État, complexité administrative croissante, concurrence entre différents niveaux territoriaux… Plusieurs élus autour de la table s’en plaignent. Un système institutionnel de plus en plus difficile à gérer pour beaucoup.

Au-delà de ce constat, une volonté se dégage : celle d’une République des territoires. « Le citoyen ne veut pas savoir qui délivre le service. Il veut que le service soit rendu. », précise un élu au sujet de la démocratie participative. Dans cette vision, pour renouveler la démocratie, il est essentiel de redonner une place importante au niveau local, qui reste, malgré tout, le plus proche des citoyens.

Denis Turrel souhaite un changement de perspective : « On doit poser les débats de manière républicaine, pas par épuisement ou affaiblissement. Sinon, on isole les communes, on les oppose, et on mine la confiance dans la République. ». Et c’est là que la rencontre prend tout son sens pour Nicolas Penin, « Ce qui protège la démocratie, c’est le lien entre le représentant et le représenté ». Un lien que les maires incarnent encore, malgré tout.

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