Quand des maires montent au créneau pour défendre la laïcité et promouvoir la vie culturelle – Moncaup le 30 septembre 2023
Cette fois encore ce 30 septembre dernier, ce fut compliqué pour simplement produire un concert de musique de la Renaissance dans une église du Comminges. Cette fois-ci à Moncaup le Maire de la commune Daniel Weissberg a assumé publiquement son initiative d’ouverture de l’église au public, en sa qualité d’élu de la commune, laquelle a en responsabilité l’entretien de ce lieu patrimonial, ainsi que la charge financière de l’édifice.
Depuis quelques années, chaque fois qu’un projet culturel principalement musical est projeté dans une église en Comminges, ce sont d’âpres négociations sur les conditions d’accès et financières avec les organisateurs. L’objet de la distorsion entre le spirituel et le profane porte sur la question d’une demande d’indemnité forfaitaire pour l’utilisation du lieu de culte par le référent religieux non élu, à la place d’un don choisi par le donateur plus conforme à l’éthique, alors que le poids financier de la charge incombe aux communes représentées par les Maires élus du Conseil municipal représentants des citoyens.
L’incongru de la situation liée à la séparation de l’Eglise et de l’Etat se situe dans la distorsion entre la vocation spirituelle de ces édifices religieux et la pesanteur du souvenir ancestral de la Dime, la redevance dédiée à l’institution de l’Eglise Catholique. Ce fait divers ranime le souvenir douloureux de l’époque de la Séparation de l’Eglise et de l’Etat, une loi votée le 9 décembre 1905 à l’initiative du républicain-socialiste Aristide Briand.
La démarche des porteurs de projets culturels est une chance pour l’avenir des églises. En effet, nous pouvons observer de plus en plus d’églises menacées par l’abandon, par manque de moyen des municipalités et le recul des pratiques religieuses se limitant essentiellement encore pour quelques temps aux enterrements. Cet événement local à Moncaup devrait ramener le débat à plus de sérénité de par un principe de réalité. Le patrimoine religieux où qu’il soit et quel qu’il soit demeure un marqueur de culture important. La transcendance spirituelle a inspiré une expression artistique puissante autrefois. Dans un contexte actuel de haute prédation technologique, de marchandisation et l’acculturation qui en est la conséquence, ces lieux patrimoniaux ont vocation à être des lieux d’accueil des manifestations artistiques.
Le mauvais goût ne serait-il pas que ces lieux emblématiques passent au privé, au risque de se transformer en boite de nuit ?
