Un Happening sur une désespérance professionnelle – Saint-Gaudens 9 octobre !
Pour la énième fois, les opposants au Passe-sanitaire se sont retrouvés à Saint-Gaudens pour exprimer leur opposition à l’obligation vaccinale adressée aux professionnels de santé : « Nous ne voulons pas de cette injection expérimentale, nous ne sommes pas des cobayes ! » pouvions nous encore entendre. Ils étaient entre 150 et 200 personnes, principalement des professionnels de la santé, des amis, des proches en soutien à ces héros d’hier, pestiférés aujourd’hui de l’administration du fait de leur objection de conscience à l’obligation vaccinale, orphelins du soutien des acteurs de la solidarité coutumière comme des aficionados de la contestation en Comminges.
Le mode d’expression est monté d’un cran par la qualité artistique dans la mise en scène. Et c’est bien là la singularité de ce courant de protestation ; le fait de réunir deux professions qui ont en commun un véritable rôle de santé public : le secteur de la santé et celui de l’artistique, deux secteurs de l’intelligence créatrice. Ces objecteurs à l’injection obligatoire subissent la même sanction : la perte de revenu de part l’interdiction d’exercer leur talent dans leur engagement professionnel, une forme de suicide sociétal par fait d’objection.
Le défilé dorénavant ritualisé dans un mode artistique était précédé d’un attelage transportant des musiciens, suivit des porteurs de banderole constituant le chœur chanté en réponse aux instruments durant les différentes stations dans la ville pathétiquement déserte en cette tombée du jour. Les porteurs d’un cercueil ont fermé le défilé, et le temps fort avec l’incinération symbolique a clôturé le happening dans un esprit digne du subversif Living Théatre (théâtre libertaire des années soixante à New York et au Festival d’Avignon en 1968) de part le niveau d’investigation, la qualité et le goût artistique en plus.
Au delà du clivage pour ou contre le Passe-sanitaire et l’obligation vaccinale pour les professionnels de santé et ceux du monde du spectacle vivant, comment comprendre cette obstination au rendez vous hebdomadaire de ces personnes en désespérance? Le mode opératoire du déroulement à chaque fois renouvelé par l’usage de symboles forts, la corde au cou du soignant en blouse blanche, le masque des Sans-voix des invisibles, et ce samedi la crémation du carnaval, ces scénarios interpellent par l’intelligence dans ce détournement acrobatique de la colère et la sidération, celle d’une violence contenue au regard du tragique de la situation de la perte de revenu. Même dans la discordance des points de vue, il y a des dignités qui forcent le respect au chœur d’un débat médiatique déjà lourdement colonisé par la course aux sondages préélectoraux.
