L’irréductible Irréduc’trail de Cazères, enfer et contre tout

Irréductible volonté. En dépit, pourrait-on utiliser un autre mot, des conditions sanitaires qui imposent aujourd’hui arrêtés préfectoraux et protocoles ahurissants, l’association des Irréductibles Bipèdes a tenu à organiser contre vents et marées de pandémie la 5ème édition de l’Irréduct Trail. L’épreuve est incontournable et très prisée des adeptes de la discipline. Pas de course longue distance, pas de gueuleton à l’arrivée, pas de podiums, pas de regroupements. Si la manifestation, d’ordinaire si conséquente en animations et en réconfort dinatoire, s’est résumée dimanche à une simple randonnée sportive et à deux seules courses proposées sur 10 et 17 km, le succès a été au rendez-vous, inévitable. La plupart des coureurs sont accrochés à leur sport, ils sont frustrés de voir tant et tant d’organisations annulées, ils aiment respirer à pleines bronches, vivre et battre du cœur et se prouver qu’ils sont bien vivants.

La 5ème édition de l’Irréduc’trail a fait le plein, le plein de participants venus faire le plein de sensations. Dès vendredi, les deux courses affichaient  « complet » sur le site. 300 participants ont pris le départ du 17 km, 250 celui du 10 km. Au diable les restrictions, pour jouer au jeu chacun a joué la carte du respect. Sur la ligne de départ, tous les coureurs étaient masqués. Procédure spécifique : Les pelotons ont été lâchés aux ordres du starter, par flopées de six unités lancées les unes après les autres toutes les dix secondes.

A courir contre la montre, on ne situe pas bien son rang dans la course. On peut partir le premier, faire seul la course en tête sans être rattrapé et pourtant ne pas être classé aux places d’honneur. Les ambitieux ont donné tout ce qu’ils avaient dans le ventre, le meilleur d’eux-mêmes sans pouvoir se référer à la promiscuité de la concurrence. Mais l’intérêt de la course ne s’est certes pas résumé à figurer en bonne place sur le classement final. La plupart des coureurs sont venus se délecter des parcours proposés. Les premiers froids automnaux ont surpris beaucoup de gens et la fraîcheur matinale s’était elle aussi invitée au départ. Le soleil était timide et paresseux mais les moustiques sont restés couchés. Sortis des quais de Cazères par le pont qui enjambe la Garonne, le parcours invitait les joyeux drilles à remonter en courant le contre courant du fleuve dévalant en sens inverse. Les premiers kilomètres sillonnent la rive sur un chemin monotrace en sous bois humides et couverts de rosée. Le dénivelé imposé n’est pas tout de suite exigeant, il va vite le devenir. Après le 4ème kilomètre, le parcours trace une perpendiculaire, traverse un champ de maïs et s’attaque aux coteaux. La pente est raide. Sept jours de pluie et les passages successifs des premiers ont rendu la progression dans l’herbe glissante. Chacun crapahute avec son cœur et son propre potentiel. Les meilleurs courent encore, la majorité marche. On croise les randonneurs. Au sortir sur la crête, la vue est imprenable et le panorama montre les sommets des Pyrénées de nouveau blanchis. Le constat est indéniable, on a changé de saison, il a neigé sur la chaîne. La suite est tout aussi bucolique. Le pré dévalé est couvert de bouses, le bois gagné offre son tapis de feuilles et de boue, on remonte le courant d’un torrent qui nous emporte, on monte, on descend, on saute d’une flaque à l’autre. Le Comminges n’est pas dépourvu de douces montagnes russes et offre aux irréductibles un tracé exigeant, charmant et tellement respirant.

Au jeu du chat et de la souris, sans vraiment pouvoir s’opposer à un adversaire de visu, le volet compétition revêt un déroulé particulier. A vouloir s’opposer aux autres, il faut surtout batailler seul avec soi-même, dans l’inconnu et sans références, contre sa propre montre. Chrono Start, chargé du chronométrage, a dû attendre l’arrivée des derniers concurrents pour entériner le classement. Sur la ligne d’arrivée, Mathieu Bertos ne gâte ni sa verve, ni son plaisir. Chaque arrivée modifie le classement affiché. Les premiers arrivés peuvent espérer être les premiers classés.

Sur 17 km, Elodie Bajul a longtemps espéré que sa performance suffise à l’emporter. Et Gaëlle Colas est arrivée dans les dernières en signant un temps de deux secondes meilleur. Yoan Valdes a largement dominé les débats invisibles à distance. Il a relégué ses quatre premiers poursuivants à plus de deux minutes. Sur le 10 km, Marie Gorgues a tenu en respect son propre mari. La bipède commingeoise s’est imposée à Sarah Huette. Sans surprise, Nathanaël Bordes n’a pas déjoué les pronostics. Le Satucien était favori au départ. Il gagne devant le vétéran M2 Patrice Ros toujours bien en cannes.

Toutes les photos signées Jules Rohaut sous le lien suivant: ‌https://photos.app.goo.gl/TVKBAt3q97QRQuXT8

 

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