Billet d’humeur

« Bonjour, je viens pour voter. Ça fera 2 € s’il vous plait ! »

La constitution, la conquête du droit de vote, ça m’a toujours fait kiffer. Tiens, l’autre jour je lisais que le suffrage universel avait été  proclamé en France en 1848. Bon d’accord,  à cette époque, il n’avait universel que le nom car la gente féminine en était exclue. En effet au temps jadis, mettre le billet dans l’urne était considéré comme un acte viril. N’y voyez là aucune métaphore, le petit Sigmund ne vit le jour que 12 ans plus tard. Malgré ce petit désagrément, pour les historiens, le suffrage universel de 1848 représentait une conquête significative. Mais pourquoi donc me suis-je interrogée ?  Et bien, parce qu’il mettait fin au suffrage censitaire qui était  réservé aux seuls citoyens suffisamment riches pour payer l’impôt au-dessus d’un seuil donné (le cens). En gros, t’avais du blé, tu votais, t’en avais pas, au trépas. Puis, ils expliquent que le suffrage a connu divers élargissements, dont celui du vote des femmes, en 1944. Il faut reconnaitre que sur ce coup, en France, on a été un peu mou du genou : 96 ans de réflexion, ce n’est pas rien !…  Bon, c’est du passé n’en parlons plus, Aujourd’hui, c’est le bonheur : on a la parité, on lutte contre les discriminations,  on milite, il y a même des candidats qui sont des candidates ! Mais surtout, on a les Primaires. Vous savez cette élection qui consiste à choisir un candidat commun au sein d’un même parti. Ah, les Primaires ouvertes et citoyennes, depuis 2011, ça fleuri bon, ça vous chantonne un  p’tit air de démocratie,  ça prend des allures décontractées, y a même des gens de droite qui votent aux primaires de la gauche et des gens de gauche qui votent aux primaires de la droite, on se mélange, on se confond, c’est pour dire comme on est happy !
Sauf que…si tu débarques sans ton porte-monnaie pour aller voter, tu es renvoyé au parking ! Oui madame ! Pour voter aux primaires, il faut payer ! C’est comme ça, c’est la tendance. Hé, oui, faut comprendre, il faut bien trouver l’argent pour financer la campagne, même si les bureaux sont tenus par des bénévoles épuisés après 3 semaines de portes à portes! 2 € le tour, ce n’est pas grand-chose, mais c’est comme le manège, on y revient deux fois et on aime ça! Alors, à quand le suffrage eurotaire?

Isabelle Prunier, journaliste, rédactrice adjointe

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