Un proto Alfa dans le show room

Le show room est privé et le passionné avisé doit solliciter son propriétaire pour voir sa porte ouverte. Il faut être passionné avisé, amoureux de belles voitures, de course automobile, de prestige, de cinéma. Un concept de garage différent. L’antre décèle un trésor fabuleux, une caverne d’Ali Baba : des carrosseries d’une autre époque dessinées par les plus grands maîtres de l’art, de légères volutes d’huile et d’essence et un cœur qui s’arrête de battre quand, sous l’émotion auditive, en un tour de clés, vrombissent les mécaniques.

Pierre est vendeur de voitures, c’est là son humble profession. Que son marché soit mercantile n’est pas notre propos, l’intérêt qu’il porte à son visiteur est généralement dénoué d’intérêt. Un partage. L’homme, affable, connait son sujet, son métier. Il est intarissable, calé, impressionnant. Il aime. Passer deux heures à l’écouter énumérer les caractéristiques des différentes merveilles de son salon est un  privilège tout aussi grand que de caresser des yeux les œuvres d’art qu’il s’attache à décliner, une à une.

L’annexe du show room est tout aussi extraordinaire. On y découvre un vaste atelier, des professionnels affairés, d’autres bolides, des véhicules anciens en attente de restauration, des produits finis en attente de livraison. L’équipement du garage n’est pas bénin. Les joyaux peuvent être ici repeints dans la règle de l’art avec les couleurs et les techniques d’époque. Purisme.

Là deux Porsche, une Facel Vega,  une Ford Mustang, une Ferrari, deux ou trois Maserati, une Aston Martin…, où donner de la tête pour profiter pleinement du moment ? Il y a là de quoi remplir un livre, illustrer moult albums. On se décide à s’attarder sur un modèle précis, un modèle unique au monde, une Alfa TZ barchetta, un prototype de course de 1963.

Avec des gestes précis et précautionneux, Pierre en ouvre les portes, les capots. 57 ans d’âge et pas une ride. Dans son jus, la voiture, peu commune, est comme neuve. Conçue par Zagato en 1963, la machine, immatriculée, accompagnait alors son pilote à bord  par le route les grands événements internationaux. Jusqu’en 1970, l’engin, imbattable, a tout gagné. « Cette voiture, c’est Docteur Jekyll et Mister Hyde, explique son vendeur. Assis tranquillement, on saisit le volant en bois et on peut se contenter d’une simple balade. Le moteur a du couple. Mais si tu veux t’énerver, c’est un vrai proto, équilibré dans sa répartition des poids, moteur avant réservoir arrière avec un châssis tubulaire en treillis.  Elle est légère, à peine 600 kgs…. » Le bruit du démarrage réveille l’auditeur sous hypnose. Son moteur double arbre à came en tête chante et le bolide emmène le passager dans son rêve.

La Garage Concept : on n’en sort pas comme on y est entré. Pour avoir la clé : 06.07.73.31.70

Mots-clés :

Articles en relation :