Les Oreilles d’Or, quèsaco ? Comme la plupart d’entre-nous, je ne connaissais pas cette expression jusqu’au jour, il n’y a pas très longtemps, où j’en ai rencontré une.
Jean-Pierre, dit Piou est une Oreille d’Or. Définition : » Ils sont les oreilles invisibles des sous-marins. En moins de 90 secondes, ils doivent identifier un son : navire allié, sous-marin ennemi ou simple chant de baleine ? Les « Oreilles d’or » jouent un rôle clé dans la guerre acoustique et la sécurité maritime. » Il est à la retraite depuis dix ans maintenant.
Piou a 25319 heures de plongées à son actif en trente-trois années de carrière qu’il a terminé comme maître-principal. Il est né un 24 mai…comme le centre d’interprétation et de reconnaissance acoustique qui a été créé en 1983. Un signe, non ? Depuis 1983, seules 242 oreilles d’or ont été formées, quarante sont en activité aujourd’hui, toutes des hommes.
90 secondes pour identifier un son
Son papa était militaire et a combattu en Indochine. Il a reçu la distinction d’Officier de la Légion d’honneur. A 9 ans, il voit le film « Torpilles sous l’Atlantique » avec Robert Mitchum et Curt Jurgens. « Je veux être sous-marinier et je veux travailler dans les sonars. » Il s’engage à 18 ans et part faire ses classes à Cherbourg. Mais on ne devient pas oreille d’or d’un simple claquement de doigts. C’est au départ cinq ans de formation et une formation continue tout au long de la carrière. C’est le casque 8h/jour. C’est l’interlocuteur direct du commandant.
« Être sous-marinier implique avoir l’esprit de corps. Le mot famille n’est pas un vain mot. La plus longue plongée à laquelle j’ai participé a duré 105 jours, cela dans un espace réduit. Cela peut être stressant.
L’oreille d’or travaille sur les sonars passifs. Nous écoutons et devons classifier tous les bruits de la mer. Chaque bateau a son propre bruit. Sous l’eau, on entend tout. Savez-vous que le bruit sous l’eau est cinq fois plus rapide qu’en surface ? Encore aujourd’hui la machine ne remplace pas l’oreille humaine. »
La peur
« Oui, bien sûr. Une fois, un porte-container est passé juste au-dessus de nous. Il faut savoir qu’il y a une zone d’ombre. Une autre fois en rentrant de Lisbonne, nous naviguions en surface. A 2h du matin, une vague de 9m a fait descendre le sous-marin de 23m en quelque secondes. »
En surface, car il a quitté le monde sous-marin pour celui de la surface en 2009, il naviguait sur des frégates. En Lybie, ils se sont fait tirer dessus.
Piou a exercé en majorité sur des Sous-Marins Nucléaires Lanceurs d’Engins (SNLE), tels le Redoutable, le Triomphant ou encore le Vigilant. Parmi les bâtiments de surface, citons la Frégate de Défense Aérienne (FDA), chevalier Paul.
Et si c’était à refaire ?
« Je n’ai aucun regret, au contraire ! Je referai la même chose. »
Prochainement Pilou va s’envoler pour le Mexique « pour voir un pote », ancien sous-marinier. La famille, ça ne s’oublie pas.



