La Présidente de Région Carole Delga à la rencontre des citoyens ce 5 juin jour de marché à Saint-Gaudens. Quelques échanges avec le public !
L’exercice est difficile dans le contexte de défiance de plus en plus audible des populations vis-à-vis de la classe politique et la séduction qu’exercent les idées courtes assidument distillées du côté de la droite extrême. Mais dans cette matinée printanière l’ambiance joviale du marché semblait se confirmer dans le sourire offert en préambule des contacts citoyens par la Présidente de Région.
Ce fut notamment le cas lorsque des personnes du collectif CSU (Cagire Sans Usine) sont venues lui offrir un pot contenant un jeune tilleul. L’instant était aimable et Carole Delga semblait surprise : « C’est pour moi ? ». Elle reçu avec ce même sourire le présent : « Nous venons vous offrir ce petit tilleul comme un symbole de paix, celui de tous les arbres que nous défendons. Il est et a grandi au Cap d’Arbon à Estadens ! ». Après un exposé de la démarche du Colletif, elle enchaina promptement : « Cette zone d’activités existe depuis longtemps. Je n’ai pas les dates en tête. Je ne suis pas trop au courant. En tout cas, la Région n’a rien à voir avec ce projet. Il faut voir avec la communauté de communes. Avez-vous rencontré François Arcangeli ? ». Une lettre remise en main propre demandait précisément un entretien avec la Présidente sur le sujet de l’usine Cimaj.
Avec l’exposé du refus de la commission d’enquête publique de valider la Charte du Parc Naturel Régional Comminges Barousse Pyrénées, le visage de la Présidente s’est obscurci : « La commission du PNR fait valoir des arguments fallacieux ». Elle dit attendre les remarques du ministère de l’Environnement et qu’elle en tiendra compte, poursuivant péremptoire : « De toute façon la charte d’aujourd’hui n’a aucune valeur juridique. Le PNR n’existera que dans un an, et la charte existera quand le PNR ouvrira. Pas avant ! ». Alors qu’il lui est demandé de citer un exemple d’argument fallacieux, elle énonce : « Dire que la Région n’a pas voulu prolonger le délai de l’enquête en raison des élections municipales. C’est faux ! ». A la question de savoir si l’usine Cimaj aurait reçue une subvention de la Région : « La Région ne donne aucune subvention à cette usine ».
La tonalité de l’échange est montée en pression sur la question de la place d’une usine au Cap d’Arbon, la route touristique du Cagire. La dame au tilleul d’évoquer : « Ce monument industriel pour six emplois, et tant de projets touristiques de valorisation du territoire impactés par la circulation des camions comme du bruit industriel et de sa laideur ! ». La réponse a fusé comme l’éclair : « Oui, mais les emplois dans le tourisme sont saisonniers et précaires ! ». Une autre personne d’intervenir : « Mais ces personnes qui accueillent les touristes vivent en permanence dans le pays, elles portent des projets, elles consomment, elles maintiennent le tissus social local toute l’année! ».
Sur la question de la concertation publique la Présidente ajoute : « Pour ce qui est de la concertation publique, imaginez le nombre de projets que la Région met en place chaque semaine ? S’il fallait demander à chaque fois l’avis à tous les citoyens, mais il faut faire confiance aux élus ! ».
Ce qui devait arriver arriva : la question sur l’A69 s’est invitée au marché de Saint-Gaudens. Elle fut abordée sans courtoisie par une intrusion dans l’échange : « Comment pouvez-vous soutenir un tel projet ? ». Sur la même tonalité radicale, la réponse de la Présidente : « Les candidats aux nouvelles élections législatives du Tarn qui étaient contre l’A69 n’ont obtenu que 25 % des voix. C’est une minorité qui s’exprime. L’A69 est reconnu comme un projet d’intérêt national ». Une autre personne de dire : « Soixante dix pour cent des espèces du monde vivant sauvage en Europe a disparu à jamais. Il faut arrêter avec cette prédation industrielle ! Il y a un moment où la personne que vous êtes raisonne en dehors des concepts administratifs et politiques. Humainement, comment voyez vous ces gens qui s’insurgent contre l’usine du Cap d’Arbon ?».
La discussion s’est achevée sur la divergence inconciliable entre la vision d’une décroissance nécessaire et la notion de solutions écologiques dans le cadre d’une croissance technologie maitrisée et respectueuse de l’environnement. Laissant la place à d’autres personnes, la discussion c’est poursuivie un peu plus loin: « Dire la fabrique de buches densifiées comme étant vertueuses, fabriquées bruyamment à partir de bois prélevé localement, pour aller vendre des buches hors de prix en métropole par l’entremise de transports couteux au plan écologique, pour le seul mérite de pouvoir mettre à Portet-sur-Garonne des paquets de buches sous plastic dans le caddie, sous le prétexte que ça ne fait pas de poussière dans le salon, jusqu’où va se placer la vertu ? Toute cette laideur techno-structurelle pour ça, est-ce bien sérieux ?».



