Ce mardi 27 mai 2025, l’école d’ingénieur Icam de Toulouse a accueilli une démonstration impressionnante de quatre robots d’exploration en milieu à risque chimique, conçus par des étudiants de CPGE en sciences de l’ingénieur. Développés pour le SDIS de l’Aude, ces engins pourraient révolutionner les premières interventions des pompiers en zones dangereuses.
Claire Hevel, étudiante en 2e année de CPGE scientifique à l’ICAM, revient sur une année hors du commun. Dès les premières rencontres avec les pompiers, les élèves ont été confrontés à la réalité du terrain. « Ils nous ont vraiment expliqué les enjeux, pourquoi ces robots étaient essentiels. On a tout de suite compris qu’on allait travailler sur quelque chose d’utile, de concret », explique-t-elle. Leur mission : concevoir un robot capable de précéder une équipe de pompiers en zone sinistrée pour effectuer des relevés de gaz, détecter des zones explosives ou radioactives, cartographier les lieux et transmettre des images thermiques en temps réel.
Pour Claire et ses camarades, le défi a été autant humain que technique. Le groupe de 25 élèves dont elle faisait partie a dû apprendre à travailler en grande équipe, à gérer un projet de longue haleine avec un réel enjeu opérationnel. « L’année dernière, on faisait juste suivre une ligne blanche à un petit robot. Là, on parle d’un outil qui peut sauver des vies », dit-elle. La conception a nécessité de nombreuses recherches, de l’adaptation constante et de la persévérance. Ils ont dû s’approprier des technologies complexes, comme les caméras thermiques ou les capteurs de gaz fournis par les pompiers, tout en respectant des contraintes de poids, de coûts et d’autonomie.

Le résultat : quatre prototypes fonctionnels, chacun unique, dotés de caméras panoramiques, de capteurs ultrasons et d’une capacité de cartographie précise avec géolocalisation. Si l’objectif reste de livrer des démonstrateurs, les élèves ont aussi réfléchi à la viabilité économique de leurs créations, optimisant les coûts et anticipant une potentielle industrialisation.
L’avis des pompiers, une aide précieuse pour la reconnaissance
Pour l’adjudant-chef Stéphane Bousquet, du SDIS de l’Aude, ces robots pourraient profondément transformer la manière d’aborder les situations à risque. Dès la rédaction du cahier des charges, les pompiers avaient exprimé le besoin d’un robot capable d’intervenir en milieux complexes : environnements industriels, escaliers, passages étroits. L’un des modèles conçus par les étudiants a même été agrandi au fil du projet pour pouvoir franchir plusieurs marches à la fois, une adaptation née d’une analyse fine menée par les élèves eux-mêmes. « Travailler avec eux, c’est aussi leur laisser une grande liberté : ils n’ont pas les contraintes d’une entreprise. Et leur créativité est une vraie force », souligne-t-il.
L’un des apports majeurs de ces robots, selon lui, réside dans leur capacité à effectuer une reconnaissance immédiate. Dans une situation à risque chimique, il faut parfois plusieurs heures pour mettre en place une intervention humaine sécurisée : équipements lourds, zones de décontamination, matériel spécifique. Le robot, lui, est opérationnel en quelques minutes. Il permet d’obtenir des relevés rapides, de visualiser la zone via caméra et d’anticiper les actions à venir, tout en préservant la vie des sapeurs-pompiers. Cette capacité à agir en amont allège considérablement la charge logistique et réduit l’exposition des équipes humaines.
Enfin, l’adjudant-chef voit dans cette innovation un complément aux drones aériens déjà utilisés par les pompiers, notamment pour les feux de forêts. Les robots au sol, eux, pourraient intervenir à l’intérieur des bâtiments, là où ni l’humain ni le drone volant ne peuvent accéder sans danger. À terme, cette technologie pourrait s’inscrire pleinement dans les dispositifs de réponse aux risques technologiques majeurs.



