Gourdan-Polignan: Le déplacement de la ministre de l’Agriculture a cristallisé le désaccord

Mardi 16 décembre 2025 au matin, rond point du Bazert à Gourdan-Polignan, les agriculteurs érigent un sapin de Noël.

Au lendemain du déplacement à Toulouse de la ministre de l’agriculture, ce mardi 16 décembre les agriculteurs sont toujours sur le rond point du Bazert.

Ils ont même procédé ce mardi matin à l’érection d’un sapin de Noël, comme expression et symbole de leur détermination à s’installer dans la durée, tant que leurs attentes n’auront pas été pleinement entendues et bien comprises.

La veille, la ministre n’a pas convaincu et encore moins emporté l’adhésion des éleveurs. Vaccination d’urgence, restriction de mouvements et abattage des bêtes touchées par la dermatose, la stratégie du gouvernement demeure inchangée. Lundi, la rencontre de la ministre avec les représentants des agriculteurs a acté le désaccord sur le traitement de la crise liée à la dermatose nodulaire bovine.

«Nous sommes motivés, observe un jeune manifestant, et décidés à rester ici, à maintenir notre mode d’action. On s’organise pour se relayer jour et nuit». Ils sont quelques 150 à être ainsi présents, à tour de rôle pour se donner le temps de retourner sur leur exploitation et assurer les travaux quotidiens.

«Nous sommes tous là pour arriver à vivre, poursuit Julien Dassieu, président des Jeunes agriculteurs du Comminges et agriculteur aux Toureilles. C’est malheureux de constater que l’on est obligé de mendier des aides pour nos métiers qui nourrissent les gens. On ne devrait pas en avoir besoin. Tous les agriculteurs du pays préfèreraient ne pas avoir d’aides PAC, et que leurs produits soient plus valorisés de manière à pouvoir vivre de leur activité».

Un jeune agriculteur observe «ils réglementent, et ils nous disent vous n’avez rien à dire puisqu’on vous aide. S’il n’y avait pas toutes ces réglementations, on aurait peut-être moins d’aides mais on s’en sortirait mieux».

Julien Dussieu reprend : «Madame la ministre dit à la télé que les agriculteurs ne perdent pas un centime. C’est largement faux. Ils indemnisent des bêtes 2000 ou 2500 € par tête mais pour en retrouver une bonne il faut au minimum 3500-4000 €. Je ne vois pas comment ils peuvent dire que les agriculteurs ne perdront pas un centime.

Si on a le malheur de s’opposer à leurs décision on prend 5000 € de pénalité par jour, ils suppriment la PAC, ils suppriment les aides. En fait, on est dans une dictature où l’on abat des vaches propres à la consommation.

L’agriculteur de l’Ariège avait refusé l’abattage et il avait manifesté, il a eu une amende très importante et en plus ils lui suppriment les aides PAC pendant une certaine période. On lui a arraché son cheptel, si en plus il n’a pas les subventions à hauteur de ce qu’il faudrait, je vois très mal comment il pourrait s’en sortir».

Les problématiques du monde agricoles dépassent le seul sujet de la dermatose nodulaire contagieuse. L’impasse dans laquelle se trouvent le gouvernement et les agriculteurs est le fruit toxique d’un monde politique et agricole aux multiples crises, sanitaire, mais aussi financière, économique, et sociale.

 

Julien Dassieu, agriculteur aux Toureilles.

 

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