En janvier 2024, la MHE (Maladie Hémorragique Epizootique) avait fait du rond-point du Bazert à Gourdan-Polignan, le cœur palpitant de la crise agricole en Comminges. En décembre 2025, la dermatose nodulaire bovine a redonné de la vigueur à l’expression de ce malaise qui dépasse la seule problématique d’une potentielle nouvelle épidémie.
Le déploiement inouï de force lors de l’intervention de la gendarmerie à Bordes sur Arize en Ariège a suscité émotion, inquiétude et révolte au sein du monde agricole. Les manifestations sont réapparues. Christian Puisségur, éleveur céréalier, l’affirme: «on ne lâchera pas, parce qu’on est mal barrés. Mais on ne se laissera pas faire».
Sur le rond point du Bazert, les éleveurs présents s’expriment clairement, sans violence aucune mais avec détermination, et même par moments une émotion pudiquement contenue «on n’est pas là pour casser, mais on veut être entendus». Entendus et écoutés sur les protocoles à mettre en œuvre dans le traitement de la dermatose nodulaire bovine qui menace leur cheptel, et de fait met en danger leurs moyens d’existence, les leurs et ceux de leurs familles, jusqu’à l’avenir de leurs enfants. Il y a beaucoup de jeunes agriculteurs sur le rond-point du Bazert.
Christian Puisségur interroge, une fois les troupeaux abattus, «comment vont vivre les éleveurs?». Il insiste: «Comment?». L’indemnisation est outrageusement sous évaluée. Ce ne sont pas seulement les bêtes qui sont euthanasiées, mais souvent le travail, la raison d’être et aussi la passion de toute une vie, celle «d’une, voire deux générations».
Romain Brune, éleveur céréalier, invite la ministre de l’agriculture à changer de méthode: «Venez dans le Comminges, venez en Occitanie. Venez pour discuter autrement que par caméra interposée ou visioconférence. Venez, non pour voir piquer des vaches, mais pour parler avec les représentants des personnes directement concernées». La crise agricole se double d’une crise politique, de gouvernance démocratique.
Romain Brune évoque aussi la balance commerciale agroalimentaire française. Pour la première fois depuis près de 50 ans, elle s’annonce déficitaire sur l’année 2025. Une situation qui va de mal en pis, au détriment de la souveraineté alimentaire du pays. Sur le rond point du Bazert un panneau dit non à l’abattage systématique des troupeaux, mais aussi à l’accord Mercosur et au mirage de ses clauses-miroirs. La crise agricole n’est pas exclusivement franco-française. Les syndicats et des milliers d’agriculteurs européens se préparent à manifester ce jeudi 18 décembre 2025 à Bruxelles.











