Carrefour du Bazert, ce samedi 13 décembre 2025, les paysans commingeois, parmi lesquels une forte majorité de jeunes agriculteurs, stoppent la circulation, avec un mot d’ordre, on ne passe pas! Blocage total déterminé pour une durée indéterminée.
Les tracteurs encerclent le rond point. Les automobiles et camions en provenance de Gourdan-Polignan, de Luchon et de Saint-Gaudens n’ont pas d’autre solution que de faire demi-tour, en quête de détour par des petites routes adjacentes. Le climat est serein, mais dès qu’une ambulance ou une voiture de pompiers est en approche, la tension monte, la mobilisation est immédiate et générale pour ré-ouvrir la voie et laisser passer les véhicules concernés.
Christian Puissegur, agriculteur montréjeaulais, 59 ans, délivre avec détermination un discours clair: «dans le monde agricole nous ne travaillons pas 24h sur 24, mais bien 7 jours sur 7. Je travaille depuis l’âge de 14 ans. Je connais très bien le monde agricole. Il y a des moments où l’on fait 20h de travail dans la journée, on se crève.
Un agriculteur travaille plus de 40 ans. Vous devez savoir qu’un agriculteur nait pauvre et crève pauvre. Les exploitations sont reprises par les enfants. Quand l’agriculteur vend son exploitation, il en donne 40% à l’État. C’est comme si l’on devait travailler sans être payés.
Nous ne voulions pas de la PAC (politique Agricole Commune). Nous ne sommes pas des mendiants. Que l’on nous paye notre produit, notre travail.
Si, en plus, on nous supprime notre outil de travail, comme dans l’Ariège où un élevage de 220 bêtes a été abattu. Ce matin, un élevage de 40 têtes a été décimé à Touille. Comment vont vivre les éleveurs ? Comment? On va leur donner 1 000 € par vache, le reste on ne sait pas comment ni quand.
Une vache contaminée est certes contagieuse. Elle reste positive 15 jours. On la met en quarantaine ; on met le troupeau en quarantaine s’il le faut ; mais on n’abat pas un troupeau entier.
Il y a 10 ans que la maladie est connue. Dans les pays étrangers, seules les bêtes contaminées sont tuées, pas les troupeaux entiers, et on laisse vivre les agriculteurs.
Aujourd’hui, nous sommes là pour défendre tous les éleveurs. Quelle que soit la grandeur de l’exploitation, on la défend et on veut défendre tout le monde, les patrons et les salariés. Aujourd’hui, tant que le gouvernement et notre ministre n’auront pas dit «on vaccine sur toute la France, toutes les bêtes et on arrête d’abattre systématiquement des troupeaux entiers», on ne bougera pas.
Il y a 50 ans, le Comminges comptait 5 000 fermes. Il en reste 1200. Les terres sont toujours cultivées, propres. Nous sommes dans un beau pays, la France, dans une très belle région, très préservée, Midi-Pyrénées. Et aujourd’hui, on est en train de nous abattre, d’éteindre le monde agricole.
Cela fait 43 ans que je suis agriculteur, c’est le plus beau métier sur la terre. Je suis fier d’être agriculteur et je le resterai».
Christian Puissegur, ses compagnes et ses compagnons de combat, commingeois cœurs fidèles à leur terre.













