Tribunal de Saint-Gaudens : Quand la gendarmerie sort les grands moyens

Des témoins réactifs.

Le 19 août dernier, courant après midi, plusieurs témoins dont une habitante de Saint-Michel près de Cazères relèvent le comportement suspect du conducteur d’un fourgon Trafic blanc. Après avoir arpenté lentement les chemins avoisinants par de multiples aller et retour et marches arrières, il stoppe son véhicule devant un bungalow. Une remorque sommairement attelée se décroche et chute dans le fossé. Quatre individus descendent du véhicule et tentent de la déplacer pour l’atteler. Dès qu’ils sont repérés, par la Saint-Micheloise, tous remontent précipitamment dans le fourgon et prennent la fuite. Cette dernière informe les gendarmes. Un dispositif d’envergure est mis en place par les forces de l’ordre qui utilisent les grands moyens.

Repérés par l’hélicoptère de la gendarmerie.

Un hélicoptère réquisitionné remarque et localise le véhicule. Trois occupants en descendent rapidement et se réfugient dans la nature. Ils seront interpellés peu de temps après s’être cachés dans un buisson. Le conducteur, *William, 43 ans est interpellé à Couladère. Au delà du vol de remorque, les gendarmes relèvent une récidive de conduite sans permis. Extrait de la prison de Seysses où il purge une peine pour recel de vol, William comparait dans le box des prévenus. C’est un vieux routier avec 17 condamnations à son casier judiciaire.

Le prévenu noie le poisson.

« Je ne suis pas au courant. Je n’y suis pour rien dans cette affaire. J’étais en train d’uriner. Je suis toujours accusé à tort ».  Les trois complices mineurs seront jugés dans une autre juridiction. Au cours de leur audition, l’un d’eux reconnaît qu’ils étaient à l’affût d’une remorque : « Il y avait une commande pour trouver une remorque. Le problème c’est que l’on n’avait pas de crochet d’attelage. La remorque attachée avec une sangle s’est décroché et a chuté dans le fossé ». William questionné répond du tac au tac : « Je cherchais un ami, il s’appelle Basta, c’est un fils de diplomate d’où une conduite lente et différentes manœuvres. Mais je ne l’ai pas trouvé. Il a des motos, je conduisais les jeunes chez cet ami pour faire du motocross ».

Ces explications alambiquées sont loin de convaincre la présidente qui s’agace de voir le prévenu nier des faits délictuels appuyés par des éléments probants. Puis la présidente évoque la conduite sans permis en récidive. Elle questionne : « Vous ne pouviez pas conduire votre permis vous a été retiré ». « Je suis bien obligé pour aller au travail », renchérit William. « Mais ce jour là vous n’alliez pas au travail », rétorque la juge qui commence à perdre patience. La victime présente à la barre confirme le vol et demande réparation du préjudice : « La plaque d’immatriculation a été arrachée et la remorque a été dégradée, lancée en contre bas du fossé lorsqu’ils ont pris la fuite ». Pour le parquet, la procureur courroucée insiste: « Vos dénégations ne tiennent pas la route ». Elle requiert une peine de prison ferme de 4 mois.

Quatre mois ferme.

Maître Etienne Mouniélou, conseil de William adopte une ligne de défense jouant sur l’idiotie d’un éventuel maraudeur qui n’aurait pas l’équipement adapté, à savoir de boule d’attelage pour dérober une remorque. L’avocat plaide la relaxe. Le tribunal se retire pour délibérer. Le prévenu est condamné à 4 mois de prison ferme. Il devra régler 700€ à la victime. William quitte le box se lamentant sur le sort qu’il vit en prison : « Encore quatre mois !!! Alors que je vis un véritable calvaire à Seysses ».

(*prénom changé)

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