Course à pied, un autre Nicolas

De mémoire de spécialiste, on n’a jamais vu en Comminges un coureur doté d’un tel talent. Nicolas Fernandez est une machine, une machine à gagner. Le jeune homme s’est pourtant confiné tout seul chez lui pendant quatre ans, la résultante d’une grosse bêtise. Il a payé cher. Mais ce qui ne l’a pas tué l’a rendu encore plus fort. Il n’a rien perdu de son talent.

Pour son grand retour à la compétition, dimanche, Nicolas Fernandez a largement dominé les dix kilomètres de Blagnac en s’imposant sans contestation possible.

Né en 1986, pur Commingeois, Nicolas Fernandez a été élevé dans l’insouciance et la gentillesse des siens. Le gamin n’était guère fortiche à l’école mais on le devinait talentueux en éducation physique. Il s’est alors inscrit à l’athlétisme à l’âge de huit ans et il s’y est révélé. Alors entraîneur président du Stade Saint-Gaudinois, Jean-Louis Duteil décelait en lui un futur champion de demi-fond. Jean-Louis l’a pris sous son aile, il l’a formé, lui a appris les gammes, stylisé sa foulée. Adolescent, le gamin fréquentait bien plus les pistes de stade que la bibliothèque. Aux entraînements, il côtoyait ses aînés, adeptes de courses de fond, avec qui il s’est acoquiné. Influencé, le cadet s’est alors inscrit à un premier 10 kilomètres, à Luchon, en 2003. Et il a gagné. Là il a trouvé sa voie : il est devenu un excellent coureur de fond.

Affichant une ténacité et une ardeur peu communes pour être sans cesse le meilleur, le jeune homme a très vite gravi les étapes qui l’ont  conduit aux plus beaux titres. La course à pied est devenue sa passion. Week-end après week-end, le Commingeois a enchainé les compétitions. Il a gagné, gagné encore. Il s’est montré impétueux et irrésistible. Sa renommée à la hauteur de son talent, Nicolas Fernandez est sacré en 2012 champion de France de semi-marathon, une juste consécration,

Mais la gloire a ses revers. Le champion a négligé la qualité de ses entraînements. Il a continué de gagner mais il a aussi suscité des jalousies. La machine de course a tourné à plein rendement pendant 12 ans. Fatigué, Nicolas se blesse sans pouvoir se permettre une baisse de régime. Pour y pallier, en décembre 2016, il fait la bêtise, la bêtise de sa vie. Il a usé d’expédients illicites. Que celui qui n’a jamais pêché lui jette la première pierre. Il est désarçonné, jeté à terre, roulé dans la boue par les instances, par le milieu, par la presse, par la justice. Une vie détruite pour une tricherie ponctuelle, un geste certes irresponsable, une faiblesse irréfléchie. Le verdict est sans appel, quatre années de suspension. Cela a été le prix à payer. Aujourd’hui, il souhaiterait ne plus en entendre parler, la page est tournée. « Je suis un nouveau coureur, venu de nulle part, personne ne me connait. »

Pendant quatre ans confiné, le champion n’a cessé de courir. A force d’entraînements répétitifs l’homme a gardé à 35 ans le même niveau de compétition. A en juger, les chronos que le garçon est toujours capable d’enchainer, il est fort à parier que son retour va faire couler beaucoup d’encre. Nicolas a purgé sa peine, il sait ce que cela lui a coûté. Il mérite une nouvelle chance. C’est un autre homme qui a gagné le dix kilomètres de Blagnac.

 

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Une réponse

  1. Je reste ferme sur le fait que tout athlète pris pour dopage devrait être banni à vie, point barre. On pourra me parler d’erreurs de jeunesse, de donner une deuxième chance… je pourrais être d’accord avec ça mais il y a un problème majeur. On pense aujourd’hui que certains produits dopants offre un avantage sur le long terme et pas juste pendant la période ou un athlète s’est dopé ! Ce qui pourrait expliquer ;es cas d’athlètes qui reviennent aussi / plus fort qu’avant leur suspension ? À moins qu’ils se soient à nouveau dopé évidemment !

    Bref, si le dopage permet de faire progresser certaines caractéristiques physiques et que cela reste dans le futur… alors tour athlète qui s’est dopé aura un avantage à vie sur ses concurrents… donc suspension à vie, un point c’est tout !

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