L’Abbaye de Bonnefond résonne au son fiévreux du Rebetiko

Le 11 novembre l’Abbaye de Bonnefond a clôturé brillamment sa saison avec un concert de musique gréco-turque dans le genre Rebetiko.

Ils ont eu du mérite ces musiciens dans leur prestation qui avait pourtant bien commencé dans la tiédeur estivale de cette fin de  journée. Avec la nuit venue, l’absence de protection ne les a pas épargnés ; instruments désaccordés, l’humidité suintante sous les doigts et la lutherie, mais jusqu’à l’obscurité accomplie ils nous ont fait partager dans une belle énergie l’ivresse de leur musique, de leur talent. Le public ne s’y est pas trompé. Venus nombreux, la plupart sont demeurés jusqu’à la fin. Envoûtement de ces accents mélodiques qui évoquent les vapeurs d’opium, la sensualité à fleur de note a retenu une bonne partie du public malgré la fraîcheur de la nuit.

Ce sont « Les polisseurs de rondelles ». C’est l’histoire d’une rencontre autour d’un même goût pour le « rebetiko« . Hier honnie, cette musique envoûtante, étonnante est aujourd’hui devenue un des symboles éclatants de la culture gréco-turque. Partie il y a plus d’un siècle des bas-fonds de Constantinople, de Thessalonique ou du Pirée, elle s’est transportée dans les cabarets de New-York  durant l’entre deux guerre dans des formules semblables à la formation de ce soir là à l’abbaye de Bonnefond. Le rebetiko se situe dans la lignée de ces musiques urbaines ou rurales, expression d’une culture de classe sociale opprimée plus que de territoire, tels le flamenco ou le fado, le blues, des genres musicaux contemporains d’époques semblables apparues au début de l’ère industrielle. La passion exprimée par cette musique opère toujours, suggérant l’ivresse du Cante jondo, le chant profond. Le chant de Manupé Lassouri se situe dans ces hauteurs de la passion chantée avec une voix chaude et prenante qui traduit avec délectation ce goût de l’enivrement des mots et des sens. Le bouzouki d’Alanis Pasthis, la guitare de Bebhis Merinos, la clarinette de Fredis Merkouri, et les percussions de Lefteris Berlys contribuent avec ce même élan généreux à nous emporter musicalement dans ces territoires clandestins. Un vrai bonheur dans cette envie que ça ne s’arrête pas dans l’envoûtement de la nuit.

Leur dernière rondelle est disponible avec ces huit titres où se mêlent l’humour, l’amour et la passion des substances qui éloignent des rigueurs des temps « Dans les bas fonds odorés ».

« Les polisseurs de rondelles » Musiques franco-gréco-turques

Les polisseurs de rondelles @ Alanis 65100 Home

 

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