En 1534 Gargantua raconte comment faire face à la pénurie de papier cul. Grossier mais désopilant et d’actualité!

Depuis le début de la pandémie, il est constat que chacun peut faire. Tout le monde se rut sur le papier cul au point qu’une pénurie fut constatée obligeant les uns ou les autres à se torcher le derrière avec ingéniosité. En 1534 alors que le coronavirus n’était point né François Rabelais raconte dans Garguanta la suite de longues et minutieuses recherches, d’un moyen de se torcher le cul. C’est le plus seigneurial, le plus excellent et le plus efficace qu’on ait jamais vu.

Grossier, très grossier parfois mais une œuvre célèbre de la littérature française qui nous engage à partager le papier toilettes entre confinés en ne constituant pas des stocks inutiles ! Alors ne gâchons pas notre plaisir en ce début du 6° jour de confinement et que les prudes s’abstenassent de lire une telle prose dégueulasse !

François RABELAIS, Gargantua, chapitre 13

Comment Grandgousier reconnut à l’invention d’un torche-cul la merveilleuse intelligence de Gargantua.

Extrait

– J’ai découvert, répondit Gargantua, à la suite de longues et minutieuses recherches, un moyen de me torcher le cul. C’est le plus seigneurial, le plus excellent et le plus efficace qu’on ait jamais vu.

– Quel est-il ? dit Grandgousier.

C’est ce que je vais vous raconter à présent, dit Gargantua.
Une fois, je me suis torché avec le cache-nez de velours d’une demoiselle, ce que je trouvai bon, vu que sa douceur soyeuse me procura une bien grande volupté au fondement ; une autre fois avec un chaperon de la même et le résultat fut identique ; une autre fois avec un cache-col ; une autre fois avec des cache-oreilles de satin de couleur vive, mais les dorures d’un tas de saloperies de perlettes qui l’ornaient m’écorchèrent tout le derrière.

Que le feu Saint-Antoine brûle le trou du cul à l’orfèvre qui les a faites et à la demoiselle qui les portait.
« Ce mal me passa lorsque je me torchai avec un bonnet de page, bien emplumé à la Suisse.
« Puis, alors que je fientais derrière un buisson, je trouvai un chat de mars et m’en torchai, mais ses griffes m’ulcérèrent tout le périnée.
« Ce dont je me guéris le lendemain en me torchant avec les gants de ma mère, bien parfumés de berga-motte.

« Puis je me torchai avec de la sauge, du fenouil, de l’aneth, de la marjolaine, des roses, des feuilles de courges, de choux, de bettes, de vigne, de guimauve, de bouillon-blanc (c’est l’écarlate au cul), de laitue et des feuilles d’épinards (tout ça m’a fait une belle jambe !), avec de la mercuriale, de la persicaire, des orties, de la consoude, mais j’en caguai du sang comme un Lombard, ce dont je fus guéri en me torchant avec ma braguette.
« Puis je me torchai avec les draps, les couvertures, les rideaux, avec un coussin, une carpette, un tapis de jeu, un torchon, une serviette, un mouchoir, un peignoir ; tout cela me procura plus de plaisir que n’en ont les galeux quand on les étrille.

C’est bien, dit Grandgousier, mais quel torche-cul trouvas-tu le meilleur ?

J’y arrivais, dit Gargantua ; vous en saurez bientôt le fin mot.

Je me torchai avec du foin, de la paille, de la bauduffe, de la bourre, de la laine, du papier.
Mais Toujours laisse aux couilles une amorce Qui son cul sale de papier torche.

– Quoi ! dit Grandgousier, mon petit couillon, t’attaches-tu au pot, vu que tu fais déjà des vers ?
– Oui-da, mon roi, répondit Gargantua, je rime tant et plus et en rimant souvent je m’enrhume.

…/…

*Après,* dit Gargantua, je me torchai avec un couvre-chef, un oreiller, une pantoufle, une gibecière, un panier (mais quel peu agréable torche-cul !), puis avec un chapeau. Remarquez que parmi les chapeaux, les uns sont de feutre rasé, d’autres à poil, d’autres de velours, d’autres de taffetas.

Le meilleur d’entre tous, c’est celui à poil, car il absterge excellemment la matière fécale. Puis je me torchai avec une poule, un coq, un poulet, la peau d’un veau, un lièvre, un pigeon, un cormoran, un sac d’avocat, une cagoule, une coiffe, un leurre.

– *Mais pour conclure**,*

*je dis et je maintiens qu’il n’y a pas de meilleur torche-cul qu’un oison bien duveteux, pourvu qu’on lui tienne la tête entre les jambes.Croyez-m’en sur l’honneur, vous ressentez au trou du cul une volupté mirifique, tant à cause de la douceur de ce duvet qu’à cause de la bonne chaleur de l’oison

qui se communique facilement du boyau du cul et des autres intestins jusqu’à se transmettre à la région du cœur et à celle du cerveau. Ne croyez pas que la béatitude des héros et des demi-dieux qui sont aux Champs Élysée tienne à leur asphodèle, à leur ambroisie ou à leur nectar comme disent

les vieilles de par ici. Elle tient, selon mon opinion, à ce qu’ils se torchent le cul avec un oison ; c’est aussi l’opinion de Maître Jean d’Écosse. »*

*Comme quoi, des solutions existent depuis longtemps !*

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