La police au ban des accusés : Comment a-t-on pu en arriver là ?

Depuis des mois, les réseaux sociaux inondent la toile de vidéos montrant ce que l’on peut appeler des violences policières illégitimes par opposition aux « violences légitimes » défendues par le ministre de l’intérieur et le président de la République. Circulez il y n’y a rien à voir, la violence vient des manifestants et la police a tous les droits.

Inlassablement et jusqu’à l’écoeurement parfois ce nouveau mode de communication, que plus personne ne peut ignorer maintenant, est venu remplacer des médias de grande écoute quelque peu frileux sur l’analyse du sujet. Malgré les morts, le nombre incroyable de mutilés, de blessés graves, de présentations de vidéos sans aucune équivoque sur des violences policière inacceptables, de mises en garde de l’ONU et d’autres organismes internationaux, le pouvoir politique s’est tu cautionnant ainsi des pratiques déviantes d’une éthique et d’une déontologie qui avaient disparu des radars républicains. Sans se lasser et pourtant il y avait de quoi, des organismes comme la ligue des droits de l’homme ont dénoncé ces abus qui mettent en danger les fondements de la République et les libertés individuelles gravées dans la table de la Loi « Constitution ».

Prisonnier du sur-emploi des forces de l’ordre montrant des signes de fatigue physique et morale qui pouvaient faire craindre le pire, victime du chantage des syndicats de police qui menaçaient de tout et de rien si il n’était soutenu contre vents et marées fussent-elles nauséabondes, englué dans quelques arrières pensées politiciennes, le pouvoir politique n’a pas joué son rôle de contrôle des règles indispensable en démocratie. Les tribunaux sont donc restés vides. Des prévenus appartenant aux forces de l’ordre ont bénéficié de classement sans suite évitant ainsi une mutinerie policière clairement annoncée si de tels jugements devaient se produire. En revanche, avec un classique deux poids deux mesures, pendant ce temps là, des condamnations parfois très lourdes sont tombées à l’encontre de manifestants… Que dire des gardes à vues, en veux tu en voilà, qui ont été mises en œuvre parfois avec beaucoup de légèreté et d’opportunisme.

Entre temps, le directeur de la gendarmerie nationale a fait valoir ses droits à la retraite, suivi quelques semaines plus tard par le directeur de la police nationale avec une concomitance troublante.

Pressée par une opinion publique qui s’est enfin réveillée en pesant dorénavant de tout son poids, par des faits et des images accablantes de dérives, le ministre de l’intérieur puis le président de la République ont réagi renvoyant les policiers à plus d’éthique et de déontologie. Des réactions ne se sont pas fait attendre : « un «lâchage» selon Linda Kebbab, déléguée nationale d’Unité SGP police FO, le syndicat majoritaire. «On aurait aimé, lors de ses vœux, que le ministre pense aux policiers qui ont assuré la pérennité de ce gouvernement, fulmine-t-elle. Mais il préfère s’offrir un répit médiatique avant la campagne des municipales.» Même amertume chez Frédéric Lagache, délégué général d’Alliance, qui dénonce un «changement de cap subit».

Nombre d’observateurs indiquent que le volte face du pouvoir politique arrive trop tard et que le ministre de l’intérieur a failli et qu’il a perdu toute crédibilité. Ces forces de l’ordre qui avaient fait l’objet d’une haie d’honneur lors des attentats à Paris se voient conspuées et mises au pilori pour des agissements qui ne peuvent être cautionnées. Qui a laissé faire cela ?

La République a besoin d’une police exemplaire, il est urgent que les choses changent. Le droit à manifester est un droit fondamental et les citoyens ne doivent plus avoir peur des forces de l’ordre pour se rendre à une manifestation.

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