L’art de réunir les contraires

Débattre n’est pas simple, communiquer non plus ! Pourtant, notre vie sociale, notre équilibre intellectuel et psychique, notre enrichissement culturel, exigent une relation soutenue avec autrui. L’importance de cette relation, pose la façon de la conduire. La relation pérenne nécessite des postures, des attitudes et des mots qui favorisent le plaisir et la recherche de la rencontre. Aussi, je vous propose un voyage surprenant entre le ET, et le MAIS dont l’utilisation incontrôlée peut nuire à la sérénité des personnes et à la pertinence des effets recherchés.

Je propose aux lecteurs de nous inspirer d’une démarche ( le principe des 6 natures ) que j’adapte à la réflexion que nous conduisons ensemble, de façon à la rendre compatible avec le projet qui est le notre. Nous, humains du 21ième siècle, revendiquons le droit que soient respectés 5 principes desquels dépendent nos équilibres et l’appétence à nous confronter à la différence et au complexe.

  • Le premier que nous évoquons est celui que je nommerai le principe de créativité c.à d. la liberté de faire reconnaître son unicité, son originalité, sa singularité, portées par des idées qui nous appartiennent sans que cela fasse l’objet d’une dévalorisation, d’un rejet ou d’une brimade. S’ il nous faut admettre que l’autre puisse ne pas partager notre façon de voir encore sommes nous en droit de lui demander de respecter cette façon de voir. Quand cela n’est pas le cas, la relation dégénère et ce qui était confrontation d’idées va devenir affrontement des personnes.
  • Le deuxième qui conditionne « l’intimité », l’envie de partager, est le principe de proximité. Le moteur puissant de l’énergie et de l’engagement passe par le plaisir ; plaisir de se rencontrer, plaisir d’échanger, plaisir de découvrir etc.. Cette dynamique ne peut naître que d’ un partage authentique d’idées et d’émotions qui naît de la confiance et de l’intimité. Si ces dernières se dégradent l’authenticité cède la place à la courtoisie, la stratégie ou la rupture.
  • Le troisième, qui touche à notre image et donc à notre ego, s’inscrit comme le principe de la reconnaissance. De la part des groupes auxquels nous appartenons, des personnes qui nous sont proches et celles que nous estimons, nous attendons des signes en retour qui nous permettent de nous sentir intégrés et reconnus. La relation qui s’établit avec autrui devra faire en sorte que la confusion ne s’installe pas, notamment le risque de percevoir à des niveaux différents les réponses formulées lors de l’échange. Par exemple, si je dis à mon interlocuteur je ne partage pas votre façon de voir, qu’entend il réellement ? Prend il ma réponse pour un désaccord avec ses idées OU suppose t il que sa personne m’insupporte ? Selon sa perception notre relation risque de se fourvoyer et d’aboutir à une impasse !
  • Le quatrième s’adresse à la position que nous adoptons face aux événements de la vie. Il s’agit du principe gagnant/gagnant qui établit que pour que l’autre « gagne » et que je gagne avec lui, il faut que mon comportement vis à vis de lui et de moi, soit un comportement qui valorise le gain réciproque et la recherche de la valeur de chacun. Ce principe demande écoute, empathie, calme et sérénité. La posture et la gestuelle, dont nous pourrons nous entretenir une autre fois, revêtent une importance majeure. L’apparence et la maîtrise de soi sont de vrais atouts dans la dynamique de ce principe.
  • Le cinquième et dernier principe vient enrichir les quatre autres. Il pourrait même être considéré comme la résultante des précédents. Nous l’appellerons le principe de synergie. La synergie c’est cet instant où les énergies se rassemblent pour s’associer et se renforcer au profit d’un but partagé qui transcende les esprits et les émotions. C’est dans la capacité à générer de la synergie que les bons communicants se reconnaissent.

Fort de cette rapide réflexion sur les 5 principes, examinons l’impact du ET et du MAIS sur la relation entre deux êtres. Durant les premières minutes de la mise en relation, l’observation est de mise. La découverte se veut un temps où l’apparence, les postures et les mots vont décider de la suite de la relation. Imaginons une scène où l’un des protagonistes exprime une idée et que son interlocuteur, après l’avoir laisser parler, réplique : je suis d’accord avec vous MAIS pourtant …. Ce mais risque d’être vécu comme RESTRICTIF, NON INCITATIF et donc comme niant ce qui vient d’être dit ! Si ce MAIS se reproduit dans l’échange, le risque de déformation et d’interprétation grandit. Jusqu’au moment où le personnage concerné par le MAIS répété va considérer que son vis à vis cherche, en dévalorisant ses propos, de le dévaloriser en tant que personne. Naît alors une interaction où la confusion entre le SUJET (la personne) et l’OBJET ( l’idée, la pensée, l’argument avancé, dans notre exemple) s’installe, sans que les deux personnes ne s’en parlent et donc clarifient leurs ressentis. Persister conduira à la rupture et au conflit laissant souvent dans l’incompréhension les deux interlocuteurs. Nous percevons à cet instant combien il nous appartient de manier avec discernement et subtilité l’emploi des mots car ils peuvent heurter et mettre à mal, sans que nous le voulions, les 5 principes qui déterminent notre ouverture ou notre fermeture à l’autre.

Si dans le scénario succinct que nous avons envisagé la réponse s’était parée du ET au lieu du mais, la suite de la relation put être toute différente. Comme nous le savons, le ET additionne, ajoute, prolonge, enrichit. Il ne nie pas, il reconnaît et intègre l’autre à travers ce qu’il dit, propose ou fait. Sa puissance tient dans sa capacité à faire de la différence un atout. Il associe ce qui diffère au lieu de l’isoler. Ce ET facteur puissant de motivation, de plaisir et de synergie aide à la construction d’univers relationnels sereins, recherchés et constructifs.

Il ne s’agit pas d’oublier à jamais le MAIS pour le ET mais il nous appartient de devenir conscient de l’impact de l’un et de l’autre pour apprendre à les manier avec « adresse » et discernement afin que leur complémentarité conduisent à des échanges pertinents et pérennes d’où chacun des protagonistes sorte gagnant avec l’envie de prolonger une aventure humaine, peuplée, s’ils en ont la volonté, de richesses et de force.

Jacques Montaldo

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