L’escroc de l’autoroute A64 : Aucun regret à l’encontre de ces victimes

palais de justice de Saint Gaudens

Une comparution immédiate riche en émotion

La salle d’audience était comble pour assister au procès de celui que l’on nomme « l’escroc de l’autoroute A 64 ». Les débats ont été menés avec beaucoup de justesse par la présidente de la chambre correctionnelle de Saint Gaudens. Le curriculum vitae du prévenu Lucien Castres devait nous apprendre que cet individu âgé de 45 ans, qui n’a jamais travaillé, vivait avec le montant du RSA qu’il perçoit. Il faut y ajouter celui de son épouse qui n’exerce aucune activité non plus. Aucune « perspective de carrière » qui donne peu d’espoir aux parties civiles d’être remboursé un jour !

Durant son interrogatoire Lucien Castres ne devait avoir aucun mot de compassion pour les quatorze victimes qu’il avait escroquées si ce n’est lorsque son avocate lui demanda de le faire pour éviter les foudres des juges. Une spontanéité qui laisse pantois. En revanche, le prévenu qui circule de surcroit sans permis de conduire, s’est confondu en excuses d’avoir foncé sur les gendarmes, conscient peut être que ce seul fait était certainement le plus grave et que c’est là que se jouait la gravité de la peine prononcée!

Dans ses explications, Lucien Castres faisait état qu’il faisait cela pour nourrir sa famille nombreuse et que cette manière d’opérer lui était connue depuis des années de part son entourage et qu’il n’avait rien inventé. Il reconnaît que le fait d’avoir été condamné à 3 mois de prison au mois de septembre à Agen pour les mêmes faits ne l’a pas dissuadé de continuer dans d’autres lieux.

Les parties civiles : Les douleurs d’un fils exprimées au nom de son père.

Puis vint le temps des parties civiles. Seules trois victimes avaient fait le déplacement. L’une d’elles était représentée par son fils. Christian Galy s’est ainsi approché de la barre, et après des difficultés juridiques qu’il a fallu résoudre, a été autorisé à parler au nom de son père âgé de 86 ans, malade et qui n’arrive pas à se remettre de l’escroquerie dont il a été victime.

« « Le jour des faits, mon père et par la suite ma mère ont du subir pendant plus d’une heure (la vidéo surveillance le prouve) les pressions de l’accusé qui s’est rendu jusqu’à leur domicile, isolé, en faisant du chantage à un pseudo accrochage…. Au final il leur a soustrait 530 euros…

L’accusé a exercé des pressions sur un homme qui a fait deux AVC dont le second en septembre 2015… Le mal du siècle s’est emparé de sa personne (le père) l’obligeant à subir quotidiennement un lourd traitement médical qui ne l’autorise à s’absenter de son domicile que pendant un temps très court…

Aujourd’hui je ne reconnais plus mes parents, l’état de santé de mon père ne cesse de se dégrader, ma mère ne dort plus et se trouve dans un état dépressif avancé… pour les rassurer, j’ai du faire installer des caméras de surveillance autour de leur domicile mais rien ne semble améliorer la situation…Une société de surveillance me demande 600 euros par jour pour pouvoir les tranquilliser » » Un témoignage et une voix remplie d’émotion qui bouleversa l’assistance mise à part le prévenu qui resta de marbre.

Un réquisitoire plutôt clément

Madame le Procureur de la République faisait un brillant réquisitoire à l’encontre de Lucien Castres. A la surprise générale lorsque vint le temps de fixer la quotité de la peine applicable, elle demandait à la Cour de le condamner à 6 ou 7 mois de prison dont 3 mois avec sursis et mise à l’épreuve. Un requête ressentie comme clémente par l’assistante qui émis quelques chuchotements perceptibles.

Un verdict juste et pédagogique

La Cour se retirait donc pour délibérer. A son retour le prononcé de la condamnation allait révéler quelques surprises. Allant bien au delà des réquisitions de madame le Procureur de la République, les juges de la chambre correctionnelle condamnait Lucien Castres à 12 mois d’emprisonnement dont 6 mois avec sursis avec mise à l’épreuve de 2 ans dont obligation pour les parties civiles. Dans les faits, Lucien Castres devrait rester environ 3 mois en prison soit la moitié de sa peine ferme. Il pourra y retourner faire le complément de la peine s’il ne rembourse pas les sommes accordées aux parties civiles dans un délai de 2 ans. Espérons qu’il trouve du travail pour s’acquitter de ses dettes…. L’espoir fait vivre.

Mots-clés :

Articles en relation :

Derniers articles

Ne manquez plus un article :