Le triste anniversaire des attentats des 7 et 8 janvier 2015

Que reste-t-il de « Je suis charlie »

 

Le 7 janvier 2015 vers 11 heures 30, les frères Chérif et Saïd Kouachi pénètrent dans les locaux de Charlie Hebdo qu’ils avaient préalablement repérés. Puissamment armés de kalachnikov, ils vont assassiner onze personnes dont huit membres de la rédaction réunis en salle de rédaction pour l’élaboration du numéro 1178 de Charlie Hebdo. Des assassinats de sang froid, un véritable massacre perpétrés par des fils de la République française qui avaient perdu toute notion d’humanité

Les victimes de la tuerie sont les dessinateurs Cabu, Charb, Honoré, Tignous et Wolinski,, la psychanalyste Elsa Cayat, l’économiste Bernard Maris, le policier Franck Brinsolaro qui assurait la protection de Charb, le correcteur Mustapha Ourrad, Michel Renaud, fondateur du festival « Rendez vous du carnet de voyages » invité pour l’occasion, et Frédéric Boisseau, un agent de la société Sodexo, chargé de la maintenance du bâtiment.

Un gardien de la paix, Ahmed Merabet, est tué sur le boulevard Richard Lenoir par l’un des deux criminels, au cours de leur fuite. Le bilan final est de douze personnes assassinées et de onze blessées, dont quatre grièvement.

Les deux auteurs du massacre sont tués deux jours plus tard — au nord de Paris, à Dammartin-en-Goële par les membres du GIGN qu’ils attaquaient au fusil d’assaut en sortant de l’imprimerie où ils s’étaient retranchés. Les assassins se réclamaient d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), qui revendique ensuite officiellement l’attentat.

 

Le 8 janvier 2015, Amely Coulibaly, un français proches des frères Kouachi tue par balle une policière municipale et blesse grièvement une autre personne à Montrouge. Le lendemain, il prend en otage les clients d’une supérette cashère à la porte de Vincennes à Paris et en tue quatre. Il est finalement abattu lors d’un assaut du RAID et de la BRI. Il affirmait agir au nom de l’organisation djihadiste de l’Etat islamique (Daesh) qui n’a cependant pas revendiqué son acte. En revanche ces actions ont été coordonnées avec celles des frères Kouachi.

Un effroi dans le monde entier

Le retentissement de ces événements a été considérable, aussi bien en France qu’à l’étranger. Des panneaux « je suis charlie » inondent le monde pour défendre la liberté d’expression et les valeurs républicaines Liberté, Egalité, Fraternité. Des manifestations de soutien ont lieu dans de nombreuses villes de France comme à Toulouse et dans le monde. Quarante-quatre chefs d’État et de gouvernement participent à Paris à une marche républicaine le dimanche 11 janvier 2015, qui rassemble plus d’un million et demi de personnes, tandis que sur deux journées, plus de quatre millions de Français défilent sur tout le territoire.

Que reste-t-il de tout cela ?

Dans la compassion du moment, tout le monde était unanime à dire que les choses ne seraient jamais plus comme avant. Cet élan de fraternité avait engendré tant de superlatifs. Les citoyens, tout d’abord, jurant que le « vivre ensemble » deviendrait la règle et que le mot solidarité serait élevé au grade de haute valeur citoyenne. Très rapidement l’individualisme a repris le dessus et la stigmatisation n’a pas disparu pour autant. Nos politiques de tous bords avaient dit une fois encore « qu’ils avaient compris ». Oui mais quoi ? Le débat médiocre d’une soit-disante démocratie a repris court. On a protégé un système à bout de souffle et très peu ont pris des initiatives. La laïcité pourtant ciment de la République a été rangé au fond d’un placard et les perspectives de refonder une République dans un projet émancipateur et intégrateur est resté lettre morte. Dorénavant ce sera comme avant. Et puis un jour du mois de novembre tout recommença… On nous expliqua qu’on nous avait encore compris et ont nous promis à nouveau que les choses aller changer… L’état d’urgence et le tout sécuritaire ne régleront pas les problèmes de fond. La Vérité est ailleurs…

De là où elles sont, ces victimes d’une guerre qui ne dit pas son nom, mortes pour la France, mortes pour une certaine idée de la République, que peuvent-elles penser de tout cela ? Espérons seulement qu’elles ne soient pas mortes pour rien.

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