Billet d’humeur : La vie en Bio.

Par Isabelle Prunier, journaliste

Coup de tonnerre sur la filière, juste avant les fêtes de fin d’année : certains saumons biologiques seraient plus pollués que le conventionnel et le meilleur ne serait pas le plus cher. C’est ce qui ressort d’une enquête du magazine « 60 millions de consommateurs ».

Pourtant…depuis quelque temps, on a lâché les sachets plastique, mis de côté les lyophilisés, boudé les fast-foods no good et une seule couleur prédomine, c’est le Vert. Synthèse additive du ciel et du soleil, le vert occupe toutes les gondoles et fanfaronne avec son logo Bio pour la green attitude. Alors qu’on scandait dans les années 80 les atouts fantastiques du plastic, maintenant qu’il déborde des poubelles et qu’il flotte sur l’océan, on cultive les petits papiers recyclés, le naturel sans sachet, le gustatif sans additif et les ingrédients sans colorant.

On s’est  métamorphosé en bobo-écolo dans le monde merveilleux du bio.

Le marketing s’est mis au vert, scande la bio-attitude et étiquète à tout va. On s’achète une bonne conscience, qui n’est pas à la portée de tous, on explore le label, on devient expert en la matière. Et notre quête de natural comsuption  ne s’arrête pas en si bon chemin ! On revendique les textiles biologiques, on fait la déco en bio dans les grands magasins, redonnant les lettres de noblesse à  la toile de jute, aux coquilles de noix et à l’indigo sous le regard amusé de nos grands-mères. Et côté beauté, c’est l’apogée : les petits tubes s’affichent hors de prix aux extraits de plantes et de légumes. Un gros deal pour le carotène qui  jongle entre cuisine et salle de bain.

C’est vrai qu’il y a urgence sur la belle bleue et tant mieux si un vent de conscience souffle à l’oreille des femmes et des hommes  mais il ne faut pas pour autant nous prendre pour des jambons !  Que l’on arrête de nous vendre n’importe quoi ! Qui plus est, du rêve !

Alors en cette veille de fêtes de fin d’année, cette récente enquête a au moins l’audace de mettre une petite claque au grand green marketing et confirme à ceux qui galèrent en fin de mois qu’ils pourront acheter du saumon à leur portée, sans pesticides et métaux lourds dans les discounts.

La green attitude aurait-elle deux bios, deux mesures ? On n’arrête pas le progrès ! Merci Père Noël.

« La terre n’est pas un héritage de nos parents, elle est un emprunt que nous faisons à nos enfants… »

Mots-clés :

Articles en relation :

Une réponse

  1. Tout cela est hélas fort juste. Laisser le BIO à la grande industrie, laisser le BIO entre les mains de la loi du marché et du profit,… ne mènera effectivement à rien. Si la conscience écologique, ne s’accompagne pas d’une refondation radicale de notre manière de fonctionner socialement, d’une réorganisation totale de nos rapports sociaux,… alors tout cela ne servira à rien. En l’absence d’une telle action politique, au sens noble et citoyen du terme, la grande industrie, le grand commerce, toujours à l’affût de bonnes affaires (pour eux), vont s’accaparer du BIO – ils ont commencé à le faire – et en faire ce qu’ils savent faire le mieux,… de l’argent facile. Le BIO sera dénaturé… c’est le sens de ce qui se passe avec le « saumon BIO ». Le BIO en soit n’a pas de sens, il n’a de sens que lorsqu’il est intégré dans une logique de refondation sociale. D’où l’importance de la mise en place des circuits courts, de la vente directe, de la relocalisation…Le BIO s’il est une condition nécessaire pour un avenir meilleur, n’est cependant pas la condition suffisante. La conscience citoyenne, concrète, est indispensable.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *