Au bout du conte : La création du monde

 

La création du monde c’était il y a fort longtemps. C’était peu après jadis, quand hier était demain et aujourd’hui encore à naître. Personnellement je ne sais pas ce qui s’est passé, et il me semble qu’il y a peu de monde qui connaisse la réalité :

Un créateur, Le big-bang, les frères Bogdanov… mystère

Au départ, tout n’était pas parfait, et la vie n’était pas facile. Il y avait même certaines choses qui étaient assez bizarres. Par exemple savez-vous que les hommes et les femmes étaient séparés ? oui, c’est vrai chacun chez soi et chacun pour soi. Les hommes ignoraient l’existence des femmes, et les femmes ignoraient l’existence des hommes.

Depuis le début l’existence des uns et des autres était assez semblable, il fallait vivre et pour cela se nourrir, se protéger des éléments, des animaux….

Dans un premier temps, les hommes sont devenus chasseurs et pêcheurs. Ce genre de nourriture les protégeait un peu de la famine. Avec les peaux des bêtes tuées, très grossièrement séchées au soleil, ils arrivaient à faire des vêtements très simples pour se couvrir, ils s’abritaient dans des espèces de huttes faites avec ces mêmes peaux. Ils étaient aussi courageux, besogneux, inventifs pour la création d’outils et d’instruments de chasse.

Les femmes avaient exactement les mêmes préoccupations mais les abordaient différemment, elles privilégiaient, la collecte des fruits et des légumes en les cultivant un peu. Elles savaient les conserver un moment, elles savaient tuer aussi de petits animaux.

Elles apprirent à tisser et à coudre, et donc à se vêtir d’habits plus adaptés suivant les saisons. Elles s’abritaient dans des huttes faites avec des branchages tressés et des peaux de bêtes bien tannées et cousues. Le village était construit au pied d’une caverne dans laquelle elles pouvaient se mettre à l’abri en cas de danger, mais elles étaient bien impuissantes devant les animaux plus ou moins aimables qui rodaient.

Les femmes, quand elles trouvaient des cailloux colorés c’était pour se faire des colliers pour mettre sur les robes, les hommes eux faisaient des embouts de flèches pour leurs arcs.

Avec des roseaux elles faisaient des instruments de musique, les mêmes roseaux devenaient des harpons dans la main des hommes.

Un jour, le chef des hommes qui s’appelait Jaco s’était avancé plus profondément que d’habitude dans la forêt à la poursuite d’un animal blessé. Il entendit du bruit, des gens parlaient et chantaient. Il était seul et c’est donc avec une certaine crainte qu’il s’avança vers l’endroit d’où venait ce bruit.

Là qu’elle ne fut pas sa surprise, de voir à travers les arbres des êtres assez semblables à lui et à son peuple, mais en même temps différents. Un peu plus petits que lui, un peu plus minces aussi, mais ce qui le surprenait le plus c’était que leurs cheveux semblaient propres et soyeux et non sales, et emmêlés comme les siens, mais surtout que leur visage était imberbe.

Leur voix était moins rauque et semblait infiniment plus douce. La forme de leur corps était aussi un peu différente en tout cas pour ce qu’il pouvait voir ou plutôt deviner

Et puis, il sentait un sentiment étrange l’envahir, un sentiment qu’il ne connaissait pas, il avait envie d’aller au devant de ces êtres mais il n’osait pas. Et il pensait :

  • Comme les membres de ce clan sont beaux, quels arriérés sommes-nous qui n’avons que des toits de huttes en peau mal jointes, et des vêtements en cuir brut et puant.

Il décida de rentrer vers les siens pour leur faire part de sa découverte, et de revenir plus tard avec son clan parce que… à plusieurs… Au village, il raconta son aventure et tous dirent ensemble :

  • Allons à leur rencontre, il faut les connaitre !

Pendant ce temps la femme qui présidait aux destinées du village, Nadette, lors d’une sortie, avait remarqué des traces de pieds plus grands que ses pieds. Suivant les empreintes, elle chemina longtemps et aperçut un camp de huttes basses. C’était celui des hommes. Elle les épia, puis s’en revint chez elle et dit à ses compagnes :

  • Je viens d’un lieu ou vivent des humains. Ils sont plus grands que nous. Ils semblent aussi plus forts. Ils possèdent des armes et tuent tant de gibier qu’ils ne connaissent pas la famine comme nous. Et puis je ne sais pas pourquoi ils semblent avoir quelque chose indéfinissable de plus que nous qui les rend très attirants.

Et de penser, de rêver, les hommes d’un côté et les femmes de l’autre,

Quelques temps après, les femmes virent arriver la troupe des hommes. Ils approchaient rapidement et les femmes commençaient à distinguer :

Leurs cheveux tout collés et leur barbe hirsute

Leur vêtement de peau qui même de loin sentait très fort,

Leur peau sale, leurs jambes pleines de boue.

  • Est-ce là des humains ou des bêtes ? nous ne voulons pas les rencontrer !

Et en guise d’accueil, les hommes reçurent des morceaux de bois, des cailloux, de la terre…

Les hommes dépités repartirent vers leur camp, et ils ne comprenaient pas ce qui leur arrivait.

Jaco ne comprenait pas. Nadette, avait du remord :

  • Ces humains qui sont venus jusqu’à nous, nous les recevons en leur jetant des cailloux, ce n’est pas bien, s’ils sont sales, mal habillés c’est peut être parce qu’ils ne connaissent pas les plantes qui permettent de se nettoyer, ils ne connaissent pas les techniques qui permettent de tanner les peaux… Nous devons aller les retrouver pour nous faire pardonner. Pour les approcher nous allons prendre leur apparence.

Elle réunit donc ses compagnes et elles décident de ne pas se laver de quelques jours etc…etc.

Pendant ce temps, Jaco avait lui aussi réfléchi :

  • Je suis sûr que si elles ne veulent pas de nous c’est parce que nous sommes répugnants de saleté de puanteur. Mes amis, il faut faire un effort, nous allons essayer de vivre un peu mieux, nous allons nous laver plus souvent, et nous habiller de façon plus correcte

Et au bout de quelques temps les hommes étaient devenus « présentables » mais les femmes, je ne vous raconte pas le tableau.

Et c’est juste le moment qu’elles choisissent pour venir rencontrer les hommes dans leur village et bien sûr les hommes les reçurent très mal….

Après quelques ratés de ce style, et comme chaque groupe avait grande envie de se rencontrer, il arriva ce qui devait arriver, et les deux troupes trouvèrent quand même le moyen de se retrouver dans de meilleures conditions, et donc de se parler enfin, et d’essayer de se comprendre.

Jaco et Nadette discutaient entre eux et au bout de quelques minutes,

  • Depuis que l’on parle, un sentiment nouveau m’envahit, dit Jaco

  • Je n’ai jamais connu autant de bonheur, autant de joie dans mon cœur ! dit Nadette

  • J’ai envie d’être plus prés de toi, de te toucher… si on s’écartait du groupe pour être un peu plus seul dit Jaco.

Jaco et Nadette se sont isolés dans le sous-bois. Au bout d’un long moment, ils sont revenus vers le village. Leur comportement avait changé. Ils se tenaient par la main, ils ne se quittaient pas des yeux, les cheveux un peu ébouriffés, ils avaient eu une révélation.

  • Viens dit Jaco allons dire à nos amis que les hommes et les femmes sont faits pour vivre ensemble, que nous avons trop attendu et qu’il est grand temps d’être heureux.

Ils se rendent sur la place du village, et là surprise, plus personne, pas âme qui vive, la place complètement vide. Ils ne voient rien mais ils entendent !!! des soupirs des conversations à mi voix, des petits rires qui leur on fait vite comprendre qu’il n’était pas besoin d’expliquer quoi que ce soit à leur concitoyens dans ce domaine.

Après cette journée mémorable, les hommes et les femmes décidèrent de vivre ensemble, pour le meilleur et pour… longtemps.

Les femmes apportèrent un élément qui allait se révéler très important jusqu’à nos jours. Elles avaient des espèces de petites pierres plates, teintées d’ocre, avec des points en nombre différents peints dessus. Ces pierres servaient de monnaie. Comme des pièces jaunes. C’était Nadette qui était la gardienne de la réserve de pierres et comme il fallait un nombre important de pierres puisque le village avait doublé, Jaco proposa qu’une personne assure une protection de ce petit trésor. Nadette accepta bien sûr, et c’est Dadet, le grand Dadet qui fut nommé. On l’appelait le grand Dadet parce qu’il était grand, et surtout qu’il était très fort. Dans les jeux organisés pour les fêtes il gagnait toujours à la lutte. Je peux vous dire qu’il protégea et les pierres et… Nadette à la perfection .

Le grand Dadet était tellement gentil et disponible qu’il a voulu faire partager son savoir de la lutte à tout le clan garçons et filles. Il a proposé d’apprendre aux autres à se battre, à lutter, à se contrôler à respecter un adversaire, bref à ce comporter en homme avec des valeurs qui ont encore droit de citer aujourd’hui.

Cet espace ou il enseignait les techniques de luttes et ou il faisait profiter de son expérience les jeunes il l’avait baptisé la « ludothèque »

« Ludo » qui a donné en latin « ludus » le jeu.

« thèque » ou « tèque » qui a donné plus tard en langage populaire de chez nous, coup, castanha, trucs, patàc.

Sa devise était donc, « apprendre à se défendre tout en jouant ». Les enfants et les ados du village disaient qu’ils allaient au « ludo » quand ils allaient s’entraîner. On va au ludo, on joue au ludo !

De là à penser que, bien plus tard, les Japonais ont tenu à honorer la mémoire du grand Dadet en appelant le plus connu des arts martiaux, « judo » il n’y a qu’un pas !

Je vous laisse méditer !

Par Pierre Ricard

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