Festival des théâtrales de Rieux Volvestre: L’époustouflante Christel Larrouy dans « le silence après la pluie »

L’époustouflante Christel Larrouy dans « le silence après la pluie »

 

Le silence après la pluie est une œuvre originale, spécialement créée pour le festival des théâtrales du Volvestre par Christel Larrouy, autrice et comédienne au sein de la Cie Théâtre Extensible. Elle aborde l’histoire des disparus pendant la dictature en Argentine, histoire qui lui tient à cœur.

A travers la voix de Victoria, jeune activiste née à Buenos Aires, elle nous raconte son combat pour une Argentine plus démocratique, plus libre, plus généreuse avec son peuple. Dans les années 70 la répression est si violente qu’il faut se cacher, ne jamais rester longtemps à la même adresse, changer de nom. Mais Victoria est une jeune femme si généreuse, si vivante, si libre…

« Je m’appelle Victoria. Je m’appelais Victoria. Accommodez-vous de l’utilisation du passé ou du présent, je ne sais pas moi-même si je vous parle en ce moment précis ou bien si je ne suis que l’écho d’une voix échappée d’un ailleurs indéfini, d’un espace non réel, dans un temps sans marque… Je m’appelle Victoria. J’ai disparu le 15 avril 1976 a Buenos Aires, Argentine. Il était 7h30. »

Un texte fort servi par une mise en scène originale signée Gilles Lacoste qui aime jouer à mêler des images vidéo s’incrustant sur la scène et sur le personnage lui-même. Des effets d’ une grande efficacité qui permettent au public de ressentir une autre dimension passionnelle intemporelle. De plus, le choix de jouer la pièce, d’une manière intimiste, dans une ancienne geôle de la Tourasse de Rieux Volvestre, où furent enfermés jadis de nombreux prisonniers, a rajouté à la dramaturgie de la situation : Une porte ouverte sur l’espace temps où l’émotion vous emporte tel un tourbillon.

 

Le vrai coup de coup de cœur du festival est sans aucun doute « Le silence après la pluie » de Christel Larrouy. L’ autrice puise son inspiration dans le monde qui l’entoure. Il est assez vaste et complexe pour lui donner cette nourriture essentielle à l’écriture. On se rappelle son œuvre sur les réfugiés espagnols, autre sujet parlant de la souffrance des hommes ¿Con que sueñas Diego?» qui fut un immense succès. Elle s’attache à rendre poétique ce qui ne l’est apparemment plus. « C’est une sensation unique de voir les personnages à qui on a donné naissance dans la solitude et l’angoisse, prendre vie et chair sur une scène. C’est une sorte de miracle, à chaque fois ! » nous confiait Christelle Larrouy. Lorsque l’homme est en situation extrême, elle aime à penser que la dernière chose qui lui reste est un petit bout de fil le reliant au monde. Ce petit bout de fil est le langage, il suffit de tirer dessus pour le dérouler… Un texte situé dans les 70 mais qui nous alerte que le danger n’est jamais loin et que l’histoire ne demande qu’à se répéter si l’on n’y prend garde. Le combat pour la démocratie est un combat perpétuel.

« « Il a plu ce matin la. Une pluie fraiche et apaisante. Je me suis arrêtée pour respirer ce moment précis, qui dure à peine quelques secondes, juste après l’averse. J’ai entendu une voiture s’arrêter à côte de moi, tout prés, trop prés… J’ai senti des mains m’agripper et m’entrainer de force. Ce fut le silence après la pluie. Ces quelques secondes suspendues entre deux états. Avant que le monde reparte. J’ai disparu le 15 mars 1976 à Buenos Aires, Argentine. Il était 7h30. Ce fut le silence après la pluie » ».

 

Le festival des théâtrales 2016 de Rieux fut un grand cru.

 

 

 

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