Edito spécial du « 45 mars 2016 »

Edito spécial du « 45 mars 2016 »

Tout système est appelé à disparaître un jour. L’histoire de France est jalonnée de ces changements de régimes qui semblaient pourtant indestructibles. Qui aurait dit qu’un jour les rois de France seraient détrônés ? Certainement pas les serfs qui pensaient que leurs statuts étaient perpétuels et qu’ils étaient nés pour courber l’échine.

Dans la période contemporaine des coups de boutoirs sont venus nous rappeler qu’il n’y avait pas un ordre des choses. Ce fut mai 1968 et une révolte qui fit vaciller le pouvoir, octobre 1995 où les étudiants menèrent une grève dure pendant 3 mois, mai 2002 où Jean Marie Le Pen accéda au deuxième tour de l’élection présidentielle.

Le système dans lequel nous vivons est à bout de souffle. La classe politique qui s’auto-protège ne veut pas l’entendre malgré le fait qu’ils nous disent à chaque élection qu’ils ont enfin compris ! Ils ne peuvent ou ne veulent se réformer car ce logiciel de vie leur convient. A chaque crise, nos hommes et femmes politiques font le dos rond en attendant que les choses rentrent dans l’ordre. Jusqu’à maintenant, cette technique a parfaitement fonctionné. Mais jusqu’à quand et à quel prix ?

C’est vrai que nous sommes dans un Etat démocratique et que nul ne le conteste. Mais quelle démocratie ? L’esprit des Lumières qui a inspiré la République s’est petit à petit éteint. L’esprit de solidarité d’après guerre dont parlait Stéphan Hessel dans son livre « Indignez vous » a fait place au chacun pour soi. La finance a tout abîmé et on a laissé faire. Le seul objectif est devenu le fait de s’enrichir même au détriment de l’autre. Avoir plutôt que d’être. On emploie des mots qui ont perdu leur sens.Liberté, égalité, fraternité sonnent mal et ne fédèrent plus une jeunesse en désespérance.

Alors profitant d’une Loi qu’ils considéraient comme injuste, à tort ou à raison, ils sont descendus dans la rue pour crier leur colère. Ils ont renvoyé à leur turpitude les syndicats qui se sont fait déborder jusqu’à disparaître des écrans médiatiques. « Nuit debout » est née de cette idée que le futur était sans avenir et qu’il fallait tout changer.

« Nuit debout » sera-t-elle cet élément déclenchant qui fera tout basculer ou faudra-t-il en attendre un autre qui risque d’être plus fort, plus violent, à la hauteur de cette désespérance qui grandit chaque jour davantage dans le peuple de France. Considérant que le Front National ne peut être la solution à un changement de système, ces sans-culottes des temps modernes veulent ré-inventer un monde plus juste, plus équitable, plus fraternel. Ils sont las d’une droite et d’une gauche qui n’ont plus rien à proposer. Il n’y a plus de vision, il n’y a que de la gestion quinquennale rythmée au gré des alternances qui n’en sont plus.

Nos sans-culottes occupent symboliquement la place de la République à Paris mais aussi d’autres places dans d’autres villes de France comme la place du Capitole à Toulouse. On y débat avec cette grande qualité de pouvoir écouter l’autre sans le vilipender. On invente les règles d’ un nouveau monde qui aurait du sens. Nuit Debout a passé le cap de la dénonciation, elle est déjà dans la phase proposition et construction.

Ce mouvement va-t-il s’essouffler pour le plus grand bonheur du monde politique ou est-il une lame de fond irréversible qui perdurera ? La réponse est dans l’Avenir. L’arrivée des vacances scolaires et des partielles seront un premier test.

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