Edito du 4 avril 2016

Inexorablement, nous entrons dans la campagne présidentielle avec son lot de postures, de promesses faites dont on sait qu’elles ne seront jamais tenues, de démagogies les plus sophistiquées, d’idées nauséabondes reposant sur les peurs, de démonstrations d’envie de pouvoir personnel. Le législateur, sans le vouloir, a abîmé la fonction présidentielle, ramenant le septennat à un simple quinquennat. Nous n’avions pas besoin de cela pour amplifier la défiance vis à vis du monde politique. Rappelons-nous les derniers plateaux télé, lors des résultats des élections régionales. «On a compris le messages des français et ce ne sera plus jamais comme avant».Mais comment peut-il en être autrement puisque ce sont les mêmes qui restent dans un même système qui s’auto-protège jusqu’au paroxysme. A de rares exceptions près que l’on peut apprécier au niveau local, rien n’a changé.

Les français se désespèrent tout en étant incapables, pour l’instant, de prendre leur destin en main. En guise d’héritage d’une vie, l’auteur français Stéphan Hessel avait écrit en 2010 le livre « Indignez-vous ». Un cri du cœur repris en Espagne par la création du mouvement «Podemos». En France, tout le monde souhaite voir émerger un «Podemos» mais voilà …ce leader providentiel sorti de la société civile ne réussit pas à émerger chez nous. Les femmes et les hommes politiques qui portent pourtant ces idées ne sont pas audibles car ils appartiennent à ce système dont plus personne ne veut.

De ci de là cependant naissent des mouvements citoyens. Si l’on en croit la citation, «même dans la désespérance, il y a toujours une raison d’espérer». La symbolique Place de la République à Paris voit toutes les nuits des centaines «d’engagés» crier cette désespérance afin de réveiller les consciences. Non, ce n’est pas le terrorisme qui nous détruit, c’est une économie néolibérale qui balaye tout sur son passage au profit de quelques uns, c’est un clivage des français qui tombent dans le piège de l’individualisme, qui ont perdu le sens du mot solidarité, montrant du doigt l’autre comme responsable de tous leurs maux.. Nous avons perdu le sens des valeurs, nous avons perdu nos idéaux pour avoir trop adoré le verbe «avoir». Ce transitif direct nous a conduit dans le mur. Nous ne voulons plus qu’avoir au sens de posséder et nous avons oublié le verbe «être» ou celui de «savoir être».

Il est urgent de repenser un nouveau système, un projet républicain et émancipateur pour refonder notre République.

Etre plutôt qu’avoir n’est ce pas là une des clés de notre avenir ?

Réfléchir sur les mots :

– travailler avec sa problématique des moyens d’existence ;

– fraterniser en dépassant le communautarisme pour désormais «faire ensemble» ;

– accueillir avec les questions qui, pourquoi, comment ? ;

– partager avec la notion de biens publics, de biens privés ou de biens communs ;

– rassembler en repensant la Nation, la citoyenneté, la solidarité ;

– transmettre en intégrant de nouvelles pratiques à l’ère du numérique ;

– enfin, s’unir en essayant de penser à la manière dont l’Europe peut concourir au développement de liberté, égalité, fraternité.

Tout ceci n’appartient encore qu’aux utopistes en quête de sens et qui travaillent à un avenir meilleur. La politique ne doit pas se restreindre à une gestion économique dont elle a perdu les clés. Elle doit redonner du sens à son action et donner une vision de l’Avenir à long terme.

Les projets sur 5 ans que l’on nous soumet actuellement le temps de la mandature d’un président, d’un député ou autre élu en soif de ré-élection quasi perpétuelle créent le désenchantement.

Trop d’échecs depuis 30 ans ont tué l’envie. Sachez nous ré-enchanter même si le travail promet d’être long et pénible. Nous voulons rester debout et nous montrer fiers d’être français, fiers d’être européens, fiers d’être citoyens du monde.

 

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